Dans La déesse requin, nous découvrons un monde divisé en deux : d’un côté, il y a celui des humains, de l’autre celui des dieux de la mer dont est issue la jeune Dahut. Une jeune fille curieuse, frondeuse et ne craignant pas de braver les interdits de sa mère, la déesse Boddhisatva. Dahut quitte les siens pour assister à une grande fête en l’honneur des dieux qui a lieu dans le monde des humains. Elle fera là une découverte qui bouleversera sa destinée.
Ce récit entre en résonance avec des questions fondamentales actuelles. La surpêche, les désastres écologiques liés à l’extinction des espèces animales ainsi que le comportement égoïste des humains apparaissent en creux dans cette bande dessinée. La désillusion du personnage principal nous renvoie inévitablement à celle de chacun d’entre nous face à l’ampleur des bouleversements environnementaux et nous incite à tenter d’y remédier. L’intelligence du récit réside dans cette manière de jouer sur une identification possible tout en assumant totalement son univers de récit imaginaire, afin d’éviter tout discours moralisateur.
Au travers du prisme du merveilleux, du conte, Lison Ferné délivre dans La déesse requin, sa première bande dessinée, une puissante fable écologique, politique et militante. La fiction repose sur une dualité de mondes aux frontières infranchissables par la majorité des créatures, celle du second du moins. Le monde d’en bas, des profondeurs est celui des dieux de la mer, des êtres métamorphiques qui peuvent changer d’apparence, passer d’une anatomie recouverte d’écailles à une anatomie humaine. Le monde d’en haut, peuplé par les humains, ignore tout de l’Autre monde. Au travers de Dahut, la déesse requin, fille de la grande déesse Boddhisatva, Lison Ferné nous entraîne dans un récit initiatique qui, par le biais de la magie, du féerique, interroge…
Pour sa première bande dessinée, Lison Ferné nous emmène dans un monde merveilleux, entre fable politique et parcours initiatique.
Ludo est très déçu. Son père, ce héros, cet intrépide policier (en réalité simple planton) n'a toujours pas réussi à attraper Noël Pâques, un dangereux cambrioleur déguisé en père Noël, qui écume la ville au nez (rouge) et à la barbe (blanche) des forces de l'ordre. Ludo, lui, pourrait le coincer, c'est sûr ! Il lui suffirait de faire comme dans les BD de son héros préféré, l'inspecteur Castar Lire la suite La collection « Mille bulles », de l’École des loisirs, que dirige l’écrivain Xavier-Laurent Petit, réédite, dans des albums souples moyen format à petit prix, d’excellentes séries ou one-shot destinés à la jeunesse, publiés quelques années auparavant chez des éditeurs de bandes dessinées. Parmi celles-ci, « Mille Bulles » nous propose Ludo , une série publiée par Dupuis. Après Enquêtes et squelettes et Tranches de quartier, voici donc une troisième aventure de Ludo, un petit garçon très débrouillard, qui voue à son policier de père une grande admiration. Ludo, passionné de bandes dessinées, dévore les aventures de son héros préféré, le fameux inspecter Castar, le policier qui vient à bout de tout et qu’il s’applique à imiter en menant ses propres enquêtes dans la vraie vie. Chaque enquête de Ludo constitue une histoire à part entière, que l’on peut aisément suivre sans avoir lu les autres albums. Comme son père n'est pas parvenu à arrêter un dangereux malfaiteur nommé Noël Pâques, Ludo décide d'intervenir. Sa rencontre avec deux étranges créatures phosphorescentes qui vivent dans les tuyauteries, l'entraîne dans une aventure endiablée que ne renierait pas le fameux Castar. Une histoire à la fois drôle et rafraîchissante, poétique et chaleureuse, où l'on prend autant de plaisir de lire les aventures de Ludo que celles de son héros de papier. Une mise en abîme où l'on ne se perd jamais tant le découpage des récits est intelligemment fait. Le dessin lisible et dynamique…
Réalités obliques (tome 3) : Rencontres obliques
Après Réalités obliques et Mondes obliques , l’auteur de bande dessinée Clarke livre un troisième tome de ses récits aussi brefs que lugubres. L’auteur de la série Mélusine (dont le dernier album vient de sortir) délaisse sa petite sorcière et s’adresse ici à un public adulte, pour lequel il a aussi réalisé d’autres albums remarqués, comme le thriller d’anticipation Les Danois ou le diptyque Dilemna . Les vingt-cinq courtes histoires de Rencontres obliques , qui passent d’un registre fantastique à horrifique ou réaliste, ont en commun leur noirceur. Une jeune femme qui devine la mort dans les yeux de ceux qui vont disparaitre ; un mange-lumière qui plonge le monde dans l’obscurité ; un exorcisme sanglant ; une impression de malaise prémonitoire ; un enfant perdu ; un tueur en quête de sa prochaine victime… L’auteur prend un malin plaisir à plonger le lecteur dans une atmosphère angoissante avant de laisser deviner le pire.Récits fantastiques, nouvelles à chute ou petites histoires d’horreur, de celles à se raconter dans le noir, de préférence avant de dormir… autant vous prévenir : cela se termine toujours mal, pour le plaisir des amateurs du genre. Le livre ressemble à un exercice de style, pour lequel l’auteur s’est inspiré de maitres à penser qu’il remercie en dédicace : Ray Bradbury, Edgar Allan Poe, mais aussi Will Eisner, le graveur M. C. Escher ou le peintre Milt Kobayashi.Ces Rencontres obliques sont également le fruit de rencontres artistiques. En effet, pour réaliser ce recueil de saynètes, Clarke s’est entouré de beau monde : Kid Toussaint, Fabien Vehlmann, Andreas, Dugommier, Zidrou, Raoul Cauvin, Aimée de Jongh, Joseph Safieddine et Foerster ont collaboré à l’écriture…