Notre critique de Les mille et un voyages de Claudio Monteverdi

Carl Norac est un passionné de musique. Il n’est guère étonnant que Little Village – branche jeunesse de Harmonia Mundi – lui ait confié l’écriture d’un texte sur l’œuvre de Monteverdi. Pour le poète, c’est loin d’être un coup d’essai. Chez le même éditeur, il avait déjà publié Les saisons, où bien entendu il était question de l’œuvre de Vivaldi. Et dans la collection Contes et opéras de chez Didier Jeunesse, on trouve par exemple sous sa plume un livre disque sur Chopin et un autre  sur Satie. Ici, il place son histoire à Venise, à une époque où le talent de Monteverdi est enfin reconnu à sa juste valeur. Il imagine des dialogues entre le maître et un adolescent fantasque et déluré. On y apprend beaucoup sur l'évolution des conceptions musicales du compositeur de L'Orféo: de la Renaissance – « Je voulais que plusieurs voix se posent les unes sur les autres comme des couleurs sur un tableau et qu'ensemble elles arrivent à un art parfait » – au Baroque – « Dans ce poème, il y a une seule personne qui aime ou qui souffre, ce sont ses sentiments à elle, pourquoi tant de voix ? »


La prose poétique de Carl Norac, que prolongent subtilement les illustrations pleine page, entre brume et carnaval, de Nathalie Novi, entraîne le lecteur dans l'atmosphère fantastique et mystérieuse de la lagune. Le lecteur et aussi l'auditeur ! Car l'album est accompagné d'un CD. L'histoire, lue par Michel Fau est portée par des extraits des trois volumes de madrigaux enregistrés par Les Arts Florissants sous la direction de Paul Agnew. De quoi rappeler que Monteverdi fut l'un des derniers grands représentants de l'école italienne du madrigal! (Maggy Rayet)