Nous apprenons le décès du poète d’expression wallonne Victor George, né en 1937 à Bois-et-Borsu (Clavier).
Enseignant de formation, Victor George est entré tôt en littérature. Toutefois, son premier poème publié dans Les Cahiers wallons, l’organe du cercle littéraire Lès Rèlîs Namurwès, qu’il vient d’intégrer, manifeste déjà un talent rare chez un auteur de 22 ans.
N’a d’vins tes oûyes comme des noûlèyes :
Displis, sov’nances, neurès idéyes?…
… N’a-t-il longtimps qu’Djulène est mwète?…
… N’a so t’ visèdje une saqwè d’ blet!…
Allè k’ pagnon, riprinds t’ royon
Disos l’ brouheu qu’rafûle les tchamps.
Say dè roûvi c’ qui t’ contrarèye,
Ni tûse a rin, k’cheus tes pinsèyes…
(« Il y a dans tes yeux comme des nuages / Déplaisir, souvenirs, idées noires ? / Y a-t-il longtemps que Julienne est morte ? / Il y a sur ton visage quelque chose de trop mûr ! // Allez compagnon, reprends ton sillon / Sous la brume qui enveloppe les champs / Essaie d’oublier ce qui te contrarie / Ne pense à rien, secoue tes pensées » — Displis, dans Les Cahiers wallons, année 1960, n° 7, p. 63)
Fidèle à la devise de ce cercle (Wêre mais bon, c’est-à-dire « peu mais bon »), Victor George produit au fil des ans une œuvre caractérisée par son exigence. Ces efforts lui valent de recevoir la plupart des prix spécialisés, en ce compris le Prix Joseph-Durbuy pour un recueil demeuré inédit (Tchonson d’å ci qu’a passé l’ baye, 1966), ainsi que l’ancêtre d’un Espiègle : le Prix biennal de littérature wallonne du Ministère de la Communauté française.
Ardent défenseur de son parler régional, il est admis à la Société de Langue et de Littérature wallonnes en 1979 et y occupa la charge de secrétaire durant quasi un quart de siècle, de 1982 à 2006. Il assura de même le secrétariat du jury du Grand Prix du Roi Albert, attribué chaque année à une troupe de théâtre dialectal, et fut durant 20 ans le rédacteur en chef des Cahiers wallons. Durant toutes ces années, il y tint la rubrique « Connaissez-vous ? », ensuite rebaptisée « Bon à sawè… », qu’il consacrait à la promotion d’initiatives en faveur des langues régionales de Wallonie. On lui doit également des articles de toponymie et d’ethnologie du Condroz liégeois, sa région d’origine.
Reconnu pour son expertise dans ce domaine, Victor George siégea de 1997 à 2008 au Conseil des Langues régionales endogènes de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Également homme de théâtre, il avait fondé, à Bois-et-Borsu, la troupe Li qwètrin.me ake, pour laquelle il adaptait chaque année une pièce contemporaine dans le parler local.
L’année passée, sa poésie a été mise en avant dans plusieurs ouvrages. D’une part, des œuvres choisies ont fait l’objet d’une publication en version bilingue wallon-italien, aux soins des éditions Bohumil (Bologne) et du traducteur Jean Robaey. Trois poèmes inédits ont été dévoilés à cette occasion. D’autre part, Victor George a prêté son concours à l’anthologie sonore Qué bia bouquèt !, qui lui consacre plusieurs pages et dans laquelle il lit des œuvres de Victor Binot, Laurent Hendschel, Reynolds Hostin, Joseph Houziaux, Auguste Laloux, Roger Prigneaux et Georges Puissant.
Victor George a été inhumé ce samedi 7 décembre dans le village de Borsu, où il est né.
