On ne présente plus, ou presque plus, Marzena Sowa et Émilie Plateau. Marzena Sowa est une scénariste prolifique de bande dessinée, qui a reçu en 2023, le Prix des Écoles du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Émilie Plateau a quant à elle reçu le Prix Atomium de la Fédération Wallonie-Bruxelles et est fort connue pour son implication dans le milieu du fanzine. Mais, on lui doit aussi des livres marquants comme « Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin » (Dargaud) nommé aux Eisner Awards et « L’épopée infernale » (Misma).
Le duo se penche aujourd’hui sur l’histoire de Vivian Maier. Ce nom, s’il ne dit rien à certain·e·s a pourtant marqué de son empreinte la photographie.
Vivian naît à New-York en 1926. Elle est cependant issue d’une famille aux racines européennes. Son père est autrichien, sa mère est française. Le couple se sépare alors que Vivian n’a que huit ans. Elle suit donc sa mère, qui la ramènera pour un temps en France dans le domaine familial. Domaine dont elle héritera plus tard. C’est dans ce lieu qu’elle s’essaye pour la première fois à la photographie.
Cet art qu’elle fait sien en devenant une photographe du quotidien ne lui vaudra jamais de reconnaissance de son vivant. Vivian Maier a vécu toute sa vie de petits boulots. Elle sera notamment nounou pendant 40 ans. Les rencontres avec les enfants marquent une partie de ce parcours.
Ses photographies ne seront révélées au grand jour qu’après sa mort et l’acquisition de son garde-meuble par John Maloof, qui y découvre plusieurs dizaines de milliers de négatifs.
Cette découverte signe la reconnaissance de l’artiste. On y découvre une photographe du quotidien qui a traversé le vingtième siècle aux États-Unis. Ce qui donne l’occasion de découvrir tant l’évolution d’un médium que d’une pratique artistique. Vivian Maier propose dans ses clichés une multitude de sujets. Les autrices mettent notamment une focale sur l’engagement de la photographe pour les combats sociaux tant dans le domaine des droits civiques, qu’au sujet de l’antimilitarisme durant la guerre du Vietnam ou en ce qui concerne la condition de la femme.
Ce roman graphique est une biographie riche. Ce qui fait écho à ce que dit la photographe dans un phylactère : la photographie est un journal intime d’une vie. Voici que ce journal est mis en abyme dans une bande dessinée.
Ce regard sur le monde par une artiste du vingtième siècle permet à deux autrices du vingt-et-unième de proposer une oeuvre portée par un trait clair, vivant et dynamique.
Clément Fourrey