C’est un des premiers jours de printemps que Esther est née, le jour du papillon blanc.
Mais lorsque notre histoire commence, le printemps n’est pas encore là, le ciel est gris et il pleut. Ne pouvant pas sortir, Esther et Virgile tentent donc de s’occuper en faisant du rangement. Ils trient les vêtements trop petits, les vieux jouets de Esther et les objets cassés. Objectif : donner ce qu’ils n’utilisent plus et qui pourrait servir à d’autres. Mais les jours passent et les cartons ne se remplissent pas, la maison est encore plus désordonnée qu’avant. Et surtout, Virgile se tracasse, la pluie ne cesse pas. Jusqu’à un matin où il crie : « Il faut partir », l’eau s’apprêtant à emporter la maison. Mais que choisir dans l’élan du départ ? « Attends Virgile », et le doudou, les livres, les photos ? Difficile pour Esther de faire un choix, mais le déluge est au coin de la porte, il faut partir. Nos deux personnages s’en vont donc, le cœur lourd mais sains et saufs. Commence leur périple à travers la rivière, le fleuve et la mer. A partir du pot emporté contenant une pousse verte, Esther et Virgile échangent des souvenirs et s’en inventent d’autres, le temps de leur long voyage vers un ailleurs qu’ils espèrent meilleur. Peut-être y trouveront-ils d’autres papillons blancs ?
Le jour du papillon blanc est paru à La Cabane Bleue, maison d’édition spécialisée dans les albums illustrés pour les enfants et dont les thématiques portent sur l’écologie et la nature. Leurs « livres pour enfants qui chouchoutent la planète » sont en effet reconnaissables à la qualité de leur production : fabriqué en France, ils sont entièrement éco-conçus et éthiques.
Pas étonnant donc que l’objet de ce conte soit les migrations climatiques. Françoise Johnen nous raconte ici une histoire sensible mais poignante de réalisme. La pluie, omniprésente tout au long du récit, se transforme petit à petit en de grosses flaques d’eau, envahissant les objets d’Esther et Virgile en même temps que nos coins de pages. Malgré la pluie, les dessins de Elodie Flavenot sont éclatants. Les décors, domestiques ou naturels, sont d’une grande richesse chromatique. Au milieu de la traversée, les rires, les larmes et le partage des souvenirs entre nos deux personnages révèlent à quel point rien n’est plus important que les liens humains. Un beau récit, à la fois doux et lucide, parfait pour aborder les questions climatiques et migratoires avec les plus petits - et encourager les plus grands à imaginer une chaine du livre plus respectueuse de l’environnement.
Camille Lelong