Avec sa petite couverture bleue, Où est passé le vent ? nous saute directement aux yeux. On a envie de se précipiter dans le nouvel album de Bernadette Gervais. Et, on aura bien raison. La petite couverture bleue annonce un moment de complicité en famille lors d’une lecture partagée. Mais ce livre peut aussi se savourer tout seul. Ne craignez rien, vous n’aurez pas tort d’y aller que vous soyez petit ou plus grand.
Avec un travail sur la couleur bleue, apaisante, Bernadette Gervais s’interroge sur la disparition du vent. On a perdu cet élément naturel. On ressent le calme qui précède les tempêtes. Plus rien ne va. Les mouettes ne volent plus, les drapeaux ne claquent plus, les girouettes sont immobiles sur les toits. Mais qu’est-ce qui peut bien empêcher la nature de fonctionner correctement ? On tourne les pages en se demandant où l’artiste nous emmène.
Avec tout son humour potache, elle a empêché le vent de souffler en le calant dans le caleçon d’un petit enfant. Prout. Et c’est reparti, le vent est libéré et tout vole à nouveau. On y va d’un rire malicieux, même si on est grand et qu’on pense être sérieux. La blague est simple et diablement bien exécutée. On rougirait presque face aux dessins bleutés de s’être fait prendre à rire si innocemment.
Du côté du dessin, on retrouve la patte de Bernadette Gervais. Un dessin élégant et épuré, qui révèle une terrible maitrise de ses sujets. On est pris par une simplicité feinte. Mais c’est tout le génie de l’autrice : savoir exécuter avec brio la poésie du quotidien.
Dans le texte, une vraie rythmique avec un début de phrase qui revient, qui structure le discours. Un point de bascule. Puis un texte qui s’emballe de plus belle. L’effet sonore, à la lecture à voix haute, est une réussite.
Vous l’aurez compris, je suis pris sous le charme de cette histoire à lire en famille. Bernadette Gervais confirme son talent, si cela était encore nécessaire. J’applaudis la poésie de l’autrice et son irrévérence.
Je suis séduis. J’espère que vous le serez aussi.
Clément Fourrey