Le Carnet et les Instants - 198 - 2e trim. 2018 - Le Carnet et les instants 198

Sommaire

  • Édito
    La Foire du livre, et après
    Nausicaa Dewez
  • Magazine
    À la Une
    L’art de l’empathie, conversation entre Jeanne Ashbé et Geneviève Damas
    Fanny Deschamps
    Anniversaire
    La Pierre d’Alun, 35 ans à apparier avec aplomb le texte avec l’image
    Anne-Lise Remacle
    Rencontre
    Classique
    De Coster entre le rire et le cri
    Frédéric Saenen
    Bande dessinée
    La petite bédéthèque des savoirs, un travail d’experts
    Salvatore Di Bennardo
    Bibliothèques d’auteurs
    Dans l’intimité d’une bibliothèque d’écrivain… chez Christopher Gérard
    Rony Demaeseneer
    Ville littéraire
    Portait littéraire de Mons
    Guy Delhasse
    Hommage
    Alain Dartevelle ou l’élucidation inachevée du monde
    Jean Jauniaux
    Perdu de vue
    Cri. Éclats et phases (1973) de Max Loreau
    Rony Demaeseneer
    La littérature en lieux
  • Brèves
  • Bibliographie  voir web
  • Recensions  voir web


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Utiliser Wikipédia pour valoriser les langues régionales. Réflexion

