Auteur de L’amante
Raconter une vie aussi remplie que celle de Henri Vandeputte demanderait un volume. Né à Schaerbeek, 131, rue de Brabant, le 16 février 1877, Henri Vandeputte est le fils d'un gros commerçant en rubans de la rue Saint-Jean à Bruxelles. Ce père est en même temps un bibliophile très averti. Elevé chez les Jésuites, il commence ses études universitaires aux Facultés universitaires Saint-Louis avant de passer à l'Université libre qu'il quittera sans devenir docteur en droit. Les Facultés Saint-Louis lui ont fait comprendre que ses écrits sont trop libres : à l'époque, il venait de fonder L'art jeune (1895-1896), il allait fonder Comme il nous plaira (1897-1898) avant de fonder Tablettes (1898-1899) et de diriger L'hommage des lettres françaises à Émile Zola (1898). Il groupe sous l'étiquette «naturisme» tout un groupe d'écrivains, surtout français. Un premier mariage (1899) lui donne deux enfants; il travaille au magasin paternel, mais la passion du jeu le prend bientôt tout entier : il fait des dettes, divorce, part aux Etats-Unis (1907-1910) pour remonter la pente. Entre-temps, il a fondé Antée (1906) la revue belge d'avant-guerre la plus importante à laquelle collaboreront des écrivains aussi prestigieux que Colette, Verhaeren, Van Lerberghe, Claudel, Willy, Francis Jammes, Francis Carco, ... Adversaire de «l'âme belge», il croise la plume avec le redoutable Edmond Picard. De retour en Europe, il dirige à Paris La Revue des Français, fondée, entre autres, par Pierre de Coubertin, s'occupe de publicité, d'agences de voyages, fréquente - quand il en a le temps - Apollinaire, Modigliani et quantité de gens aussi célèbres... aujourd'hui. Après la guerre de 1914-1918, il arrive à Ostende pour assurer la gestion du Kursaal : c'est sa période la plus fastueuse; sa fonction et ses gains aux courses lui rapportent gros, très gros. Il est propriétaire, collectionneur, il se marie pour la troisième fois. Son plus grand bonheur est d'avoir une fille de ce mariage, même s'il décide bientôt de le briser.La crise des années 1930 lui est fatale : il perd son poste à Ostende; l'installation d'une galerie d'art à Anvers, la gestion passagère du casino de Namur, la gérance d'une librairie à Ostende (la ville qu'il préfère), l'installation d'une bouquinerie où il est contraint de vendre sa propre bibliothèque, ne sont que les paliers d'un déclin sans répit. Ses seules consolations sont d'écrire et de vivre avec la compagne de ses dernières années. Quelques rarissimes amis lui restent fidèles, mais ils sont vraiment peu nombreux. Le 4 avril 1952, le jour où l'INR (ancien nom de la RTBF) diffuse le dernier des entretiens qui lui ont été commandés, Henri Vandeputte meurt dans l'oubli et dans l'indifférence. NB : On trouvera ce que Vandeputte a bien voulu confier de son existence souvent mal connue dans : Henri Vandeputte et les lettres (La Flandre littéraire, 4e année, n° 5, février 1926, p. 3-23) - Entretiens radiophoniques avec Édouard Fonteyne (INR, février-avril 1952, inédits) et dans Henri Vandeputte, poète et ostendais a 70 ans (Le Phare, 2e année, n° 38, 15-16 février 1947).