Croire que seuls les monstres font peur dans la vie, c’est un peu réducteur. La peur n’est pas si rationnelle que ça. D’ailleurs, on peut aller plus loin et voir que les monstres, eux aussi, ont peur. C’est ce que Arnold Hovart, artiste ayant fait ses armes à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, va nous démontrer.
Quand du haut de ses toilettes, un petit garçon hurle à plein poumons « Qui veut m’essuyer ? », on pourrait se demander ce que cela peut bien avoir à faire avec la peur. Pourtant, il suffit d’ouvrir le livre de Arnold Hovart pour faire le lien. En effet, le cri poussé, l’enfant saute en bas de son assise. Il traverse la maison puis la cuisine. Personne !
Enfin en apparence, personne ne semble vouloir lui répondre. Tout le monde se cache pour ne pas venir en aide au garçon, qui n’attend qu’une chose, un petit coup de main. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’enfant va plus loin. Il sort dans la forêt, par-delà les montagnes, jusque dans des mondes mystérieux. Et bien des créatures s’échappent à la vue de l’enfant. Les monstres, les loups garous et les momies se font la malle quand il apparaît avec son rouleau de papier toilette.
L’histoire est simple, certes. On pourrait se dire qu’elle use de ressorts scatologiques. Mais point du tout. Le scénario est un prétexte. Car ce qui impressionne particulièrement, c’est le jeu sur la narration des images. Nous découvrons des pépites d’inventivités pour que les personnages fuient et se cachent dans un décor recherché et fouillé. Dans des nuances sombres, de noir, de blanc et de gris, l’illustrateur offre un vrai plaisir pour les yeux. Les images s’articulent entre humour et maîtrise. On peut passer un certain temps à observer ce que l’artiste nous donne à voir.
Avec l’enfant, le décryptage de l’image peut donc devenir un réel plaisir de partage. On par ailleurs échangera peut-être avec les petits sur des thèmes aussi variés que les contes de fées, les monstres ou, encore, la peur. Objet de dialogues, les images d’Arnold Hovart ouvrent à un monde de possibles. L’adulte amateur de construction graphique pourra lui aussi trouver son plaisir dans ce petit livre.
La conclusion est simple et efficace. Mais je n’en dirai pas trop. Au-delà de l’apparente facilité qu’on pourrait constater sans y regarder de trop près, cet ouvrage fait en réalité preuve d’une inventivité foisonnante. Le livre est conseillé dès trois ans. Je le recommande aussi aux plus grands.
N’hésitez donc pas un instant à découvrir cet ouvrage qui surfe entre humour et belles images.
Clément Fourrey