Image de l'oeuvre - Pendant la sieste

Notre critique de Pendant la sieste

Soleil qui tape, chaleur qui frappe, Pendant la sieste c’est l’histoire d’une réalité qui nous échappe. Écrit et illustré par Martina Aranda, cet album nous plonge dans le quotidien d’une petite fille et de sa grand-mère en Espagne au bord de la mer.

Entre baignade, sieste et goûter, le temps passe mais ne laisse jamais de place aux nuages.

Difficile pour nous d’imaginer les jours d’été d’un pays où s’affolent constamment les degrés. Avec son nouvel album, Martina Aranda arrive à nous immiscer au cœur de cette réalité.

Pendant la sieste c’est le récit, écrit à la première personne, d’une enfant qui nous dévoile l’intimité des moments passés avec sa grand-mère. Rythmés par le repas du midi, la sieste, la plage et le goûter, ils créent des souvenirs que l’on sait indélébiles.

L’autrice accorde une grande importance à la répétition et à l’intimité. La première entrainant la seconde. Les personnages et leur relation se développent au fur et à mesure d’un quotidien qui se répète mais ne se ressemble jamais totalement. Martina Aranda utilise les mêmes couleurs primaires tout au long de l’album pour illustrer et symboliser les personnages. Rouge pour la petite fille, vert pour la grand-mère. D’autres couleurs viennent s’ajouter et élargir la palette en fonction des situations représentées, créant un sentiment de confort et de nouveauté à chaque page tournée. Les mots suivent le même schéma de pensée. Ils forment des phrases simples et courtes, ils reviennent, tout comme dans un journal intime d’enfant ou - pourquoi pas - un poème.

Pendant la sieste est un récit intime qui éveille les sens. Tout particulièrement le goût et l’odorat. La jeune fille est fascinée par les beignets de sa grand-mère et les graines de tournesol au goût iodé. La grand-mère, quant à elle, a des draps de lit en coton qu’elle laisse sécher au vent et de la menthe qu’elle aimerait voir pousser. En lisant, on a parfois l’impression d’être à leurs côtés, de sentir et de goûter aux parfums d’été.
On retient tout particulièrement un moment vers la fin de l’album qui symbolise la rencontre des deux mondes, le partage d’une complicité et d’un amour familial.
Percevant la tristesse de sa grand-mère qui n’arrive pas à faire pousser ses plantes, l’enfant se rend dans un magasin afin de trouver celles qui, de par leur odeur, lui font penser aux moments qu’elles passent ensemble.

Martina Aranda nous invite à une balade des sens, un moment d’intimité suspendu. Pendant la sieste est un album à glisser dans son sac de plage et à ouvrir après une baignade, blotti sous le parasol et collé à la serviette de ceux qu’on aime, un beignet à la main.
Nina Dherte