“ J’avais cinq ans et des cadeaux… C’est Virginie qui nous parle, avec les mots, les images. la sensibilité d’une enfant de cet âge. Par les histoires qu’elle nous raconte et se raconte, elle trahit ses angoisses, ses rêves et ses frustrations.
Cette sixième année qui s’ouvre devant elle ne lui apportera pas que des cadeaux, loin de cette mère qui habite “ près de la gare ” avec un mystérieux ami, tandis qu’un père architecte, absorbé par sa profession, refait sa vie avec une nouvelle compagne. “ Les papas ont des grands bras et des grandes jambes pour mettre les toits sur les maisons. ” Mais quand ils vous mettent coucher, “ ils ont les mains plus froides que les mamans
Cela peut conduire une petite fille au bord de l’anorexie, même quand le père a beaucoup de chèques pour acheter dans les magasins plus de paquets que tout le monde, et que la maman porte dans son ventre un petit frère venu d’ailleurs, pour habiter ailleurs, et qui ne sera jamais un petit frère tout à fait.
Est-il vrai qu’il vaut mieux que les pères et les mères se séparent “ quand on ne s’aime plus autant qu’avant ” ? Quand ils n’aimeront plus leurs enfants autant qu’avant, vont-ils aussi en changer ? Y aura-t-il un jour une grande maison pour tout le monde, où plus personne, jamais, ne sera loin de personne? –
Telles sont les questions que nous pose Virginie, avec le sérieux des enfants, même si nous- ne pouvons nous empêcher de sourire devant la drôlerie de son ingénu caquetage.
Auteur de Cinq ans et des cadeaux
Éric Derkenne a fait du visage le théâtre de ses précises opérations.Jour après jour cerné de lignes ombrageuses, le siège du combat se disloque en de sombres cavités. Les yeux, les oreilles, les narines, la bouche sont autant de gouffres que l'artiste sonde inlassablement et qui emportent celui qui les scrute dans des tourbillons vertigineux. Les têtes prennent corps et dans ce bataillon de figures totémiques, chaque soldat se distingue grâce à une infinité de détails graphiques.Parti d'un bigbang de formes colorées et isolées dans l'espace, Éric Derkenne a mis en place au fil des ans une méthode précise et immuable, un réseau de circonvolutions de cercles et de serpentins qui envahit la feuille blanche, donnant naissance à d'énigmatiques portraits. Tel une « dentellière du stylo à bille », il s'est abîmé avec application dans ce lent ouvrage de tissage, d'entrelacement de lignes, ceignant sa propre image, par maints assauts répétés. À l'identité qui défaille, Éric Derkenne a répondu…