Notre critique de Le génie de la forêt

Véritable plaidoyer pour la protection de la nature, cette BD coup de cœur nous emmène sur les traces de Francis Hallé, botaniste et vulgarisateur hors pair.

Dans cette BD aussi instructive qu’engagée, Vincent Zabus offre un compagnon de promenade au personnage de Francis : son plus vieil adversaire, le philosophe Aristote.

En effet, en 343 avant Jésus Christ, celui-ci a créé les bases de la catastrophe climatique et écologique qui nous guette en offrant au monde son Histoire des animaux. Dans celle-ci, il propose de regrouper le vivant en différentes catégories et, ainsi, de créer une échelle de la Nature. Les plantes se retrouvent bonnes dernières de ce classement des organismes, l’être humain est, lui, au sommet. Cette vision anthropocentriste du Vivant s’est, à travers les siècles, installée comme une vérité indiscutable. Les arbres, les plantes, les forêts, les clairières existent, l’Homme en dispose. Francis invite Aristote à revoir sa pensée sur les « plantes inférieures et supérieures » et l'entraîne sur ses pas dans les différents écosystèmes qu’il a étudiés et rencontrés.

Au fil des pages, Vincent Zabus nous invite à la rencontre des arbres et forêts, vestiges d’un monde que nous n’habitons plus. Avec beaucoup de talent, il réussit à transmettre les inquiétudes, ô combien justifiées, de Francis Hallé, en y apportant beaucoup d’humour. Plus qu’un exposé des dernières avancées scientifiques concernant les arbres, Zabus créé ici un manifeste appelant à la protection des forêts. La vie secrète des arbres de Peter Wohlleben avait connu un vif succès à sa parution en 2015. Le grand public y découvrait alors l'arbre comme un être conscient et actif. Une petite révolution pour beaucoup de lecteurs et lectrices qui n'imaginaient pas un seul instant que le végétal puisse avoir une capacité de raisonnement. Le génie de la forêt s'inscrit dans cette volonté de mettre en lumière les prouesses des arbres et de leur intelligence collective. Bourrés d'anecdotes et d'informations plus étonnantes les unes que les autres, Hallé, Zabus et Nicoby nous happent dans leur histoire où le lecteur profane s'émerveillera, comme Aristote, de la puissance et de l'intelligence des arbres mais surtout, de leur cohabitation et entraide au cœur des forêts. Une fois expliquées les incroyables organisation et mécanismes des forêts primaires ; comment ne pas souhaiter leur retour en Europe de l'Ouest ? C'est le but ultime que s'est fixé Francis Hallé et il n'est pas à douter que l'excellent scénario de Vincent Zabus et les dessins très doux de Nicoby sauront faire passer son message et gagner le cœur des citoyens responsables.

Julie Leclerc