L’ennui est le principal agent d’érosion des paysages pauvres
Maurice Pialat, L’amour existe, 1961
C’est un hasard , une coïncidence.
Mais, pendant plusieurs jours, je ne suis pas parvenu à penser à autre chose. Il y a quelques semaines, après la représentation du spectacle Dehors, que j’ai mis en scène il y a quatre ans, créé au sein de ma compagnie, en complicité étroite avec six acteurs, un auteur, un régisseur, et quelques autres fidèles qui se dépensent sans compter, j’ai écouté un spectateur parler de ce que nous venions de montrer. C’était dans une rencontre publique d’après spectacle comme nous en vivons souvent, plusieurs personnes avaient pris la parole, posé des questions à l’équipe, formulé des impressions. J’étais assis sur scène, entouré par les six acteurs, et Hedi a pris la parole. Les projecteurs m’éblouissaient un peu et ma mémoire des visages n’est jamais très bonne mais, tel que je me le représente quelques semaines plus…
Auteur de Editorial
Metteur en scène, Antoine Laubin anime la compagnie De Facto. Il s’est fait connaître par son spectacle Les Langues Paternelles (« Meilleure découverte » aux Prix de la Critique 2009 et succès public et critique du Festival Off d'Avignon en 2010). Suivront Dehors (sélection aux festivals Impatience, Premières, Fast Forward, ...), L.E.A.R., Le Réserviste, Démons me turlupinant, Szénarios (création trilingue co-produite avec le Staatstheater de Braunschweig), Heimaten et Il ne dansera qu'avec elle.
Combinant écriture de plateau et travail du texte (théâtral ou non, littéraire ou non), Antoine Laubin développe un théâtre-récit à la fois ludique et noir.
Par ailleurs, il co-dirige la revue Alternatives théâtrales, dont il anime aussi le blog et intervient comme conférencier en dramaturgie et en art dramatique à Arts² (École supérieure des arts à Mons).
Daniel Fano : chroniqueur de réel / poète exponentiel (in Varia)
Daniel Fano est un poète – « chroniqueur » , dit-il – belge et inclassable. Né en 1947, longtemps journaliste (de 1971 à 2007), il a été découvert par Marc Dachy, adoubé par Henri Michaux et Dominique de Roux. Fano désamorce nos idéologies, nos mythes, décape nos idoles à l'humour noir. Fulgurants à l'origine, ses poèmes aux accents yéyé (dans Souvenirs of you, édité au Daily-Bul en 1981, Gainsbourg résonne aux oreilles du personnage de Typhus) s'amplifient avec le temps, deviennent de longues proses, où Fano se fait chroniqueur du cauchemar de l'Histoire, désorchestre la censure manichéiste du moment. Rencontre avec un auteur culte en équilibre instable, pour la plus grande joie des quêteurs de lucidité. - À la lecture de vos poèmes courts, de vos longues proses, il semble que vous décloisonniez les genres, leur hiérarchie. Ce qui n'est pas une démarche volontaire. Ça m'est naturel. Tout ça s'est accumulé au fil du temps. Comme tout le monde, j'ai eu ma phase d'imitation, dans l'adolescence. La plus profonde a été celle des surréalistes. Curieusement, pas des surréalistes belges que je ne connaissais pas. Je vivais en province, et j'étais plutôt tourné vers Paris. Mon poète préféré, c'était Benjamin Péret, par exemple, qui était plus proche du nonsense, que j'avais déjà un peu intégré, accidentellement. Et j'ai écrit dans un esprit qui a fait dire à certains que j'étais proche des frères Piqueray, poètes que j'ai connus par après. Mais ils ne m'ont pas du tout influencé. Donc, c'est par des chemins détournés... en allant vers le nonsense anglais, et en le retrouvant chez certains surréalistes français, chez