On a beaucoup critiqué Wikipédia. Dès sa création, son fonctionnement a suscité des réactions indignées : cette encyclopédie est alimentée par des volontaires issus de tous horizons, qui en rédigent les entrées et établissent des relations hypertextuelles avec des données internes et externes au site. Voici le premier volet d’une réflexion à ce sujet (à suivre dans la prochaine livraison de Wallonnes).                                                                 * Les réserves furent nombreuses dès sa création en 2001, parfois à juste titre, car cette démarche laissait croire que n’importe qui pouvait y écrire n’importe quoi, sans approche critique, sans structure ni recours à des sources. Pourtant, parce qu’elle est gratuite, Wikipédia a d’emblée été une des sources d’information les plus consultées par les internautes, sur tous les sujets. En 2016, elle reste le site culturel francophone le plus consulté. Depuis 200$, les choses ont quelque peu évolué. Bien que les défauts évoqués ci-dessus n’aient pas complètement disparu, les qualités du système les ont estompés. En effet, les experts des matières les plus diverses ont cherché à s’investir, eux aussi, et ont commencé à corriger, à documenter et à certifier les informations présentées, en évoquant des sources fiables ou en citant des auteurs légitimes. La méfiance première des spécialistes a laissé place à une volonté de participation active. Par ailleurs, Wikipédia se présente comme une encyclopédie en perpétuelle évolution. Contrairement aux encyclopédies traditionnelles, l’Encyclopediae Universalis en tête, Wikipédia propose à l’internaute d’adopter une attitude coopérative. L’internaute n’est plus seulement celui qui reçoit l’information, il est aussi celui qui la valide, qui la corrige ou qui la crée. Pour cette raison, Wikipédia est beaucoup plus ouverte à des savoirs moins représentés dans les encyclopédies écrites, et notamment aux langues et aux littératures en langues régionales. En 2016, il s’avère que les versions de Wikipédia écrites en langues régionales représentent plus de 50 % du total des langues régionales. Après la version anglophone, la version catalane était, d’ailleurs, la première version créée. À l’heure actuelle, rien que pour l’espace « francophone », des versions alsacienne, basque, bretonne, corse, franco-provençale, flamande, luxembourgeoise, normande, occitane, picarde, tahitienne et wallonne sont régulièrement alimentées en informations neuves. En outre, un des modules du groupe Wikipédia, le Wiktionnaire, sorte de dictionnaire universel libre, permet une description des termes, de leur étymologie, la présence d’exemples et une comparaison des différentes variantes d’un même terme. Mis en relation avec les Wiktionnaires d’autres langues, il permet finalement une traduction automatique, toutes proportions gardées. Il me semble donc opportun de nous interroger sur le rôle que les défenseurs et les promoteurs des langues régionales seront amenés à jouer dans cette formidable entreprise participative. Plusieurs questions méthodologiques s’imposent : quel regard porter sur ce site ? Faut-il s’y impliquer ? Que retenir ? Que présenter ? Faut-il chercher à développer une version wallonne ? Comment l’organiser ? Sous quelle forme ? Quel intérêt peut avoir une présence dans la Wikipédia ? Pour cette première réflexion, je propose de nous limiter à l’introduction de présentation des langues régionales au sein de la version francophone. Nous reviendrons plus longuement sur une version wallonne. Nous reviendrons également sur les possibilités offertes par le Wiktionnaire. XX Wikipédia francophone: état des lieux Actuellement, la langue wallonne et une trentaine d’auteurs sont référencés sur la Wikipédia francophone. Pour la plupart, ces notices ne font état que d’éléments biobibliographiques simples : naissance et éventuellement décès, activité principale, listes des œuvres majeures. On notera que de nombreux dialectologues wallons sont repris : Jean Haust, Jules Feller, Louis Remacle, Maurice Piron, Élisée Legros, Jean Guillaume, Arille Carlier, Maurice Delbouille, Jules Herbillon, Albert Henry, Willy Bal, Léon Warnant... et jusqu’aux plus récents : André Goosse, Jean-Marie Pierret, Jean Germain, Daniel Droixhe, Michel Francard. Quant aux auteurs, on retrouve de grands noms de la littérature wallonne : Hubert Ora, Lambert de Ryckman, Simon de Harlez, Charles- Nicolas Simonon, Nicolas Defrêcheux, Joseph Grandgagnage, Édouard Remouchamps, Henri Simon, Eugène Gillain, Jean Lamoureux, Jacques Bertrand, Joseph Calozet, Joseph Vrindts, Georges Ista, Henri Bragard, Gabrielle Bernard, Théophile Bovy, Marcel Hicter, Géo Libbrecht, Émile Lempereur, Paul André, mais également Émile Gilliard, Julos Beaucarne, Jean-Luc Fauconnier, Guy Fontaine, André Capron. Certains projets d’éditions, comme l’Atlas linguistique de la Wallonie, et quelques institutions, comme le Musée de la vie wallonne, la Bibliothèque des dialectes de Wallonie ou la Société de langues et de littératures wallonnes y figurent également. Même si cette sélection présente des auteurs et des philologues de qualité, on regrettera que la moisson soit si maigre quand on connaît la multitude d’auteurs et de philologues wallons qui mériteraient d’être au moins cités. On s’étonne également que le théâtre wallon soit finalement très peu présent, alors qu’il s’agit de la facette la plus visible et la moins méconnue de nos langues régionales. Par ailleurs, le référencement des articles n’est pas toujours idéal et la liste d’écrivains de langue wallonne se mélange à celle des écrivains d’origine wallonne mais de langue française. Heureusement, on peut constater que la plupart des pages font référence à des sources fiables, comme l’Anthologie de la littérature wallonne de Maurice Piron ou l’Encyclopédie du Mouvement wallon, éditée par l’institut Jules Destrée. Il me semble que la simple présence de ces données nous impose au minimum un contrôle et une validation de celles-ci. Quoi qu’on en pense, Wikipédia est une des sources les plus consultées et les plus usitées. Déontologiquement, nous ne pouvons donc pas laisser des inepties ou des incorrections présentes sur cette interface. Quelles actions mener et pourquoi s’investir dans ce genre de démarche ? Il est malaisé de se lancer dans un large projet d’écriture sur Wikipédia, sans avoir reçu une formation complète à ce type de programme. En revanche, il me semble plus simple de pouvoir corriger les erreurs épinglées, simplement en modifiant les articles déjà présents. Dans tout article, il faudrait évidemment adopter une attitude d’encyclopédiste, autant que faire se peut. La majorité des superviseurs d’articles imposent la référence à des articles et des ouvrages reconnus. Les articles nouvellement créés sont relus par plusieurs personnes qui y traquent la moindre trace de militantisme ou de subjectivité. La Wikipédia francophone, bien plus que la version wallonne dont nous reparlerons, est encadrée par de nombreuses personnes volontaires qui veillent à son bon fonctionnement. Enfin, il me semble que les langues régionales ont tout intérêt à s’insérer dans ce processus international et tourné vers l’avenir. La tendance actuelle est de pouvoir disposer, via le web, de tous les savoirs, partout et tout le temps. Malheureusement, un renseignement absent de ces systèmes de référencement internationaux aura tendance à être oublié. Si Wikipédia permet d’offrir une visibilité large aux sujets qui nous tiennent à cœur, elle aura également comme fâcheuse tendance de plonger dans l’ombre tout ce qui ne s’y trouve pas référencé. [ À suivre ] © Baptiste Frankinet, 2016 NOTE 1. On n’hésitera pas à consulter Rémi Mathis, « Wikipédia comme ressource », dans Actes…

