À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Claude Pirotte
Auteur de Il y a
Autobiographies «Il faut écrire sa vie dans un style à peu près classique». Pierre Mac Orlan. * Mémoire d’enfant : l’accordéon de Gus Viseur, la guitare d’Henri Crolla, la voix de Lucienne Delille. Je les écoute alors que le soir descend, que le givre se dépose sur les longs toits rouille du faubourg, que la vigne blanchit sous la lune. * A deux pas du cimetière d’Ixelles, Barney Willen entre en sifflant dans l’estaminet de Madame Léonie. Il me tape sur l’épaule avant d’aller maltraiter la machine à sous. René Thomas accorde sa guitare devant un type en smoking délabré. * Je suis né en octobre dans un hôpital militaire. L’aspirant Grange contemple la vallée, attend qu’un reflet d’eau verte s’éveille entre deux lambeaux de brume et que la boucle féminine de la Meuse encercle son regard. Drôle de guerre. * Au bar du Royal, à Arnhem, Bill Coleman secoue son cornet d’or en éclatant de rire. Le schiedam brille au cœur des tulipes blanches. Moins que les yeux cruels de Carla. Sur la peau de la grosse caisse, les mots «Dutch Swing College Band» sont parfaitement lisibles. Mais le batteur n’est pas identifié. On entend l’écho du dernier chorus de «Muskrat ramble». * Ma seule amie, l’araignée, ne s’éveille que le soir. Ange Vincent prépare de curieuses expéditions dans les nuits d’hiver. Il retrouve au petit matin sa chambre clandestine, et fredonne «Lullaby of Birdland», en admirant une miraculeuse aquarelle de Pascin, dérobée à un banquier distrait. * «L’absence a des philtres subtils». Rodenbach 2 ŒUVRES QUE JE SOUHAITE FAIRE CONNAÎTRE Joseph Joubert, Carnets André Dhôtel, Les Premiers temps 3 LIVRES DE MA BIBLIOGRAPHIE Un été dans la combe Ange Vincent Faubourg


NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Le lecteur qui comme nous, depuis la publication de La pluie à Rethel, aura mis ses pas dans les sillons argileux de l’écriture de Jean-Claude Pirotte, sera sans doute touché par ces derniers mots écrits quelques semaines avant sa disparition en mai 2014. Réunis par les éditions Motus, ces trente-trois quatrains à la facture faussement naïve s’adressent d’abord aux jeunes lecteurs fidèles à la collection Pommes Pirates Papillons. Illustrés par les monotypes du peintre Didier Cros dont l’univers d’ailleurs inspirait l’illustrateur qu’il était aussi, les poèmes de Pirotte rassemblés ici résonnent comme autant de comptines rimées. Trente-trois stations d’une Cavale (La Table ronde, 1999) dont l’ensemble résumerait,…