Péret, ou Desnos (à cause de La Complainte de Fantômas, Les quatre sans cou), dont les poèmes allaient vers le populaire, faisaient référence aux paralittératures, qui m'intéressaient déjà, et m'intéresseraient de plus en plus, sans parler de Soupault... Ces gens n'étaient jamais fixés dans une formule définitive. Ensuite j'étais en France, en 1966. J'étais garçon de course à Paris, pour une maison d'édition. J'ai eu accès à des tas de choses. On parle des années 60, d'années assez extraordinaires. J'ai découvert des auteurs américains comme Burroughs, évidemment, mais aussi Claude Pélieu, Dylan Thomas. Trois découvertes par jour. C'était un bombardement permanent. Et là, déjà, il y a eu les objectivistes américains, que très peu de gens connaissaient à l'époque – pour le moment, on publie des choses sur eux. Les objectivistes m'ont tout de suite paru intéressants. Car ce qui ne m'intéressait pas, c'était l'emphase, le lyrisme. Chez les objectivistes, je trouvais la distance qu'il fallait. Puis il y a eu des coïncidences assez étonnantes. En 66/67, à la même période, Serge Gainsbourg sort un album de chansons où l'on trouve notamment le titre Torrey Canyon, qui évoque l'un des tout premiers pétroliers qui se sont fracassés en déclenchant des marées noires. Il n'y a pas un gramme de sentiment, on ne sait pas ce qu'il pense, lui. Il raconte. C'est l'histoire du bâtiment : qui l'a construit, sous quel pavillon il naviguait, et ainsi de suite. En même temps, sur le même album, il y a Comic Strip, avec les onomatopées. Et tout cela est dans l'air du temps. J'aimais bien les Kinks, aussi, qui décrivaient la vie sociale en Angleterre. Au lieu de raconter des histoires de stars, ils racontaient l'histoire de filles qui sortent de l'usine. Donc, tout ça s'est mêlé, avec d'autres curiosités que j'avais à l'époque, notamment la bande dessinée, qui était en train de se légitimer. Tout ce qui passait, les magazines, tout ça m'a influencé, l'époque, l'air du temps. Le problème est que l'air du temps vieillit très vite. Il ne fallait pas suivre toutes les modes. Avoir une distance ironique, éventuellement. C'est une différence qui fait que je ne peux pas être un véritable objectiviste. Je mets de l'humour et de l'ironie dans ce que je fais. C'est mon apport personnel – question de tempérament. Mais aussi le mélange de toutes ces influences, qui fait que, si l'on me met une étiquette, elle ne colle pas . En partie peut-être, mais je serai toujours ailleurs. Je serai toujours en mouvement. - Est-ce que vous considérez qu'il y a eu différents Daniel Fano, différentes périodes que vous pourriez délimiter, a posteriori ? Des périodes à la Picasso ? [rires]. C'est un peu difficile. Je crois qu'on se rendrait compte, si l'on voulait faire le travail sérieusement, que ce serait toujours lié à des rencontres. C'est clair qu'il y a la période Marc Dachy XX , qui va de 1971 à 1978, au moment où il part pour Paris. C'est la création de Transédition, sa passion pour Dada. Je suis relativement peu publié dans la revue Luna-Park, mais en réalité j'écris beaucoup. Ce qui est important, sans doute, pour cette première période, c'est l'entrée dans le journalisme, ce qui n'était pas du tout prévu à l'origine. Mais c'est encore une question de rencontre, puisque Marc Dachy me faisait rencontrer des gens que je n'aurais peut-être pas rencontrés, dont Françoise Collin XX , qui a créé par la suite les Cahiers du Grif. Elle s'occupait de pages culturelles dans un hebdomadaire et m'a invité à collaborer. Au début, c'était