Kurtz

RÉSUMÉ

Michaël Matthys s’interroge sur ce qui poussa des colons à chercher gloire et richesse dans une nature hostile, sombrant dans une une folie et une barbarie sans retour. Les grands formats au fusain et au sang forment dans son atelier une adaptation libre, monumentale, crue et captivante, d’une œuvre qui l’est tout autant, Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad.

Dans Kurtz, le colon n’a pas été secouru et hurle dans la jungle, au comble de sa folie. Tout est vu à travers ses yeux, sa démence nous mène au plus profond d’une forêt vierge où le jour filtre à peine… au cœur de ses peurs, de ses représentations. Les dernières phrases du roman de Conrad, les cris de Kurtz forment le texte de ce livre, scandent sa démence grandissante. La vision de Kurtz déshumanise de plus en plus ceux qu’il essaie de soumettre à son entreprise. Les innommables crimes de la colonisation belge se rappellent à l’auteur et à nous à travers des flashs, hallucinations ou souvenirs de Kurtz.
Des images d’archives ont nourri le travail de Michaël Matthys, à mesure qu’il avançait dans l’obscurité d’un contexte historique glaçant, documenté mais très peu enseigné. Il dessine au fusain et lave ses feuilles au sang de bœuf, détruisant les détails et redessinant sans cesse, jusqu’à obtenir ces images puissantes, sombres et directes.
Les paysages, les visages, le bateau qui le cherche sont brouillés, distanciés. Les doigts du dessinateur laissent de sanglantes empreintes, éclaboussures et hachures disent la violence avec laquelle Kurtz pense et voit le monde, violence qui se retourne contre lui.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Michaël Matthys

Auteur et illustrateur de Kurtz

Michaël Matthys est assurément l’un des auteurs les plus singuliers de cette génération. Son premier livre, Moloch, paru au Frémok en 2003 et réalisé en gravure, était une plongée à la fois onirique et documentaire dans le monde de la sidérurgie. Le second, La Ville rouge, embrasse toutes les réalités d’une ville industrielle : Charleroi. Dessiné au sang de bœuf récupéré dans les abattoirs de la ville, ce livre est autant une œuvre poétique qu’un manifeste. Matthys surprend par sa conscience sociale, son sens des matières et la poésie qu’il insuffle à ses dessins, même dans la restitution des lieux les plus blessés.
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Le Carnet et les Instants

Michaël MATTHYS, Kurtz, FRMK, 2024, 368 p., 39  €, ISBN :  978-2-39022-041-1Il s’agit là d’un monument graphique. On peine à trouver les mots tant les images sont fortes. L’auteur, lui-même, pour d’autres raisons, s’en est fait très économe…En 1979, le monde découvre le film Apocalypse Now. Ce sont là 140 minutes d’une adaptation libre du livre Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad. Quarante-cinq ans plus tard, c’est à une autre « claque » qu’un public médusé a droit : une adaptation, en bande dessinée.Et qui d’autre que Michaël Matthys pouvait se lancer dans un tel projet ? En effet, l’auteur, connu pour son travail graphique et esthétique qui n’appartient qu’à lui, reprend…


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Klimt

Vienne, 1907. Le peintre Gustav Klimt rend visite aux époux Bloch-Bauer. Ferdinand demande alors à Gustav de réaliser le portrait de sa femme, Adèle ; requête entraînant un flashback. Six ans auparavant, alors que Klimt essuyait des critiques acerbes au sujet de son œuvre La Médecine , il a rencontré ce couple, admirateur de son génie et dont la femme l’a prié de lui ouvrir les portes de son atelier. Au même moment, l’artiste recevait en rêve l’inspiration pour son prochain tableau. C’est par ce prisme que l’on entre dans l’univers de l’artiste : son atelier, ses modèles, sa mère, sa compagne, Émilie, mais aussi ses rêves, ses angoisses, ses sources d’inspiration en somme. L’histoire narrée en bande dessinée par Cornette et Marc-Renier est une tranche de vie, prétexte à l’évocation du peintre, de son style, de son époque et de l’avant-gardisme dont il y faisait preuve. L’idée est en effet plus de mettre en avant ses particularités que de réaliser sa biographie. Le récit est assez simple et aurait peu d’intérêt sans l’aspect « inspiré de faits réels », mais n’en est pas moins cohérent et bien rythmé.Les dessins sont soigneusement détaillés. Le rendu est classique, avec un crayonné assez fort accentuant les sujets principaux. Les travaux de Klimt évoqués sont réinterprétés plutôt que cités et le résultat est réussi et efficace : le redesign des œuvres permet une intégration fluide dans les cases tout en invitant à les découvrir sous un angle neuf.Le récit principal est suivi d’un court cahier didactique sur Gustav Klimt. Il complète la bande dessinée en développant quelques sujets qu’elle évoque. On y voit notamment des reproductions des œuvres évoquées dans l’album. Ainsi, le lecteur a à portée de main de quoi satisfaire sa curiosité, titillée par l’histoire racontée en images et phylactères.La bande dessinée Klimt est une introduction sympathique à l’œuvre de l’artiste. Les connaisseurs n’apprendront probablement pas grand-chose, là où les néophytes apprécieront l’accessibilité du propos et les informations proposées en fin d’ouvrage. Les visuels soignés plairont aux amateurs de bande dessinée traditionnelle, alors que l’histoire…

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