Comès : D’Ombre et de Silence


RÉSUMÉ
Lire Silence ou La Belette, c’est entrer dans un monde où l’on sent qu’auteur et création se confondent. Un monde dont le silence lui-même est une composante essentielle. Comprendre la personnalité de Comès, comprendre d’où il vient, aide à comprendre son art. En suivant cette intuition, Thierry Bellefroid a rencontré les témoins de l’éclosion d’un homme et de son oeuvre : amis de longue date, auteurs, éditeurs, musiciens, membres de la fratrie et de la famille, compagnes. Ce livre met en lumière l’aspect intemporel du travail de Comès, son souci de mise en avant des marginaux et ses interrogations existentielles. Le monde rural, la nature et la sorcellerie ne sont toutefois pas occultés. Son meilleur ami Hugo Pratt et ses complices du magazine (À Suivre) – José Muñoz ou François Schuiten -, permettent de comprendre, entre autres, ses influences artistiques et son traitement du noir et blanc.

À PROPOS DE L'AUTEUR
Thierry Bellefroid
Auteur de Comès : D’Ombre et de Silence
Thierry Bellefroid, journaliste et présentateur à la RTBF, a de nombreuses passions. Il est l’auteur de quatre romans, Madame K ou la juste place des choses (Luce Wilquin, 2001), Lâche et persévérant (Luce Wilquin, 2002), Mon père, sa mère (Racine, 2006), Bonheur portable (roman pour téléphones portables publié sur www.smartnovel.com, 2010), d’un recueil de nouvelles, Zestes mondains (Luce Wilquin, 2003), de plusieurs scénarios de bande dessinée, de livres d'entretiens et de catalogues d'expositions de bande dessinée. Il a également été le commissaire de nombreuses expositions consacrées à la bande dessinée depuis 2009, dont Génération Spontanée ? La nouvelle scène indépendante belge, présentée à Angoulême, Paris, Aix-en-Provence, Bruxelles et Genève en 2011-2012, Le Monde de Troy (Festival d'Angoulême 2011), À l'Ombre du Silence, Une rétrospective de l'oeuvre de Didier Comès (Musée des Beaux-Arts de Liège, 2012), L'Âge d'or de la bande dessinée belge, La collection du musée des Beaux-Arts de Liège (Paris, 2015), Scientifiction, Blake & Mortimer au musée des Arts et Métiers de Paris (Paris, 2019-2020), Comès, D'Ombre et de Silence (Musée BELvue/Palais Royal, Bruxelles, 2020-2021) ou encore MachinaXion, Mortimer prisonnier du temps au château de La Roche-Guyon (La Roche-Guyon, France, 2022) Licencié en communication sociale de l’UCL où il a enseigné le journalisme pendant une quinzaine d'années jusqu'en 2020, Thierry Bellefroid débute comme journaliste pigiste à RTL, pendant 5 ans, avant d’intégrer la RTBF en 1993. Là, il s'initie à la radio et réalise quelques grands reportages en télévision (dont l'un lui vaudra en 1995 le prix audiovisuel de journalisme du Crédit Communal - aujourd'hui Prix Dexia) avant d’accéder à la présentation de JT Soir. Puis c’est l’aventure Signé Dimanche où, pendant trois ans, il a reçu plus d’une centaine d’invités. Thierry Bellefroid réintègre ensuite l’équipe de reportage du JT et signe régulièrement, le lundi dans l’édition de la mi-journée, une séquence consacrée à la littérature, pour laquelle il recevra le prix Ex-Libris 2003 (catégorie audiovisuel), décerné par l’association des éditeurs belges (ADEB) pour « (sa) contribution remarquable à l’information sur le livre ». Début 2004, il devient titulaire de la présentation du Journal de 13 heures à la RTBF télé. Parallèlement, il lance quelques mois plus tard avec Corinne Boulangier l'émission littéraire télévisée de la RTBF, Mille-Feuilles. Après sept années à la barre de Mille-Feuilles, Thierry Bellefroid lance avec ses chroniqueurs une nouvelle émission littéraire, Livrés à Domicile, dont le principe unique est de se dérouler intégralement chaque semaine au domicile d'une lectrice ou d'un lecteur. Il y recevra des centaines d'auteurs au cours de huit saisons. Vient ensuite la troisième émission littéraire, Sous Couverture, qu'il présente actuellement en compagnie de Lucile Poulain. En ce qui concerne la bande dessinée, qu'il confesse être sa passion, Thierry Bellefroid a multiplié les activités depuis le milieu des années 90. En radio, d'abord, où il chronique les nouveautés en bandes dessinées sur La Première, depuis plus de 25 ans et plus récemment sur Classic 21. En 2021, il a réalisé une première série de 10 émissions de 26 minutes pour La