très pointu, sur des avant-gardes américaines. Puis après, ça a été tout ce qui m'intéressait en paralittérature. Cela m'a donc permis d'approfondir des curiosités. Mais l'évolution des techniques a aussi son importance. Évidemment, au départ, c'est la machine à écrire mécanique. Écrire, ça fait mal. Et donc, il y a surtout des textes courts qu'on retrouve dans des anthologies de l'époque. De plus en plus, on voit revenir des personnages récurrents, comme Monsieur Typhus. Je crée toute une série de personnages, parce que ça permet de les confronter aux éléments du réel que je capte. Notamment dans toute la série qui est parue aux Carnets du Dessert de Lune. Là, c'est vraiment le cauchemar de l'Histoire. Et donc, il y a des tas de crapuleries qui sont reprises dans tous les camps. Il n'y a pas de manichéisme. Et ces personnages, Monsieur Typhus, Rita Remington, Patricia Bartok, Jimmy Ravel, Rosetta Stone... ce sont des personnages qu'on pourrait dénommer « marionnettes plates », des personnages qui pourraient rentrer dans tous les rôles possibles. Il y a une référence au dessin animé, puisqu'ils meurent, mais trois lignes après, ils sont de nouveau tout à fait intacts, ils repartent. C'est le principe du personnage qui tombe d'une falaise, et qui remonte. Ou sa tête explose, et il réapparaît. Assez curieusement, alors que j'essaye parfois de leur faire des choses assez abominables, ils ne parviennent jamais à rivaliser avec les atrocités du monde. À la limite, la fiction galope derrière le réel, et ne parvient jamais à le rattraper. - Mais cette tétralogie que vous évoquez, parue aux Carnets du Dessert de Lune, prend une forme un peu différente du reste... Oui, il est clair que les longues proses, qui sont une accumulation de choses, comme du bruit, une espèce de cataracte, sont facilitées par l'ordinateur, qui permet de travailler sur la longueur. Si l'on ne voyait que deux grandes époques dans mon parcours, ce serait certainement celles-là. Je crois que je n'aurais pas pu faire, avec la machine à écrire mécanique, des choses comme Sur les ruines de l'Europe ou Le privilège du fou. - À propos de votre rapport à l'Histoire, quel sens politique se cache derrière cette poésie qui s'affranchit, se libère des hiérarchies? Il est clair que les situationnistes m'ont marqué. C'est indéniable. Et, aussi, ce qu'il y avait autour. Les livres de Baudrillard, La Société de consommation, ou de Vance Packard, La Persuasion clandestine... Des livres sur la société. Je n'ai pas été quelqu'un de politique, même dans ces années-là. Mais j'ai observé, j'ai absorbé comme une éponge. J'ai toujours été un voyeur, un écouteur. Et en critiquant, justement, comme je le disais tout à l'heure, le…
La musique comme matière plastique. Entretien avec Maarten Seghers
Penser le rapport de la création théâtrale contemporaine à la musique conduit à pointer des pièces scéniques récentes dans lesquelles la musique apparaît comme une matière brute qu’il faudrait travailler telle la glaise ou le métal. Une matière résistante qui n’en devient pas pour autant ornementale mais occupe une fonction plastique sur scène au même titre qu’une installation scénographique, installée dans un dialogue fécond avec la présence corporelle des acteurs et performeurs. Maarten Seghers est musicien, plasticien et performeur. Depuis 2001, il est lié à la Needcompany de Jan Lauwers et il participe à toutes les grandes productions de la compagnie. Il a commencé à développer ses projets personnels en 2014, dans lesquels la musique et