El temps i s’inqueurt


RÉSUMÉ

Tempus fugit, nous rappellent les cadrans solaires. En Picardie, on n’oublie pas non plus que « el temps i s’inqueurt ».

L’histoire de ce recueil commence un beau dimanche de mai 2017, lors d’un concert au Conservatoire de Tournai. On y donnait die Winterreise, le voyage d’hiver — la sublime musique de Schubert sur un cycle de poèmes de Wilhelm Müller. Et là, une émotion bouleversante a pris naissance, s’est déployée et s’est installée.

Ces poèmes en sont issus. Ainsi, le temps qui fuit est aussi celui d’un voyage intérieur. Un voyage, où, comme le proclame Machado, le chemin se fait en marchant.

Pour entrevoir, enfin, un possible printemps apaisé.


À PROPOS DE L'AUTEUR
André Leleux
Auteur de El temps i s’inqueurt
André Leleux est né à Leers-Nord, entité d’Estaimpuis, en mai 1950. Son grand-père et son grand-oncle, anciens agriculteurs, habitant la maison familiale, il a baigné dans le picard local – assez proche du roubaisien – bien au-delà de l’enfance. Il a travaillé 40 ans en tant que psychologue au centre PMS pour l’enseignement spécialisé de Mouscron. Depuis qu’il est retraité, il écrit en picard. Il est membre de l’atelier de langue et culture régionales de la maison de la Culture de Tournai, animé par Bruno Delmotte. Ses écrits, tant en prose qu’en poésie, ont été primés à diverses reprises, que ce soit le concours Prayez à Tournai, un Auteur une Voix sur Vivacité, le Centre Culturel de La Louvière, le prix biennal de la ville de Liège, ou encore l’Agence pour le Picard à Amiens. Il intervenait régulièrement dans l’émission Hainaut Rachènes sur Vivacité Mons. Les quelques recueils qu’il a publiés sont consacrés à la poésie, son domaine de prédilection. Son écriture part souvent d’un étonnement, parfois teinté d’admiration. Il affectionne tant les êtres que les objets d’ordinaire vus comme insignifiants. Ce qu’ils ont à nous dire mérite pourtant d’être entendu. Leurs récits inscrivent l’imaginaire dans la banalité du quotidien. Ce picard-là s’écrit au présent.

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[Ils auront dérobé nos terres, / fermes et forêts, / peu à peu, sans fracas, / (…) comme des taupes / qu’on détecte toujours trop tard, / quand elles ont accompli leurs méfaits / et qu’elles ont tout creusé. // Une éternité / qu’on a quasi œuvré / sous tutelle, / (…) sur nos propres terres.] Ailleurs, il reprend les questionnements d’ordre métaphysique qui traversaient À ipe , cette autre œuvre importante, rééditée dans la collection micRomania en 2021. Èt si nosse bole âréve bukéconte one sitwale ? […] Èt nos-ôtes bèrôderèt r’nachî à non-syinceaprès l’ dêrène ruwale ? [Et si notre globe / avait cogné une étoile ? (…) // Nous aurions erré, / cherché inutilement / une ultime issue ?] Ces deux veines majeures de l’œuvre gilliardienne — le questionnement sur l’homme et son environnement, la défiance envers l’exploiteur, en communion avec tous les exploités — trouvent un point de rencontre dans les pages les plus fortes du recueil. C’est alors la métaphore de la maison qui exprime la détresse du « je » (non, du « dji » ) face aux communs massacrés au bénéfice de quelques-uns. ’L ont rauyî djustotes lès pîres dissotéyesèt lès tchèssî au lon,à gros moncias.Èt c’èst cauzucome s’il ârén´ ieû v’luchwarchî è vike,chwarchî è m’ pia.Come si l’ maujoneâréve ieû stîon niër, on burton d’ mès-oûchas. [Ils ont arraché / toutes les pierres descellées / et les entasser au loin, / et c’est quasi comme / s’ils avaient voulu / m’écorcher vif, / charcuter ma peau, / comme si la maison eût été un nerf, / un moignon de mes os.] De manière plus explicite, Émile Gilliard fait le lien avec le désastre écologique dans le poème d’épilogue, écrit spécialement en vue de cette deuxième édition. Vêrè ként’fîye on djoûki l’eûwe ni gotinerè pus wêre foû dès sourdants.On s’ capougnerè po sayî d’ ramouyî sès lèpes.Vêrè ki l’ têre toûnerè à trîs et tot flani,ki nos maujones si staureront su nos djoûs,èt nosse lingadje ni pus rén volu dîre. [Peut-être viendra-t-il un jour / où l’eau filtrera à peine de la source. / On s’empoignera pour se rafraîchir les lèvres. / Une terre stérile fera flétrir les plantes. / Notre maison s’écrasera sur nos jours, / et notre langue n’aura plus de sens.] Au possible effondrement des équilibres naturels fait écho ici celui d’une langue. Bokèts po l’ dêrène chîje est aussi traversé des préoccupations d’un homme qui a donné tous ses loisirs à la langue wallonne et laisse parfois libre cours à son pessimisme : « po ç’ k’il è d’meûre : / on batch di cindes èt dès spiyûres, / sacants scrabîyes / k’on îrè cheûre èt staurer sul pî-sinte » [ « pour ce qu’il en reste : / un bac de cendres, des déchets, / des escarbilles / à secouer et à répandre sur le sentier » ]Et c’est en cela que cette réédition prend une valeur supplémentaire : en redonnant à lire des poèmes qui ne taisent pas son sentiment de lassitude et d’isolement, elle nous rappelle que leur auteur a toujours su le dépasser. Émile Gilliard, en effet, n’a jamais cessé d’écrire dans sa langue première et a consacré ses dernières années à d’importants travaux philologiques. Ce livre prend donc, en creux, la valeur d’une ode à sa résilience et à son formidable engagement. Julien Noël Les traductions offertes ici sont les adaptations littéraires de l’auteur. Plus d’information Ce tryptique a été publié artisanalement, en wallon, à compte d'auteur, en tirage restreint, en 2004. Le dernier volet Crèchinces a également fait l'objet d'un numéro des Cahiers wallons . La présente édition est assortie d'une adaptation en langue française. L'ordre des textes comporte des modifications et un poème d'épilogue résume l'esprit du recueil. L'actuelle situation du monde donne à ces poèmes un reflet d'authenticité. Y pointent heureusement des germes d'espérance et de lumière. 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