Ici souffle le vent est une histoire d’amitié inattendue entre Milda, un enfant et Vik, un petit oiseau de la race des macareux moines. Alors que Vik profite des grands vents du jour pour voler, Milda l’observe depuis un bateau avec son père : elle aimerait tant s’envoler avec eux.
Tandis que Milda court sur la plage, le vent se lève et amène avec lui une brume opaque. Bien que son père lui ait fait promettre de ne pas bouger en cas de brouillard, Milda décide qu’elle est assez grande pour vivre des aventures et part explorer la falaise qui borde la plage. Au même moment, perdu dans les nuages, Vik se laisse porter par les courants d’air et percute soudain Milda. Bien décidée à le protéger, Milda le recueille et les deux êtres vivants vont s’entraider pour survivre sans peur à la tempête.
Immédiatement, lorsqu’on découvre la première page de l’histoire, on ne peut qu’être subjugé·e·s par la qualité des illustrations de Mélodie Baschet. Celles-ci nous plongent immédiatement dans les paysages islandais, décor de cette histoire poétique. La nature est splendidement représentée et donne aussitôt l’envie de partir en promenade le long d’une falaise islandaise.
Mention spéciale pour le dessin où Milda regarde les macareux noirs à l’aide de jumelles. La représentation de celles-ci à la page suivante est un délice et donne l’impression immersive de voir les oiseaux à travers les yeux de la petite fille.
A ce régal visuel s’ajoute la douceur du texte écrit par Julie Rouane. Il se lit lentement, les paroles de Vik et Milda se mélangent et s’entremêlent de la plus jolie des façons. D’ailleurs, les parallèles sont immédiats entre l’oiseau et la petite humaine. Tous·tes deux sont accompagné·e·s d’un parent, la grand-mère pour Vik et le père pour Milda. Et dans les deux cas, les héros·ïnes de l’histoire vont se retrouver seul·e·s pour affronter la brume.
Page après page, le récit nous emporte au gré des mots, comme le vent le fait avec les nuages de ce brouillard et la répétition de la phrase « et si le vent est trop fort » annonce aux lecteurices le danger imminent que courent nos deux héros·ïnes. Cet effet de style est réalisé avec adresse et contribue à l’ambiance poétique de cet album.
A la thématique de l’enfant isolé·e face aux éléments naturels, s’ajoute celle de l’entraide qui est capitale dans ce récit puisque c’est elle qui permet à Vik et Milda de tenir le coup et ce qui aurait pu être un terrible incident se transforme en une aventure extraordinaire suite à leur rencontre.
Conseillé pour les 3 – 6 ans, cet album s’adresse cependant à un lectorat attentif et éventuellement plus âgé que la tranche avisée ci-dessus. En effet, la narration de cette histoire est assez lente et très imagée, prône à entraîner la rêverie vers des grands paysages naturels et des aventures simples.
« Ici souffle le vent » est une adorable histoire d’amitié éphémère qui nous rappelle que l’être humain et l’animal ont plus de points communs qu’on ne le pense et que l’entraide nous permettra d’affronter les plus grands dangers.
Hortense de Ghellinck