La reine de Saba

À PROPOS DE L'AUTEUR
Charles Bernard

Auteur de La reine de Saba



Né à Anvers le 28 décembre 1875, Charles Bernard est élevé dans un milieu bourgeois. Son père est chimiste et s'occupe d'une société commerciale. Il effectue ses études en français à l'Athénée d'Anvers et se sent très vite attiré par les lettres. Dès 1893, il donne des poèmes à la revue L'Élan puis à L'Art jeune, qui se targue d'être à la pointe de l'avant-garde; il participe à la dissidence du Coq rouge. Inscrit en philosophie et lettres à l'Université de Bruxelles, puis à la Faculté de droit, il y fait la connaissance de Vandeputte et de Rency.

En deux ans, il publie trois plaquettes de poèmes et Lucanie, un petit drame en vers. Les deux premiers recueils datent de 1896. L'inspiration symboliste, la musicalité délicate et les visions de la nature dominent Et chanta la feuillée. Avec La Belle Douleur, Charles Bernard aborde un sujet pictural : les Primitifs flamands. La poésie rejoint déjà sa passion pour les arts. Ces vers, dédiés à Max Elskamp (avec lequel il correspondra jusqu'à la mort de l'auteur des Enluminures), à Vielé-Griffin ou à des Ombiaux sont aussi des gages d'amitié. C'est encore à Elskamp qu'il offre son troisième recueil, Aigues-marines, en 1898. Bernard est un écrivain qui soigne son style : les recherches de langage abondent, l'expression est raffinée et travaillée, la lisibilité absolue. Ce seront cependant ses derniers poèmes, le jeune auteur se consacrant désormais uniquement à la prose.

Charles Bernard va s'essayer au récit d'imagination pendant une courte période de trois ans. En 1900, paraissent des Contes bibliques, suivis d'une nouvelle en 1902, Le Festin des dieux. La même année, il publie un gros roman, La Reine de Saba, œuvre qui baigne dans un érotisme proche de celui de Pierre Louÿs dont l'Aphrodite avait provoqué des réactions en sens divers six ans auparavant. Ici s'arrête la production romanesque de Charles Bernard. Sa voie littéraire est ailleurs : dans l'essai, où il va donner toute sa mesure.

Après ses études de droit, Bernard fait carrière dans le journalisme. Il collabore à plusieurs revues, comme Le Thyrse, le Mercure de France, Antée ou Le Masque, entre à la rédaction du journal Le Matin d'Anvers. Son activité se concentre sur les arts plastiques, qui deviennent sa spécialité. En 1906, Quelques sources d'inspiration dans la peinture flamande est une courte mais brillante synthèse d'idées qu'il développera dans une étude sur Pierre Brueghel l'Ancien en 1908. Dans cette monographie, son érudition et sa capacité d'analyse éclatent. Bernard éprouve une grande admiration pour l'Italie et ses voyages dans la péninsule l'ont conforté dans sa certitude de la grandeur de l'art pictural.

En 1909, Bernard réunit une série d'articles dans Un sourire dans les pierres. Cet ouvrage est considéré comme l'un de ses meilleurs essais, au style maîtrisé, aux études fines et pénétrantes sur les peintres flamands en Italie ou sur l'art de la péninsule. Il y ajoute de poignantes réflexions sur le sens de la vie et la vanité de l'orgueil humain.

Pendant la première guerre mondiale, Bernard est en Hollande, où il fait partie de L'Écho belge. Il écrit des articles visant à soutenir le moral de la population face à l'envahisseur. Àprès le conflit, il est appelé à La Nation belge et fait partie, en 1920, de l'escorte journalistique qui entoure le roi Albert et la reine Élisabeth pendant un voyage au Brésil. Ses souvenirs font l'objet d'un ouvrage, en 1921, Où dorment les Atlantes. La même année, il accompagne les souverains en Espagne.

Dans Un exemple de volupté (1923), il promène son regard à travers la production de grands peintres, de Giotto à Bosch, et philosophe sur la mort en contemplant Le jugement dernier de Taddeo de Sienne. Mais si le critique consacre des monographies à Ernest Wynnants en 1923, à Van Dyck en 1927, comme il le fera pour Opsomer en 1947 et pour Willem Paerels en 1955, il ne craint pas de se lancer dans une polémique en faveur de la peinture moderne. En réponse à une attaque en règle de Camille Mauclair contre les nouvelles tendances dans Le Figaro, Bernard écrit un virulent article dans La Nation belge du 20 décembre 1928. Une diatribe surgit entre les deux critiques. Bernard fait paraître en 1929 Les Pompiers en délire, un ouvrage qui reproduit l'essentiel de la querelle et donne l'occasion au journaliste belge de montrer son intuition et sa lucidité face à l'avenir de la peinture et aux œuvres de Picasso, de Braque ou de Chagall.

Pendant de longues années, Bernard ne publie plus de volumes, mais son activité de journaliste reste intense. On retrouve sa signature dans des dizaines de revues. Le 8 décembre 1934, il est élu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises. L'année suivante, il devient président de l'Union de la presse artistique. Pendant la deuxième guerre mondiale, il interrompt sa carrière, et se met à l'écriture d'un ouvrage qui paraîtra en 1946 à Paris. Esthétique et critique résume sa pensée personnelle face à l'œuvre d'art; il y fait figure de philosophe en mettant en garde contre l'interprétation qui peut être faite de l'acte de création. Il tend ainsi à protéger l'art de toute ingérence qui ne soit pas de l'ordre du sensible. Il accorde à l'artiste la primauté absolue sur le critique, et reconnaît à l'œuvre sa part intouchable de mystère.

En 1946, Charles Bernard est appelé à la charge de secrétaire perpétuel de l'Académie, en remplacement de Gustave Vanzype. Il assume cette fonction pendant cinq ans, tout en se voyant confier d'autre tâches, comme la présidence de l'Institut de journalistes de Belgique. Il ne publie plus de livres, mais écrit encore des articles dans La Nation belge et continue à s'intéresser à la vie culturelle. Il meurt à Bruxelles, le 24 octobre 1961.


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