Julien Noël
Image d’illustration : Photo de Victor George | © Société de langue et de littérature wallonnes
Dans le cadre de la prochaine campagne « Lisez-vous le belge ? » qui s’étendra du 1er novembre au 6 décembre, le PILEn (Partenariat Interprofessionnel du Livre et de l’Édition numérique), en partenariat avec l’ABPF (Association belge des professeurs de français), les AML (Archives et Musée de la Littérature), Espace Nord et Objectif plumes, invite les enseignants et enseignantes de français à participer avec leurs classes à cette grande fête du livre belge. Vous recevez un auteur ou une autrice, un ou une bédéiste, ou encore un illustrateur ou une illustratrice en classe ? Vous adaptez un classique de la littérature belge d’hier ou de demain ? Vous lisez ou déclamez « du belge » ? C’est l’occasion de valoriser le travail de vos élèves en leur proposant de participer à notre campagne. Retrouvez dans cet article toutes les conditions et modalités de participation. Quelles écoles sont concernées ? Cet appel s’adresse aux classes des écoles reconnues par la Fédération Wallonie-Bruxelles, tous niveaux et types d’enseignement confondus. En effet, les ressources pédagogiques autour du livre belge sont nombreuses et s’adressent au plus grand nombre. Si vous pensez néanmoins que votre situation requiert des aménagements particuliers, n’hésitez pas à contacter directement le PILEn par mail à l’adresse info@pilen.be afin d’obtenir plus d’informations. Quelles participations sont attendues ? Il vous est proposé d’aborder le livre belge francophone en classe, c’est-à-dire un livre écrit en français par un auteur ou une autrice belge ou édité en Belgique francophone. Pour ce faire, vous trouverez ci-dessous un panel de ressources à exploiter. Nous comptons également sur votre créativité ! Plus précisément, du 1er novembre au 6 décembre, vous êtes invités à faire parvenir par mail au PILEn une photographie témoignant de votre participation. Il peut s’agir d’une image des productions d’élèves (exploitant par exemple l’UAA5 « S’inscrire dans une œuvre culturelle »), d’une mise en scène autour du livre belge, d’une affiche réalisée en classe, etc. Ces photographies seront ensuite relayées sur le compte officiel Instagram de « Lisez-vous le belge ? », au côté des poèmes et illustrations des artistes qui seront mis à l’honneur durant la campagne. Si vous souhaitez développer un projet plus ambitieux autour du livre belge (pièce de théâtre, concours de slam, exposition, etc.), merci de contacter rapidement le PILEn. En outre, vous êtes encouragés à partager les travaux de vos élèves et les projets que vous menez autour du livre belge sur Facebook et Instagram en indiquant le hashtag #Lisezvouslebelge. Le PILEn se fera ensuite un plaisir de partager ces publications en story permanente sur les réseaux sociaux de la campagne. Quelles ressources sont disponibles ? Votre participation peut prendre la forme de projets personnels ou d’exploitation de pistes pédagogiques comprises dans les différentes ressources existantes listées ci-dessous : une sélection de 20 livres jeunesse à découvrir absolument (à paraître sur Objectif plumes) ; un répertoire de classiques de la littérature belge accompagnés d’idées d’activités à réaliser en classe (dossier réalisé par Espace Nord et les AML, à paraître sur Objectif plumes) ; les fiches et sélection « Rebonds » publiées sur Objectif plumes; le concours « Ad@ptez un classique de demain » d’Espace Nord (sur le modèle d’« Ad@ptez un classique») ; le dispositif Auteurs en classe (renforcé cette année !) ; le dispositif Éditeurs en classe; les dossiers pédagogiques d’Espace Nord. Quels avantages pour les classes participantes ? Vous recevrez des fournitures (affiches, marque-pages, textes et illustrations inédits, etc.) qui pourront être intégrées dans vos leçons, ou vous permettront de décorer votre classe et de gâter vos élèves. La visibilité sur nos réseaux pourrait motiver vos élèves à montrer leur créativité. Soutenir le livre belge en participant à cette campagne, c’est une manière de sensibiliser plus largement les jeunes, les adolescents et adolescentes à la création littéraire en Belgique francophone, aux métiers de l’édition et à la culture dans son ensemble. Comment participer ? Il suffit d’envoyer un courriel à l’adresse info@pilen.be (et cem@pilen.be en cc) avant le 24 septembre 2021 avec les informations nécessaires (voir le détail sur le site du PILEn). Retrouvez Lettres Numériques sur Twitter, Facebook et LinkedIn.…