sa mise en abyme rythmique et sonore sont au centre d’une vibrante expression scénique XX . * Rencontre en quatre temps avec cet artiste énergumène échalas énervé échevelé (sa version scénique), d’une douceur, clarté, patience et bienveillance tellement apaisées quand on va à sa rencontre. [Traduit du néerlandais par Pascale de Nève.] BH : Maarten, quand je te découvre à l’époque dans La Chambre d’Isabella de Jan Lauwers, tu es bien sûr musicien au cœur du dispositif de ce spectacle, mais tu es déjà totalement impliqué dans la distribution. Musique et performance théâtrale sont indissociables pour toi dès le début de ta collaboration avec la Needcompany? MS : Ma première collaboration avec la Needcompany date de 2001, et consistait à créer une musique spécifique au sein de l’ensemble, tant dans le cadre de la représentation qu’en dehors. C’était lié à la présence de l’artiste Hans Petter Dahl ainsi qu’à mon arrivée dans la compagnie. Nous avons commencé par présenter Images of Affection, dont nous avions réalisé des bandes originales reposant sur de l’électronique et des bruits de guitare, sur lesquels nous chantions en direct des chansons des Kinks avec les performeurs. Une sorte de feel good music amère, comme on a pu entendre chez Fennesz, par exemple, dans son album Endless Summer ; un Bee Gees tiré de l’oubli, dont nous avons aussi utilisé un morceau pour la scène d’ouverture. Ensuite, j’ai également travaillé avec Grace Ellen Barkey sur la musique (live et enregistrée) de ses spectacles de danse, où je me trouvais également sur scène en tant que performeur. La musique, ou en tout cas sa mise en scène, m’a entraîné vers la performance. Il est vrai qu’aujourd’hui j’aborde sans doute la composition musicale sous l’angle d’un questionnement en tant que performeur. Pour La Chambre d’Isabella, Hans Petter Dahl et moi-même étions d’abord des compositeurs plutôt que des musiciens. Nous usons principalement d’instrumentaux enregistrés et de bandes électroniques sur lesquels nous chantons en live en tant que performeurs et/ou personnages du spectacle. La Chambre d’Isabella, c’était une prise de position pop de Jan Lauwers. Au lieu de reprendre des chansons, nous avons écrit nous-mêmes des morceaux de type feel good avec les paroles prévues par Jan Lauwers dès la création de son récit. Depuis, nous nous obstinons à travailler ensemble, ce qui se traduit par un indispensable questionnement personnel. C’est de là que naît le défi de formuler d’autres réponses à chaque projet et donc de penser en termes d’envie ou d’inclination. Je me souviens que pendant les premières années, et cela nous arrive encore aujourd’hui, nous parlions beaucoup de l’autonomisation des différents médias dans le théâtre. Mais je fais peut-être exactement l’inverse aujourd’hui. Écrire docilement du matériel qui ne doit pas se revendiquer, parce que cela lui ferait perdre son objectif ou sa raison d’être. Afin que le théâtre puisse rester une question de performance et d’êtres humains. BH: Tu donnes à la musique une existence très « iconoclaste », dans la mesure où tu joues avec tous les codes et toutes les limites du son, de la rythmique, du bruit, avec, on le sent pourtant, un très grand respect pour la composition, l’architecture d’un parcours musical. Est-ce la scène performative qui te pousse à cela, ou ta manière particulière d’aborder la musique qui te pousse à la scène sur un mode performatif, au-delà de l’interprétation? MS: Les deux. Il y a une différence entre la matière et le format de présentation. La