Avoir connu San Francisco et autres poèmes


RÉSUMÉ

Avant-lire de Lise ThiryÀ propos du livre

Trente-trois poèmes et un épilogue mettent en lumière les thèmes qui ont charpenté l’œuvre de Marcel Thiry (1897-1977) : le brusque tour du monde effectué comme soldat entre 1915 et 1918, l’envoûtement persistant pour le voyage et les villes étrangères, le double métier d’homme de lettres et de marchand de bois,…


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Lire un extrait

Avoir connu San Francisco,
Avoir connu comme Carco
Les nobles filles crapuleuses,

Avoir vu dans Pernambuco
Les grands catalpas tropicaux
Régner mauves sur les pelouses,

(Ou si n'avoir pas vu ceci
Avoir vu des choses aussi
Tropicales ou du moins presque,)

Et n'être plus que cet assis
À mettre en vers les vieux récits
Presque authentiques de ses frasques.
Table des matières

Avant-lire, par Lise Thiry

PREMIÈRE PARTIE
J'ai connu un beau tramway blanc
Ne pars pas encore. Cultive
Au pays sans danger des femmes à vélo
Je me souviens encor de vos rouges falaises
Décembre est doux
Sur le pont supérieur étaient les Défendues
Poseurs de rails qui mettons bout à bout
Un soldat très doux, à la tête trépanée
Nous qui avons semelles de silence
Tu tiens l'atlas ouvert sur tes genoux

DEUXIÈME PARTIE
Avoir connu San Francisco
Tous les grands ports ont des jardins zoologiques
Asie au nom de maladie
Tu peins en bleu des chameaux délicats
Toi qui pâlis au nom de Vancouver
Parce qu'un remorqueur brame devant l'écluse
La poésie de la rue calme
L'ange À-quoi-bon descend quelquefois
Il marche dans la ville, il s'arrête aux librairies
Robinson monte au ciel avec son doux bagage

TROISIÈME PARTIE
Je traduis ce matin le jugement de Zwolle
À Gorinchem
Toi qui as une enfant malade à Ostende
Changé en usine à penser des choses tristes
La Mer de la Tranquillité est dans la lune
Es-tu là, poésie, incertaine gypsie secrète
J'aime en raison de toi le peuple des tramways
Mais au creux le plus haut de l'à-pic
Ce qu'on apprend par ton corps en dansant
De tes yeux doux comme le mot dégel
Le grand cheval que vous chevauchiez
J'ai toujours confondu dans un même mystère
Ne dis pas que tu n'as rien appris

ÉPIOLOGUE
Tous les arbres que j'ai tués


À PROPOS DE L'AUTEUR
Marcel Thiry
Auteur de Avoir connu San Francisco et autres poèmes
Marcel Thiry est né en 1897 à Charleroi. Il a quelques mois quand ses parents viennent s'établir à Liège, qui constituera son point d'attache et lui fournira un de ses décors du cœur.Il est élève à l'Athénée de Liège quand la guerre 1914-1918 éclate. Sur le point de terminer ses humanités, il abandonne ses études pour s'engager. Le chemin du front, pour lui, passera par la Hollande, l'Angleterre puis la France.C'est là que se constitue une unité d'autos-canons (des «blindées», disait-on alors, en mettant le mot au féminin, parce qu'on sous-entendait le mot voiture) où le recrutement s'effectue un peu par cooptation : Marcel Thiry et son frère Oscar y sont intégrés.En vue de renforcer l'allié russe, les Occidentaux lui envoient troupes et matériel.Les autos-canons s'embarquent à Brest le 21 septembre 1915, débarquent à Arkhangelsk et gagnent Tsarskoïe-Selo (aujourd'hui Pouchkine), dans la banlieue de Saint-Pétersbourg, où les accueille le tsar lui-même.L'unité participe à différentes opérations militaires jusqu'à la révolution de 1917. À la guerre avec l'Allemagne et l'Autriche- Hongrie succède la guerre civile: Blancs contre Rouges. Dans ce genre de conflit, la présence de soldats étrangers en armes est toujours cause de difficultés.Comme la guerre se poursuit à l'Ouest, les Belges sont amenés à regagner leur pays. Ils le feront par l'Est, par le chemin le plus long, c'est-à-dire en faisant le tour du monde. Ils empruntent le transsibérien cher à Blaise Cendrars : Omsk, Karbine, Vladivostok. De là, passage aux États-Unis où la troupe est accueillie avec délire. Défilés, fêtes. Il faut dire aussi que ces jeunes hommes, qui ont vu le feu, servent la propagande du président Wilson qui, après avoir mené une politique visant à tenir son pays à l'écart de la guerre, vient de décider d'y entrer, suite à différents événements préjudiciables à son pays.Retour à Bordeaux le 28 juin 1918; la guerre est proche de son terme.Démobilisé, Thiry n'est détenteur d'aucun diplôme. Mais l'État décide d'accorder des facilités à ceux qui, à vingt ans ou un peu plus, sont des anciens combattants. Thiry entre à l'Université de Liège où il obtient le titre de docteur en droit. Comme il le racontera lui-même dans Falaises, il réussira à être diplômé d'Université... sans avoir son diplôme d'humanités.Marcel Thiry plaide jusqu'en 1928, année où, à la suite du décès de son père, il lui succède dans le commerce des bois et charbons.Le voilà parmi les marchands. Il en connaîtra l'existence bousculée, les incertitudes; il connaîtra la faillite et des moments d'exceptionnelle aisance. Au fil du temps, il donnera la préférence au négoce des bois, ce qui lui permettra de circuler de la Hollande à la France et de chanter les villes et l'«astrale automobile».Avec les remous nés de la montée des fascismes, Marcel Thiry prend position contre les dictatures (Hitler n'est pas jeune). Pendant la guerre, il publie des textes aux Éditions de Minuit clandestines (cf. Pierre Seghers, La résistance et ses poètes).Élu dès 1939 à l'Académie de Langue et de Littérature Françaises de Belgique, il ne prononce son discours de réception qu'au lendemain du conflit, le 15 avril 1946. En 1960, il devient secrétaire perpétuel de cette Académie, et le reste pendant douze ans.Défenseur de la cause française et de la communauté francophone, Marcel Thiry est élu, en 1968, sénateur de Liège, sur une liste du Rassemblement wallon. À ce titre, il représentera notre pays à plusieurs sessions de l'O.N.U.Il décède en 1977.

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