Première, consacrées à la vie du créateur de Blake et Mortimer, Edgar P. Jacobs. En 2022, une nouvelle série de podcasts de 10 épisodes est réalisée sous le nom : Les Cases de l'oncle Sam, ou les Aventures américaines de la bande dessinée francophone (diffusion décembre 2022 sur La Première). Toujours dans le domaine de la bande dessinée, Thierry Bellefroid a été membre du Jury du festival international de la Bande Dessinée d'Angoulême en 2000, puis, pendant cinq ans, membre du comité de sélection de ce festival où il a animé de nombreuses rencontres internationales. Il a siégé au sein du jury des Prix Töpffer et Prix International de la Ville de Genève pendant vingt ans, de 2001 à 2021 et a été membre de plusieurs autres jurys, dont celui du FIBDA, le Festival International de la Bande Dessinée d'Alger, pendant trois ans. Il a également été membre de la Commission d'Aide à la Bande Dessinée de la Communauté Wallonie-Bruxelles, de sa création (officieuse en 2001, puis officielle ensuite) jusqu'en 2015. Thierry Bellefroid est membre de la Fondation E.P. Jacobs depuis la remise en route de celle-ci, en 2020.
Didier Comès
Illustrateur de Comès : D’Ombre et de Silence
Dieter Hermann Comès est né en 1942, à Sourbrodt, en Belgique, à cinq kilomètres de la frontière allemande, dans les «Cantons de l'Est», territoires qui étaient, à l'époque, intégrés au troisième Reich. En 1945, après la Libération, il recouvre la nationalité belge et porte le prénom de Didier.Grâce à cette origine géographique particulière, à la pratique du bilinguisme familial, à la combinaison de deux cultures si antithétiques, on peut comprendre la richesse paradoxale et le déchirement latent de l'oeuvre. Ainsi, la guerre est plutôt vue du côté allemand dans L'Ombre ducorbeau; Silence, le bâtard muet, est le fils du gitan, l'étranger exécré; Pierre, l'adolescent autiste de La Belette, refoule la trop grande différence et la mésentente de ses parents et Hermann Koch, l'ancien S.S. racheté par son amitié avec Théophile, souffre d'un entourage hostile, pour lequel il demeure «le Boche»; Yva est l'androgyne fusionnel monstrueux et merveilleux, auquel rêvent les jumeaux d'Eva, aux accents rauques de Lili Marlène; la journaliste de L'Arbre-Coeur défend, par la violence guerrière et létale, son conte de petite fille; Cybèle, l'orpheline de La Maison où rêvent les arbres s'efface comme un trait de gomme, dans un univers magique régi par la vengeance des arbres sur la folie des hommes; finalement, grâce à l'intuition de Petite pisse partout, le chaman solitaire, rejeté par les siens, retrouve son identité et la force vitale du paradis perdu, dans Les Larmes du tigre. Au sortir de l'école, Didier Comès, dix-sept ans et un diplôme de dessinateur industriel en poche, ne se lance cependant pas dans la bande dessinée, mais travaille dans une usine textile à Verviers, de 1959 à 1969. A cette même époque, tout en ressentant une forte passion pour le jazz, qu'il pratique en semi-professionnel, il réalise quelques bandes dessinées en amateur, et cherche sa voie. Ainsi, en 1969, il s'exerce dans Le Soir Jeunesse, Spirou, avec Paul Deliege, ou Pilote (édition belge).Pour ce dernier périodique, il entreprend, en 1973, sa première grande série, Ergün l'Errant, réunissant les ingrédients du Space opera, récit de science-fiction qui traite d'exploration spatiale et de guerres galactiques. Après un premier récit intitulé Le Dieu Vivant, Dargaud ayant égaré les vingt premières planches du second épisode, il faudra attendre 1980 avant de connaître la suite, Le Maître des ténèbres.De 1976 à 1977, la formule belge de l'hebdomadaire Tintin accueille L'Ombre du corbeau, qui désoriente les jeunes lecteurs. Lorsque l'album sort en 1981, aux Éd. du Lombard, il est tout de même préfacé par J.-B. Baronian, spécialiste du fantastique .Cependant, de grands bouleversements vont modifier complètement la demande et le genre de la B.D. En effet, lorsque la revue A suivre est lancée, elle contacte Didier Comès et le succès ne se fait plus attendre. C'est ainsi que Silence obtient de belles récompenses.Pour l'an 2000, Didier Comès nous offre une méditation sur l'essentiel, dans un Canada intemporel, où le silence du dessin supplée l'économie du texte, sur les traces du Peuple Tigre, dont les larmes nous émeuvent.


NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Thierry BELLEFROID, Comès. D’Ombre et de Silence, Casterman, 2020, 145 p., 29 € / ePub : 19.99 €, ISBN : 978-2-203-18379-7Corbeaux, chouettes, chats, homme-cerf, paysages enneigés, personnages marginaux anguleux, rites d’initiation, génie du silence graphique mettant en scène la Bataille des Ardennes, les sombres conflits entre villageois, la mise à mort des êtres différents… Quarante ans après la parution de l’album Silence, le chef-d’œuvre de Comès, à l’occasion de la souveraine exposition Comès au musée BELvue à Bruxelles dont il est le co-commissaire avec Éric Dubois, Thierry Bellefroid consacre un essai magistral à ce créateur hors norme décédé en 2013.Que l’œuvre de Dieter…


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Thierry BELLEFROID , Comès. D’Ombre et de Silence , Casterman, 2020, 145 p., 29 € / ePub : 19.99 € , ISBN : 978-2-203-18379-7Corbeaux, chouettes, chats, homme-cerf, paysages enneigés, personnages marginaux anguleux, rites d’initiation, génie du silence graphique mettant en scène la Bataille des Ardennes, les sombres conflits entre villageois, la mise à mort des êtres différents… Quarante ans après la parution de l’album Silence , le chef-d’œuvre de Comès , à l’occasion de la souveraine exposition Comès au musée BELvue à Bruxelles dont il est le co-commissaire avec Éric Dubois, Thierry Bellefroid consacre un essai magistral à ce créateur hors norme décédé en 2013. Que l’œuvre de Dieter Comès né en 1942 à Sourbrodt dans les cantons de l’Est se doive d’être lue à partir de l’existence de ce maître absolu de la bande dessinée belge, Thierry Bellefroid le déploie avec passion et finesse. Au fil des pages rythmées par les dessins de Comès, l’ouvrage nous immerge dans un univers hanté par le non-dit, les forces invisibles, le surnaturel, la magie des forêts, le climat fantastique. Du Dieu vivant (1974) au Dix de der (2006) , Comès créera onze albums évoluant d’un style virtuose, en phase avec les couleurs psychédéliques des seventies, proche de Philippe Druillet, à la décantation de formes menant de l’archipel de la couleur à l’alchimie du noir et blanc dont Comès est l’un des sorciers incontestés. Après les femmes-fleurs, les hommes-papillons, les voyages galactiques d’un space opera initiatique truffé de références cabalistiques, Comès qui fut aussi musicien de jazz, percussionniste, emprunte un premier tournant esthétique avec L’ombre du corbeau qui évoque, comme il le fera dans son dernier album Dix de der , la guerre 14-18 qui fit rage dans les Ardennes. Sous l’influence d’Hugo Pratt avec qui il nouera une fidèle amitié, son style s’épure. Après Tardi, il raconte les tranchées, la boucherie du front. Dans un climat fantastique, confronté à des incarnations de la mort, un soldat allemand erre dans les limbes. Comès y tente une nouvelle grammaire, s’accommodant une fois de plus de la contrainte de la couleur mais décidant d’innover ailleurs, dans la mise en scène, dans l’architecture de la page, dans la rythmique .Thierry Bellefroid analyse la nature du virage, expose l’importation de la grammaire du cinéma dans la bande dessinée (panoramique, zoom avant, zoom arrière…), la synthèse des arts que produit l’artiste. Comès allie les instruments du cinéma à la narration graphique, mais, par-dessus tout, il explore les vertus du silence, ce silence des planches avec cases muettes qui l’a fasciné chez Hugo Pratt, ce passage à l’Œuvre au noir et au blanc qui renvoie au silence de son enfance marquée par la guerre, au père germanophone enrôlé dans l’armée allemande, à son mutisme lors de son retour du front russe. Coup de maître en 1980 avec Silence , une fable poétique sur fond de paysages ardennais, autour de Silence, un jeune homme à part, muet, déclaré attardé, au regard reptilien, proche des animaux qu’il magnétise, en butte à la méchanceté d’Abel Mauvy qui l’exploite. Amour interdit avec la sorcière, violence des villageois à l’égard de ceux qui sont différents ­­— Silence, les gitans, les nains… —, arcanes révélant les voies de passage entre la vie et la mort… Silence, l’exclu du langage, soulève une œuvre qui explore des formes d’échange non verbales, mystiques, animistes.L’empreinte du mystère, des