musique reste de la musique, qu’on la case dans la catégorie «performance» ou dans la catégorie «musique». Mais la recherche et surtout l’attrait pour la teneur «matérielle» de la musique et du bruit vous portent forcément vers d’autres médias ou d’autres circuits que le cadre conventionnel. Par ailleurs, l’obsession et la croyance envers la puissance récitative de la musique vous ramènent parfois à une présentation ou une écoute conventionnelle. Parce qu’elle n’a besoin de rien d’autre. Ceci illustre cela. Et c’est ainsi que l’on part parfois d’un côté et parfois de l’autre. En ce qui concerne la musique performative: mettre de la musique en scène concerne la «parole». À un moment donné, j’ai pris conscience d’un clivage entre la musique visant à camoufler l’embarras des acteurs et celle qui l’autorisait. J’ai alors commencé à trouver intéressant de composer de la musique qui permettrait l’embarras des acteurs. Cette perspective m’aide parfois à faire des choix déterminés. C’est l’un des moyens dont la musique et l’art entrent dans le champ politique et sociétal. L’art peut parfois paraître inoffensif et innocent; on peut tout écrire ou tout peindre. Mais on ne le fait pas. On fait des choix. Il en découle une lecture, une direction; on trouve des adeptes ou des détracteurs. Des points de vue. Personnellement, je suis un adepte des gens qui jouent (de la musique). L’aspect embarrassant provient de l’immaturité de notre capacité de perception. Il faut pouvoir regarder au-delà. L’inoffensivité de la musique et de sa consommation ou la façon dont l’indistinct côtoie le charme du divertissement, voilà pourquoi je suis allé chercher du côté du théâtre. Avec la conviction qu’il s’agit d’une page blanche où l’on peut rechercher un autre contenu, peut-être plus parlant, mais où tout, y compris la musique, est utilisable en tant que matière, en tant que langage, tel qu’on y aspire ou que l’on s’en sert. BH: Dans tes productions personnelles, la matière musicale devient plastique. Elle prend corps, elle est un paramètre total de l’espace scénique et engage un rapport physique entre les performeurs, bien sûr, mais aussi avec le public. Comment génères-tu cette densité, cette matérialisation presque du son? MS: Je travaille exclusivement la musique comme un texte. Parce que la musique est une forme. Dans mes représentations, il y a une évolution allant de l’abstrait (la musicalité) au concret (l’humain). Telle est ma quête. Dire quelque chose de l’Homme en interprétant de la musique. Jouer une note jusqu’à ce qu’elle ne se raconte plus elle-même, mais révèle l’acteur. Je lutte sans cesse contre le contenu littéral. Je ne veux pas en entendre parler. Et en même temps, je ne veux pas céder à la grâce du formel. C’est, je pense, la raison pour laquelle je casse systématiquement la forme en mille morceaux, de sorte que, finalement, le contenu puisse s’exprimer à travers tous ces fragments, qui sont plus nuancés et moins pathétiques que le contenu qui s’exprimerait sans cette recherche formelle. Il y a tant de choses à dire. Et nous avons les mots pour le faire. Alors, quand on choisit malgré tout de ne pas tout dire avec ces mots, il en ressort une énorme densité de la matière que l’on travaille. Le choix ou le fait accompli de travailler exclusivement et obsessionnellement avec de la musique reflète aussi certainement ma vérité sociétale. Ma propre évolution, d’une part, et mon observation de la race humaine, d’autre part, ont…
Eternåcionå: Procès Karadzitch. Del Yougoslaveye al Beldjike
