Notre critique de Les Nébuleuses

Ça veut dire quoi aimer ? Anaïs Félix et Camille Pagni nous offrent avec Les Nébuleuses une bande-dessinée qui questionne les normes relationnelles, les schémas établis que l'on reproduit, même sans y penser, ceux dont on voudrait se défaire et ceux que l’on invente.

Camelia et Tom vivent à Bruxelles Elle est doctorante en astrophysique et lui est passionné par la littérature. Ils se rencontrent, tombent amoureux et commencent une histoire. Rapidement, la question de l'asexualité apparaît dans leur couple et ils se retrouvent confrontés à leurs désirs respectifs.

Comment parvenir à être soi et établir des relations solides et épanouissantes ? Comment faire dialoguer amour et désir ? L'amour, les amitiés, la famille, le travail… Comment jongler entre les mille relations d’une vie adulte sans se perdre soi-même ? Comment assumer qui on est sans pour autant blesser les autres ?

Autant de questions qui traversent ce livre bouleversant, qui questionne à bien des égards nos constructions sociétales, qui vient titiller nos désirs profonds, les liens relationnels que l’on aimerait déconstruire et ceux qui restent à inventer ou à nommer. Les personnages nous poussent à ausculter nos propres conceptions des relations et nous encouragent à chercher celles qui nous conviennent, qui nous permettent de nous émanciper pour trouver les meilleures parts de nous-mêmes. C’est une histoire passionnante sur la quête de soi, une ode aux amitiés et aux familles de cœur que l’on se choisit.

Les Nébuleuses est aussi une bande-dessinée qui met à l’honneur Bruxelles avec une grande douceur. Un œil connaisseur saura reconnaître les lieux existants, l’intimité des cafés où se réfugier quand il pleut, les parcs pour faire de longues balades, les salles de spectacles où danser, les librairies où flâner et se croiser par hasard.

La palette de couleurs utilisée par Camille Pagni a quelque chose de très bruxellois avec ses gris bleutés comme un ciel d’hiver et ses oranges lumineux comme la lumière rasante du soir qui rebondit sur les immeubles de briques.

Au fil des pages, on s'amuse à découvrir des références littéraires, cinématographiques et musicales cachées dans les décors et les intérieurs comme des pistes pour aller plus loin, comme une constellation de ressources pour poursuivre les réflexions de nos personnages. L’ouvrage se termine d’ailleurs par une riche bibliographie pour comprendre la sexualité, questionner les relations amoureuses et déconstruire les masculinités toxiques.

Les Nébuleuses est une bande-dessinée à mettre entre toutes les mains dès l’adolescence. Un ouvrage ressource qui prône la bienveillance, le dialogue, la compréhension de l’autre et qui met en scène des représentations joyeuses, heureuses, positives de ce que peut signifier ne pas être dans la norme.

Un livre dont on avait besoin.

Pauline Rivière