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Nid

Mon corps est une armoire. Je vis dedans. Quand elles viennent, je voudrais me cacher ailleurs. Je pourrais m’enfuir et elles ne verraient rien, je serais toujours là.  Juxtaposées dans leur écrin blanc et noir, les phrases de Françoise Lison-Leroy ricochent sur les estampes de Pascaline Wollast , également magnétiques et sibyllines, à mi-chemin entre l’énigme et l’évidence. Ce bref récit poétique contient deux parties : « On a changé de pays » et « L’autre nuit » – deux parties qui se présentent comme les rives d’un fleuve, entre lesquelles serpente une histoire millénaire et pourtant toujours neuve. On a changé de pays introduit l’idée d’un mouvement, peut-être une fuite, un départ en tout cas qui bute d’emblée sur les murs d’une étrange maison, dont on ne sait s’il s’agit d’une prison ou d’un centre de soin – voire, de tout autre chose. Mais s’agit-il seulement d’échapper à quelque chose ou quelqu’un ? Peut-être est-il plutôt question de se soustraire aux regards, pour mieux retrouver ses souvenirs et les parfums tactiles du premier nid (ou premier lit) à l’approche du dernier. J’apprends par cœur une langue étrangère et quand je la connaîtrai, je pourrai sortir. Il ne faut pas se lancer dans le vide. Les deux autres, qui dorment à côté, ne parlent pas. Écoute ce silence.  Le premier sous-titre est aussi la première phrase de l’ouvrage, il enclenche le principe de répétition qui ponctue le récit : succession de litanies obsédantes qui participent à piéger l’attention des lecteurs dans la toile tissée par l’autrice. On rencontre alors des hypothèses qui deviennent le réel, «  on part quand on veut mais il faut remplir le formulaire  », des injonctions incongrues, «  je dois leur rapporter le livre de géométrie  », une histoire comme un jeu de plateau à échelle humaine dont le cours n’est pas tant déterminé par les volontés que par les coups de dés. Un très grand jeu dont il faut respecter les règles bizarres, les rites insaisissables et les hasards ; un jeu d’enfant, peut-être : celui qui engage le faire-semblant , le faire-comme si , les on-dit-que . Elles vont revenir. Cache-toi car elles vont revenir et me mettre dehors. Mes parents seront fâchés, il faut les appeler. Prends mon téléphone. On va dire qu’on ne comprend pas leur langue. On va dire que je n’ai rien fait. Mais cache-toi. Les autres sont déjà en route. Il ne pleut plus. On va pouvoir parler.  « On », « elles », « tu », « mes parents », « les autres » : autant d’entités plus ou moins définies qui accompagnent le « je » de la première partie et circonscrivent un territoire familier, où tout départ se trouve différé par un quotidien discipliné, l’échappée enrayée par une suite d’actions méthodiques. Pour autant, la fuite n’en est pas moins véritable : elle migre dans l’espace mental, se déploie à travers l’imaginaire et le souvenir qui ouvrent la deuxième partie. Le ou la narratrice s’adresse alors à un « tu » qui se présente comme un oiseau : fragile mais déterminé, coutumier des territoires sans frontière.  Le moineau que tu fus, sauvage et siffleur, se savait intouchable. Il épousait le mouvement d’une haie, évoluait comme elle entre ciel et terre. Ainsi étendait-il son domaine, cherchant des yeux les premiers remparts. Il les éloignait d’un pas, comme on chasse un horizon maudit. Nid peut se lire comme une boucle infinie reliant l’enfance à la vieillesse, réinventant leurs prisons respectives et mêlant les expériences jusqu’à ce que les deux états se fondent l’un à l’autre, créant un ou une narratrice sans âge, de la même manière que les figures tracées par Pascaline Wollast fusionnent jusqu’à partager leurs contours. C’est un espace-temps cyclique qu’écrit Françoise Lison-Leroy, où l’on mesure les murs pour mesurer le temps, voyageant à travers une enfilade de maisons dans lesquelles la voix narrative a laissé des plumes. Une mémoire des nids, des lits et des bras qui se retrouve à travers l’errance d’un esprit vagabond, “ sans serrure ni lisière ”. Louise Van Brabant Plus d’information Nid. Trois petites lettres à définir. On a changé de maison , dit le personnage dans un monologue à la fois précis et hâché. Mais pour aller où ? Clinique, maison de repos, pensionnat, prison, monastère... la définition du lieu est floue, mais ce qui est sûr, c’est qu’il est fonctionnel, cadré, défini géométriquement, identique de pièce en pièce... bref, institutionnel. Au fil des fragments poétiques, la géographie de l’espace se dessine et se répète, carrée, divisée. Tangible, elle apporte structure et apaisement. Ramène-t-elle de la sécurité dans la confusion ? ou accentue-t-elle l’impression de malaise, de perte de repères ? L’autrice nous emmène sur ce terrain glissant et, en douceur, nous ouvre les questions d’identité, de quête et de définition de soi. Dans ce pays, toutes les constructions sont comme celle-ci. Un mur, une chambre, une salle de bain avec les toilettes. Et la douche. Les lavabos sont à l’avant-plan. Et c’est pareil jusqu’au bout de la rue, très loin. Jusqu’au bout du pays. On reçoit à manger tous les jours. Est-ce que mes parents vont venir me chercher ? Il faudra leur téléphoner. Le personnage, qu’on devine être un parent – un patient ? –, désorienté, cherche qui il est, qui elle est, perdu dans l’espace de ce lieu inconnu et peut-être aussi un peu perdu dans sa tête, mais chez qui la vie pulse et qui…

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