RENCONTRE: La Bellone, un outil de réflexion pour la dramaturgie. Entretien avec Mylène Lauzon

Quand elle débarque en janvier 2004 à Bruxelles, il y a plus de dix ans, Mylène Lauzon ne sait pas qu’elle postulerait un jour à la direction de La Bellone. Formée aux Études littéraires, adjointe à la direction de compagnies de danse à Montréal, elle s’intéresse à la nouvelle narrativité et au rapport texte/image. Lors d’un passage à Copenhague en 2002, où elle conçoit des soirées « Noises in the dark » en lien avec l’architecture, le son et le mouvement, elle fait un saut à Bruxelles et y noue des liens avec le dessinateur Thierry van Hasselt. Celui-ci la met en contact avec Karine Ponties. Les saisons passent, les deux femmes se retrouvent à Montréal. Là, Karine lui propose de travailler un an à Bruxelles sur la dramaturgie et le développement de sa compagnie Dame de Pic. Le sommet de leur collaboration sera Holeulone, en 2006, spectacle pour lequel Mylène écrit aussi des textes. On retrouve ensuite la Québécoise à Mons, au Centre des Écritures contemporaines et numériques 1 . Elle y est adjointe à la direction, « en somme, responsable de tout », c’est-à-dire des formations, des résidences, des festivals et de la gestion d’équipe. « Ma répétition générale avant la Bellone », reconnait-elle dans un rire. Mylène a aussi été danseuse en France en 2007 et 2009 et performeuse pour Sarah Vanhée à Bruxelles. De son aveu « une expérience indispensable pour comprendre de l’intérieur » les métiers de la scène. Au final, elle aura pratiqué presque tous les métiers qui tournent autour de la création : « la moitié de mon corps est dans la création, l’autre, comme opérateur culturel ». Écrire, dit-elle Sa dernière commande littéraire remonte à une collaboration avec Anne Thuot en 2014. « Je n’ai pas écrit depuis », dit-elle, mais cela ne semble pas lui manquer. « Il y a des gens qui se définissent par leur pratique. J’ai toujours fait plein de choses, je ne me fixe pas dans une identité. J’ai d’ailleurs tout autant l’impression d’écrire en faisant de la programmation. En agençant du sens au service de la poésie. Toutes ces pratiques sont interchangeables, même si je ne m’y engage pas de la même façon. Je ne suis pas attachée aux formes. L’important est avec qui je travaille et pour qui. » Sa candidature à la direction de La Bellone marque un tournant dans son parcours, motivée par « l’envie d’avoir des responsabilités, de diriger un lieu, d’avoir un regard transversal. J’étais prête », affirme-t-elle. Elle conçoit sa mission comme un travail autour et avec « de l’humain, de l’intelligence du vivre ensemble », comme la mise à disposition « d’un bel endroit pour accueillir des gens ». Une maison d’artistes ? Quand on la questionne sur le regard qu’elle porte sur sa ville d’adoption, elle pointe avant tout le bilinguisme, moteur de tension créative et artistique. « Bruxelles est une ville où se vivent des fondements identitaires. On se définit par rapport aux autres. Ce qui engendre une vitalité. Comme Montréal, Bruxelles est traversée au quotidien par ces questions. Mais Montréal est isolé tandis que Bruxelles est au cœur de l’Europe. Il y a ici une circulation de population artistique incroyablement riche. » Cette richesse s’inscrit toutefois dans un cadre institutionnel. La Bellone a cette particularité d’avoir des représentants de la Cocof, de la Ville de Bruxelles et de la FWB au sein de son Conseil d’administration 2 . Cela entraine des missions centrées « sur l’ancrage local, sur l’ouverture et l’enregistrement de traces », via le Centre de documentation. « Toutefois, La Bellone se donne ses propres misions, insiste Mylène. Je suis actuellement sur les deux dernières années d’une convention de quatre ans. En 2017, je proposerai un nouveau projet. » En effet, après quatre années de mise en veille et de redressement financier, l’outil devait être réanimé. Sous la tutelle de Laurent Delvaux, chef de cabinet de l’échevine de la Culture