Ne pas se laisser décourager par le texte un peu simpliste de la quatrième de couverture de ce nouvel ouvrage du poète bruxello-luxembourgeois Tom Nisse qui, parlant d’une « opportunité de prendre conscience de notre présent et de sa durée toujours fragile » ne rend, de mon avis, pas vraiment ni compte ni justice au très beau contenu de Contre la tactique de l’horloge.Certes l’écriture fragmentaire de Tom Nisse – pas celle d’un roman, ni d’un recueil de nouvelles – relate des souvenirs et réflexions qui sont par essence, puisque rédigés après « l’instant », conclus et donc fugaces, mais le propos et la valeur du livre se trouvent, à mon sens, ailleurs. Où ? Dans la liberté choisie, l’écriture et la forme éditée…
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…