Boule de Juif




À PROPOS DE L'AUTEUR
Foulek Ringelheim
Auteur de Boule de Juif
S’il avait su, sans doute aurait-il suggéré de différer sa naissance. Il est donc né sans le savoir, de parents juifs polonais, dans l’enceinte de l’usine Ougrée-Marihaye où son père travaillait comme manœuvre. Le jour de son quatrième anniversaire, le 20 janvier 1942, on le gâte : ses parents lui offrent un tambour et les « hauts dignitaires » de l’Allemagne nazie, réunis à Wannsee, lui offrent une Solution finale. On le cache dare-dare dans l’orphelinat Saint-Joseph à Waremme où il est bientôt transi d’amour pour Marie et Jésus-le-fruit-béni-de-ses-entrailles, il maudit les juifs qui ont tué le fils unique de Dieu, et, exalté par son désir de rédemption, clame qu’il veut être curé. Ce n’est pas sans une pointe d’envie qu’il observe aujourd’hui la sublime carrière de Monseigneur Lustiger. Il se rêve encore, parfois, évêque de Liège, nonce apostolique. La guerre finie, sa mère s’empare de ce morveux christique et se le réenjuive en un tournemain. Adieu prêtrise, bonjour traîtrise. Deux fois renégat à sept ans : un pedigree qui a du chien. Il se déclare juif férocement athée. La disparition de son père dans les nuages d’Auschwitz a creusé en lui un trou où se loge une écrasante absence. Ce n’est pas tout de se dire juif, encore faut-il savoir ce que c’est. C’est quoi, être juif ? C’est difficile. Mais encore ? Une exquise obsession. Si on insiste, il vous sort, non la Bible mais Rimbaud dont le Je est un autre recèle la clef de l’énigme : le juif est un autre, autre que les autres. Le juif c’est l’autre. Il conçoit sa judéité comme pure altérité. Par goût du bavardage et dégoût de l’injustice, il devient avocat. En mai 68, au barreau de Bruxelles, il entremêle plaidoirie et contestation. Directeur de la revue Pro Justitia, revue juridique marxisante, il publie un entretien avec Jean-Paul Sartre sur la justice populaire. Il se fait juge pour écrire assis. Il anime la revue juger. Son premier roman, Le juge Goth, raconte l’histoire d’un juge qui se prend pour Monsieur Plume ; le deuxième, La seconde vie d’Abram Potz, celle d’un vieux psychanalyste à l’âme circoncise, sombrant dans le crime. Pourquoi écrit-il ? Pour consoler sa mère d’être morte sans savoir lire. Sully 2 ŒUVRES QUE JE SOUHAITE FAIRE CONNAITRE Primo Lévi, Si c'est un homme Philip Roth, La Tache 3 LIVRES DE MA BIBLIOGRAPHIE Edmond Picard, Jurisconsulte de race Le juge Goth La seconde vie d'Abram Potz


NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Le narrateur a treize ans quand débute le récit, du côté de Liège, il en aura seize à la fin du livre. Et l’on subodore être face au premier tome d’une autobiographie. Mais Foulek Ringelheim (1938-2019) est mort avant la sortie de Boule de Juif, nous privant de leviers de compréhension. Vers la fin du volume, après des études primaires fort chaotiques, il souhaite devenir tourneur ajusteur quand un malentendu le propulse dans une section latine. Or il sera un jour avocat, magistrat, écrivain (des essais mais aussi deux romans fort remarqués, Le juge Goth et La seconde vie d’Abram Potz). Une lecture très attentive, toutefois, permet de discriminer une foule d’indices à travers les aventures tragiques et drolatiques du petit Foulek. Ce…


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L’ouragan a frappé Nyundo

Félicité Lyamukuru était adolescente lorsque, le 7 avril 1994, se déclencha le carnage. « Le génocide m’a trouvée en troisième secondaire. J’avais seize ans, j’étais vieille. » Presque toute sa famille fut anéantie dans le cataclysme qui ensevelit au Rwanda un million de Tutsis.Elle voulut d’abord oublier ces mois d’épouvante, d’arrachements, d’insoutenable douleur, terminer ses études, vivre « normalement ». «  J’ai mis du temps à entrer dans la grotte de mes souvenirs  », écrit-elle aux premières pages de son récit poignant L’ouragan a frappé Nyundo .  Elle franchissait un grand pas en participant pour la première fois, le 7 avril 2008, à Bruxelles où elle habite depuis l’an 2000, à la marche aux flambeaux qui commémore chaque année la mémoire des victimes. «  Désormais, j’assumais mon identité de rescapée.  »Comprenant que la parole est plus féconde que le silence, elle formait, vingt ans après la tragédie, le projet d’apporter un témoignage encore brûlant, de livrer son «  fragment de vérité  ».Le livre s’est élaboré en deux ans, associant Félicité Lyamukuru et Nathalie Caprioli, qui lui avait proposé d’être sa plume.Au long de rencontres denses, le désir initial de laisser à ses quatre enfants des traces de son histoire familiale saccagée s’est mué, pour Félicité, en quête de sens. 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