Notre critique de Pas de géant

Ses bottes occupent une grande place sur la page, de même que sa loupe, et que sa tête coiffée du bonnet : à n’en pas douter ce narrateur-là est bien un géant. Dans le jardin qu’il a rejoint à l’aube, la coccinelle est déjà au rendez-vous, les pucerons n’ont qu’à bien se tenir. Ouf, le long serpent vert — vert comme ses bottes de géant — n’est qu’un vulgaire tuyau d’arrosage ! Par contre sous les feuilles s’organisent des expéditions et se trament des combats en tous genres. Mais le géant a d’autres ambitions. Ses bottes se font de sept lieues pour enjamber des rivières et des forêts. Et voici les choses sérieuses : la piste d’un ours, la proximité d’un éléphant. Et qui sait la silhouette d’un kangourou, d’une girafe, d’un crocodile ? Devant le danger il faut fuir. Mais peine perdue. « Deux mains énormes » m’ont agrippé et soulevé de terre ». À qui appartiennent-elles, ces mains énormes ? La réponse est dans l’album.



Qu’il est plaisant de saluer la « naissance » d’une nouvelle grande artiste. Après Germaine aux oiseaux, voici le deuxième livre publié par Anaïs Lambert. Pas de géant figure dans la sélection de la Petite Fureur de Lire 2018. Rien d’étonnant à ce que cette auteure illustratrice ancre son inspiration dans l’observation de la nature : elle a grandi dans les Ardennes. Mais comment expliquer que d’emblée ses illustrations soient aussi réussies, que la construction du récit aussi maitrisé ? Est-ce que son talent de musicienne – violoniste elle adore raconter en musique – l’aide à insuffler un tel rythme ? Et où a-t-elle appris à voyager ainsi en douceur entre réel et imaginaire ? Sur son site, elle énumère les techniques qu’elle utilise : monotype, collages, pochoirs, crayons de couleurs, empreintes, fusain et même théâtre d’ombres. Ce qui annonce un futur de belles découvertes.  (Maggy Rayet)