Autobiographie d'un poulpe et autres récits d'anticipation


RÉSUMÉ

Connaissez-vous la poésie vibratoire des araignées ? l’architecture sacrée des wombats ? les aphorismes éphémères des poulpes ? Bienvenue dans la “thérolinguistique”, une discipline scientifique majeure du IIIe millénaire qui étudie les histoires que les animaux ne cessent d’écrire et de raconter. En laissant libre cours à une imagination débordante, Vinciane Despret nous plonge au cœur de débats scientifiques passionnants qu’elle situe dans un futur indéterminé. En brouillant les pistes entre science et fiction, elle crée un trouble fascinant : et si, effectivement, les araignées nous interpellaient pour faire cesser le brouhaha de nos machines ? Et si les constructions des wombats témoignaient d’une cosmologie accueillante, offrant ainsi une formidable leçon de convivialité ? Et si les poulpes, adeptes de la métempsychose, se désespéraient de ne plus pouvoir se réincarner du fait de la surpêche et de la pollution des océans ? Par cette étonnante expérience de pensée, Vinciane Despret pratique un décentrement salutaire ouvrant la voie à d’autres manières d’être humain sur terre…


COUPS DE CŒUR ET SÉLECTIONS

À PROPOS DE L'AUTEUR
Vinciane Despret
Auteur de Autobiographie d'un poulpe et autres récits d'anticipation
Née à Anderlecht, Vinciane Despret a grandi et vécu à Liège. Elle y habite toujours, dans l’un des endroits les plus typiques de la ville, en son cœur historique. D’abord étudiante en philosophie –«ce qui m’a mené droit au chômage», sourit-elle – elle a vite repris des études de psychologie. Elle croise rapidement l’éthologie, l’étude du comportement des animaux, et se passionne pour les humains qui travaillent avec eux. Hasard étonnant de son parcours : c’est lorsqu’elle est munie de son diplôme de psychologue que la faculté de… philosophie de l’ULg l’embauche. Sa seule vraie question, à ce moment, sera de savoir comment elle pourra concilier les deux disciplines, ses deux motifs d’enthousiasme.
Elle va logiquement emprunter la voie de la philosophie des sciences et mettre ses pas dans ceux de deux grands penseurs qu’elle cite – et fréquente – souvent, aujourd’hui encore : Isabelle Stengers et Bruno Latour. Elle veut désormais suivre les scientifiques dans leur pratique, comprendre « comment ils rendent leurs objets intéressants », raconter leur œuvre de «traduction», d’invention. Elle entend comprendre et expliquer comment ils bâtissent une théorie, quelles influences ils subissent, comment l’animal qu’ils observent devient acteur de cette création de savoir. Son premier essai d’anthropologie de l’éthologie sera consacré à un oiseau, le babbler, observé par un éthologue israélien. Sa thèse de doctorat ( "Savoir des passions, passion des savoirs", en 1997) se situe dans le droit de fil de sa démarche : elle tente de comprendre comment les théories des émotions peuvent être analysées de la même manière.
La suite de son parcours oscillera entre la psychologie humaine et l’éthologie. Elle voudra, en fait, associer les deux disciplines et s’intéresser à ce qu’elle nomme «les conséquences politiques de nos choix théoriques». Elle étudiera donc aussi bien le «comment vivre» avec l’animal que les questions, proprement politiques à ses yeux, posées par les pratiques psychothérapeutiques avec l’homme.
Le premier domaine a été illustré, avant la parution de Bêtes et hommes (Gallimard), par son livre Quand le loup habitera avec l’agneau (Le Seuil/Les empêcheurs de penser en rond), dont le point de départ était l’étude des modifications dans notre conception de la nature et des hommes en fonction des mutations politiques, religieuses, sociales du monde : Charles Darwin a retrouvé dans le monde animal la compétition et la concurrence – sans oublier les rapports de domination entre les sexes, autre sujet-clé pour la scientifique – qui caractérisaient la société industrielle du 19e siècle. Kropotkine, naturaliste et anarchiste russe, y trouvait, quant à lui, les preuves de l’existence d’une solidarité et plus seulement d’une lutte pour l’existence…
Auteur prolixe d’articles, de conférences et de contributions diverses – sans oublier ses divers enseignements – Vinciane Despret a assuré très récemment le commissariat de la grande exposition Bêtes et hommes, à la Grande halle de La Villette, à Paris. Elle s’est également vu décerner deux prix : le prix des humanités scientifiques octroyé par sciences Po, à Paris, en septembre 2008 et le prix du Fonds international Wernaers pour la recherche et la diffusion des connaissances. Esprit perpétuellement en éveil, très intéressée à l’occasion par la stratégie du «contre-pied», Vinciane Despret entend aborder désormais une question d’apparence saugrenue, paradoxale – peut-être même un tabou. «Comment les gens définissent-ils les relations possibles avec des êtres caractérisés par de tout autres modes de présence et d’existence que sont les personnes décédées ? Et comment explorent-ils avec perplexité les registres possibles pour penser l’action, l’influence, l’absence et la présence des morts ?» se demande-t-elle. Revenant par ce biais à l’anthropologie des humains, elle espère, souligne-t-elle, «étudier les modalités d’entrée en relation avec les morts, bien plus diverses que ce que la doxa traditionnelle des psy veut bien le laisser entendre».
Biographie tirée du site de l'auteur.