[Ratournaedje : Djôr Staelens eshonne avou Daniel Zink** ] On cåze todi dpus des swè-djhant mançaedjes des Rûsses, des foû grands dandjîs vinant des moslimîs ; on fwait les cwanses ki gn a des margayes etur chiyites et sunites, etur les djwifs et les arabes et tchik et tchak. * Po spepyî tot ça , tapans èn ouy so ene contrêye k’ on î waite tofer so l’ mape po djåzer di batayes etur les kiminåltés. Et foiravant so ene sacwè ki s’ a passé lanawaire : el difén do tribunå po l’ ancyinne Yougoslaveye, fén 2017. Ewaeråcions Les dierins djudjmints sont pacô sbarants, mins les gaztîs n' î voeynut k' so feu, pierdous al dilongue des meyes di pådjes ki les medias classikes ni volnut nén mostrer. Çou ki nos sbare li pus, c’ est pår li djudjmint da Radovan Karadzitch. Çoula coscheut les idêyes k’ ons a ezès payis do Coûtchant, rapoirt a ene pårteye del Yougoslaveye et rapoirt a onk di ses mwaisses, Slobodan Milozevitch, k’ on prind po k’ cea k’ a spårdou bråmint do sonk avår la. Vocial çou k’ est l’ pus ewaerant : Slobodan Milozevitch esteut sconte di l’ idêye des mwaisses siebes bosniakes, ki c’ esteut di taper les Croates et des moslimîs foû del Bosneye. Çou ki Slobodan Milozevitch aveut dins s’ tiesse, c’ esteut d’ wårder so pî li Yougoslaveye, sins l’ idêye padrî s’ tiesse k’ ons a dit d’ askepyî ene « Grande Serbeye ». A on raploû avou Karadzitch et Mladitch, e 1994, Milozevitch derit : « Il fåt ahouwer [mettre à l' abri] tos les mimbes des ôtès nåcions et peupes del Yougoslaveye, et l’ interesse nåcionå des Siebes n’ est nén di taper so les doets des ôtes. » Il a ecoraedjî k’ on bouxhaxhe djus [conclure] li minme acoird politike. Si a-t i critiké ki les Siebes del Bosneye, ki n’ estént k’ on tîce des djins do payis, et ki volént l’ mitan do teritwere. Les politikîs ki rprezintént l’ Serbeye å tribunå d’ El Håye [La Haye] ont ametou les mwaisses des Siebes bosniakes d’ awè cometou des crimes siconte li djintrinnreye [humanité] et d’ awè fwait do schuraedje etnike. Raspepyî l’ cayet Å vey tot çoula, fåreut ki gn euxhe des bates di dvize, et rcweri co la dsu, eyet spepyî des racsegnes k’ ons a yeu pa des gaztîs et tuzeus : Gn a nén fok divins les Siebes k’ i gn aveut des kiminåltarisses, mins eto divins les mwaisses crowates (do foirt nåcionålisse) et dins les bosniakes moslimîs. Metans, dispoy les anêyes 80, onk des tchîfs muzulmans, Alija Izetbegovitch, pretchive po « k’ on rislamijhaxhe les moslimîs ». Houte di çoula, ès pårti politike a xhorbou evoye [éliminé] les corants nén rlidjeus. Come bråmint des estats, li Yougoslaveye aveut des arokes economikes, et rçure des credits des Estats Unis. Waire divant l’ guere civile, ons a stopé l’ buze di cwårs, tot prometant d’ el distoper si on freut des eleccions dins tchaeke republike yougoslåve, et evoyî les rzultats a Washinton. D’ après sacwants analisses, ces djeus la ont stî fwaits esprès po taper l’ hate et l’ hayime etur les republikes. Avou ça k’ les Estats Unis ont aspalé les djihadisses sawoudyins, foiravant e l’ Bosneye. Les medias do Coûtchant ont seulmint hawé siconte des Siebes, måy disconte des Crowates u les moslimîs bosniakes. L’ afwaire do Cossovo Po çou k’ est do Cossovo, on voet co pus clair. Les djins do Coûtchant, k’ avént sititchî les doets ådvins, ont fotou a l’ ouxh les cias ki s’ avént ashidou al tåve po dvizer. Et la, on cåze aprume do politikî ki rprezintéve les Cossovårds albanicåzants, Ibrahim Rugova, k’ esteut sotnou pås djins di s’ peupe, et ki schaerbotéve [se démener] po leus abondroets. Des medias et