dissociations de la personnalité, de notre part sauvage muselée par la société, des fantasmes, de l’onirisme domine La belette , le thriller psychologique Eva sur lequel planent les ombres de Hitchcock, de Klaus Nomi, L’arbre-cœur soulevé par des audaces graphiques qui réinventent le style… Comès ne nous parle pas de sorcellerie, d’envoûtements, de magie noire dans des campagnes reculées : magicien, il accomplit graphiquement des rites incantatoires, des sortilèges, s’attachant à des êtres en marge du système, plus proches du monde animal, végétal, minéral que de la société des humains qui les rejette.Magnifique voyage dans l’univers de Comès, Comès. D’Ombre et de Silence convoque aussi les témoignages de personnes qui l’ont connu, Hugues Hausman, François Schuiten, Benoît Peeters, Didier Platteau, Micheline Garsou, Christophe Chabouté… Le livre refermé, on rêve que, sept ans après la mort de Comès, le scénario de La maison où rêvent les arbres se concrétise : «  Un jour, les arbres se révoltent contre l’homme et leurs rêves engendrent des ptérodactyles, des crocodiles, qui agressent l’homme parce qu’il a rejeté la communion qui le liait à la nature, l’homme a rejeté la mémoire du bois. Les livres commencent à rejeter l’encre  ».À l’occasion de l’exposition Comès. D’Ombre et de Silence au musée BELvue (jusqu’au 3 janvier 2021, Fonds Comès de la Fondation Roi Baudouin), Casterman publie Ergün l’errant (réunissant ses deux premiers albums Le dieu vivant et Le maître des ténèbres ), Comès, les romans noir et blanc, 1976-1984,…

Nos terres sombres

Située à Vielsalm, au coeur des Ardennes belges, La «S» Grand Atelier propose une série d'ateliers de création pour des artistes mentalement déficients et fonctionne comme un laboratoire.Depuis 2007, La «S» met l'accent sur une approche narrative de l'image et la rencontre entre le Frémok et La «S» a débouché sur un ouvrage collectif qui va donner son nom à l'ensemble du projet : «Match de catch à Vielsalml». Le projet se poursuit depuis avec une nouvelle série de récits créés en binôme. Paz Boïra a été accueillie en résidence entre 2009 et 2010. Nos terres sombres constitue le troisième round de ce match de catch.Certaines rencontres sans bruits. En choisissant de travailler avec Rémy Pierlot, Paz Boïra se rend rapidement compte qu'héritier d'une éducation irréprochable, il cache ses réflexions derrière des formules de bienséance et se protège en s'entourant de phrases toutes faites, adaptées à toutes les situations. Il s'avère nécessaire de trouver un terrain de dialogue autre que la parole. Rémy nourrit une fascination et une curiosité insatiable pour la nature, (qu'il a déjà dessinée avec Vincent Fortemps quelques temps auparavant dans Match de catch à Vielsalm), et montre à la dessinatrice les photos qu'il prend lors de ses promenades au bord des routes. La nature est une thématique chère à Paz Boïra, le sujet de son prochain livre, et ce terrain familier devient dès lors le lieu de rendez-vous des deux artistes. Les animaux, premiers habitants de ce territoire sauvage, commencent à peupler l'atelier silencieux et éloigné qu'ont choisi d'occuper Paz et Rémy pour travailler calmement. Face à face, leurs tables à dessin se remplissent de monotypes où apparaissent de grands ours, que Rémy dessine d'après photo. « Je trouve que dans sa façon de les dessiner il y a quelque chose de beaucoup plus proche de ce qu'est l'animalité (...) et ses animaux ont une présence bien plus vivante que quand je les fais moi ». Les échanges de dessins et le passage d'une main à l'autre permettent peu à peu à Paz Boïra de cerner ce dont elle va pouvoir se saisir pour armer leur récit. Elle perçoit, dans le charme que produit l'évocation des animaux chez Rémy, un lien très fort de ce dernier avec l'animalité et l'inconscient, une proximité qu'elle lutte pour retrouver dans son propre travail. Et c'est autour de cette perception instinctive qu'elle choisit d'articuler leurs travaux. Dans les sous-bois, où de splendidesoiseaux et mammifères se dressent entre de lumineuses clairières et les feuillages densifiés par le monotype, un homme et un ours arrivent à l'entrée d'un souterrain aux mille ramifications, une constellation de terriers. On devine que c'est…