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:xfirstword - "Autobiographie d'un poulpe et autres récits d'anticipation"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9955 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Au-delà des mères

«  Elle espérait que son exemple me donne de la force. Mais c’était tout le contraire qui se produisait  ».…

La conjecture : Mémoires apocryphes

Le 16 décembre 1944, une violente attaque allemande fait…

Les mardis d’Averell Dubois

Du plus grave au plus folâtre, voire au burlesque, la tessiture littéraire de Frank Andriat s’épanouit à tous les niveaux avec une liberté de cancre surdoué, ce qui est bien entendu la marque de tout bon professeur. De la fable politique aux frasques de Bob Tartouze en passant par la pédagogie et l’enseignement (son beau souci), la pédophilie, l’inceste, les biographies, la psychologie, les paraboles, les approches philosophiques etc., il s’ébroue à travers une profusion d’ouvrages qui frise la surabondance. Cette fois c’est dans la veine comico-philosophico-réaliste qu’avec l’antihéros français Joe Dubois (dit Averell ) né en 1965, il fait un bout de chemin chaotique mais en principe prometteur de baraka puisqu’il débute par une glissade de l’adolescent sur un copieux étron, glissade provoquée par celui qui deviendra son pire ennemi : l’arrogant Bill Babeleer. Cela se passe évidemment un mardi, le jour de la semaine où toutes les guignes lui tombent dessus. Fils unique de parents modestes, mais « comme il faut », donc ennuyeux, et figés dans les traditions, donc celle du gigot dominical, son père laveur de vitres s’est résigné à la dictature feutrée de Jocelyne, épouse et mère abusive, par ailleurs reine du saint-honoré au rayon pâtisserie d’Auchan… Et puis, en plus de ces gens-là, il y a Emma, la voisine dont les nibards sont beaux comme des soleils ou en tout cas comme deux énormes pastèques qu’Averell, dans tous ses états, mate depuis sa fenêtre. Vision qui représente pour l’heure l’idéal féminin aux yeux de celui qu’un bilan scolaire courtaud a projeté chez Auchan comme premier vendeur au rayon chaussures et ce grâce au sacrifice suprême consenti par Jocelyne (et par pur amour maternel) à un petit chef de la grande boîte.On n’en dira pas plus sur l’auto-éducation sentimentale mouvementée d’Averell et sur un parcours drolatique héroïsé avec constance par un hymne à la marque Peugeot (les mythiques 204 et 206) dont Averell finit par être le vendeur vedette au grand chagrin de son ami Karim qui, lui, ne jure que par la Lada Niva. Parcours rythmé aussi par les événements marquants de l’actualité mondiale qui témoignent sous la plume d’Andriat que la vie d’Averell relève de l’authenticité et s’inscrit bien dans le contexte historique… D’ailleurs, c’est lors des attentats contre les tours jumelles de New-York que s’achève ce récit par ailleurs plus clément envers celui qui a trouvé enfin le bonheur conjugal. Le voilà aussi – juste mais sévère retour des choses – délivré de l’insupportable Babeleer péri en rue sous les roues d’un Boxer Peugeot après une glissade excrémentielle.Mais comme souvent chez l’auteur, la veine comique ou la caricature sont aussi les vecteurs d’une vision positive de la vie qui s’exprime par petites touches. Comme cette citation de Nietzsche soudain rejaillie chez Averell d’une phrase lue autrefois, extraite de Ainsi parlait Zarathoustra, qu’il adresse à sa fille : «  Il faut encore porter du chaos en soi pour pouvoir donner naissance à une étoile dansante » ou encore, ultime propos du récit face aux images calamiteuses du drame new-yorkais : «  Éteins la télévision, s’il te plait. Quand la Terre pleure, il faut se détourner des ombres et se nourrir de lumière  ». Comme quoi un convoi…