des « intelos » francès l’ ont discåzé. Å-z arindjî les bidons, les Estats Unis ont co cpité dins l’ copixhî, et s’ mete so les spales des Siebes on djeu [joug] k’ i n’ årént seu poirter. Li nombes des moirts diclårés divins les albanicåzants a stî mopliyî pa pus ki 100 côps dins les medias do Coûtchant (500.000 diclårés, 3.000 vraiys, les bateus ådvins). L’ UÇK (l’ årmêye di schapaedje do Cossovo), aspalêye påzès povwers do Coûtchant, sereut ene soce dislaxhiveuse [indépendantiste], waeraxhe et mafieuse. Houte di çoula, li guere do Cossovo a permetou ås Estats Unis di mete so pî la-djus ene grande båze militåre. Et tchik et tchak. Mågré totes ses flotches, li sistinme yougoslåve fijheut bediver après : ene miete d’ otonomeye politike po les republikes, et les cminåltés wårdént leu tuzance et leu lingaedje, tchaeke a s’ môde. Des dijhinnes d’ anêyes å long, totes ces djins la ont viké eshonne sins må sins rujhe. Ki gn a-t i asteure? Tapans asteure èn ouy å waitrê [spectacle, situation observable] d’ après l’ guere yougoslåve. Pattavå, ou cåzu, c’ est des cminåltarisses ki sont-st å povwer. El Serbeye, c’ est ene forwårdiveuse droete ki moenne l’ estat. Milozevitch a stî replaecî pa Vojislav Kochtunitcha, k’ est sotnou pa l’ eglijhe ortodosse. Cisse-ciale aveut codåné Milozevitch po awè sayî d’ rimete les caetches e for. Mins elle aveut clatchî des mwins po Kochtunitcha prinde les lignroûs ezès mwins (prinde li moennance do payis). E l’ Bosneye, c' est l’ pårti islamiveus da Izetbegovitch ki moenne li danse. Li Crowaceye est foirt nåcionålisse, eyet l’ Cossovo est divins les mwins di côpeus d’ boûsses tchoezis pa leu ptite kiminålté. Douvént ki l’ Coûtchant a djouwé a ç’ djeu la ? Dandjreus paski l’ payis esteut co foû d’ l’ OTAN et do controle des Estats Unis. Ç’ a stî ene cråne ocåzion por zels astaler ene novele båze militåre dins l’ cotoû. Li papî s’ lait scrire I nos fåreut esse pus spepieus å lére les noveles, cwand ça baye des lenes clairmint scrîtes siconte des cminåltés et nåcions. Foirt avant cwand ces scrijhaedjes la vegnnut do minme bos k’ a ddja bouter l’ disdut e l’ Yougoslaveye, e l’ Sireye, e l’ Libeye, e l’ Iran, e l’ Irak et hay vos nd åroz. I fåreut k’ ça nos freut tuzer ås påjhirès voyes po leyî viker les cminåltés divins les estats. Sabaye s’ on vout discotaeyî les pays po l’ amour des cminåltés, tantea k’ i gn åreut pus fok k’ èn estat po tchaeke. Oyi, mins adon, on årè bråmint des payis-bokets, åjheys a mwaistri påzès grandès pouxhances. Ni sereut i nén mî d’ wårder des pus grands payis, nén ezès mwins do pus foirt, la k’ tertos årént leu plaece, ey aprinde li vike-eshonne avou des ôtes ki les cis di leu prôpe tuzance. Tuzer al Beldjike Ça fwait tuzer al Beldjike ki, mågré bråmint des flotches et biestreyes, dimeure ene sôre di ptite Yougoslaveye, avou ene ricnoxhance des rlidjons abagantes, avou troes lingaedjes oficirs, ene otonomeye politike po les redjons et les cminåltés, tchaeke fijhant a s’ môde avou s’ tuzance et ses lingaedjes. C’ est l’ veur ki ci n’ est nén co l’ cas pol walon, li limbordjwès etch., mins pôreut vali k’ les « ptits » lingaedjes d’ amon nozôtes serént ricnoxhous eto ! Asteure, cåzans del rezistance. Å pårt des rcwerances come cisse-ciale, i nos fåreut waitî eto les tuzances et les lingaedjes des vijhéns, ki ça fouxhe des flaminds, magribins, slåves etch. Si les cminåltés et les peupes serént pus près d’ n’ onk l’ ôte, on n’ elzè såreut spiyî po mia ringnî. ** Daniel Zink, e francès dins l’ gazete « Kairos » © Licince GNU di libe…