de la Ville de Bruxelles, et de la directrice faisant fonction, Barbara Coeckelbergh, la Maison a dû faire un certain nombre de sacrifices afin d’assainir ses comptes. L’équipe, elle, sans projet et au futur incertain, était dans l’attente d’un élan. Et cette attente fut longue. « Même par rapport au secteur, il y reste beaucoup d’attente, voire un peu de pression. » Le projet de Direction, en effet, demande à être réfléchi. Car La Bellone reste « un outil lourd avec un petit budget artistique ». Soutenue presqu’à part égales par les trois instances à hauteur de 380.000 euros, la Maison ne réserve qu’une part minime aux accueils et aux activités artistiques. « Or, tous les artistes qui viennent travailler à La Bellone y déploient leurs efforts, leur temps et leur intelligence. Mais je n’ai ni les moyens de valoriser ce travail ni de le rendre visible. » La Bellone met actuellement à disposition des espaces dans le studio, la cour ou la galerie - le seul endroit où l’on peut diffuser des œuvres finies. L’idéal serait de pouvoir rémunérer tous ceux qui viennent travailler et partager leur savoir. « Pour l’instant je finance de la recherche fondamentale : trois semaines avec une question, sans rencontre avec le public. L’idée à terme est de communiquer sur la recherche comme service à la société. Il ne s’agit pas que d’enjeux esthétiques mais aussi politiques et sociaux. On est citoyen avant d’être artiste. » Remettre le signifiant au centre Le point névralgique de cette politique est le Centre de documentation. Ce dernier recense dans les quotidiens et les revues spécialisées tout ce qui se passe sur les plateaux, ce qui permet des recherches variées en dramaturgie. Actuellement, sa principale clientèle se compose de chercheurs universitaires en politique culturelle. « Le Centre n’est pas un service lié à un besoin de mémoire en tant que telle mais un outil de recherche en théâtre, un outil qui peut nourrir le questionnement actuel », précise Mylène. S’il stocke un volume important de papier, il faut se rappeler qu’il a été créé au moment où Internet n’existait pas. Maintenant que des plateformes multiples existent (telles que les sites des théâtres ou des méta-sites sur la production contemporaine), se pose la question du service offert à la population par le centre de documentation. « Il doit se recentrer sur des services que d’autres ne font pas, interroger son public et produire de l’analyse, des critiques sur les politiques culturelles via le web ». La Bellone deviendrait-elle un centre de discours sur le spectacle ? « Oui, mais qui permet de produire son propre discours. Ma priorité actuelle n’est pas, par exemple, de produire un spectacle d’art numérique mais plutôt d’organiser une conférence sur la culture numérique, pratique qui n’a pas encore interrogé toutes ses ramifications, que ce soit du côté de l’art ou de la neurologie. Il faut créer des états des lieux, poser la question Où en est-on dans sa pratique? afin de prendre le temps de mesurer le geste qu’on pose dans le monde. » Mylène veut remettre l’étude du signifiant au centre des préoccupations : « C’est cela qui manque à la communauté : un outil qui réfléchit à la dramaturgie. Comment fait-on pour avoir un corpus artistique signifiant ? » Des collaborations choisies En marge de ce travail, la Bellone doit-elle remplir des fonctions de défense des professions de la scène? « La Maison n’a pas vocation de représenter un corps de métier. Je suis une généraliste : elle doit rester un outil de ressources transdisciplinaires. On doit s’attacher à créer du lien et à mutualiser. Mais je ne suis pas convaincue par les fusions. Le CIFAS, le Guichet des arts, le Centre de Doc, Contredanse font chacun du bon travail. Ce qui est important, c’est que ces associations résidentes vibrent à La Bellone. Je ne crois pas aux coupoles mais…

Zanzara

Journaliste web au Soir , Frédéric – Fred – Peeters, 28 ans, est de ces types qui ont besoin de sensations fortes pour se sentir…