Anna arrive en vacances avec ses parents. Elle croise Lou, une enfant libre et sauvage, pieds nus et couverte de boue, en pleine harmonie avec la nature. Tout de suite, le lien se crée.
Les dessins, colorés et fluides, épousent les gestes des personnages. Lou incarne l’instinct et la liberté, tandis qu’Anna, citadine avec son sac et ses baskets propres, découvre un univers qui n’est pas le sien. Très vite, les jeux dans les bois rapprochent les deux filles. Les mots s’effacent, remplacés par les regards, les rires et une complicité grandissante.
Mais le monde extérieur finit par s’inviter brutalement au son d’une tronçonneuse taillant les haies alentour. Lou est bouleversée, arrachée à son élément. Anna devient alors son appui, l’aide à retrouver le calme et la sérénité. Dans cette parenthèse tendre et lumineuse, les deux enfants s’apprivoisent et partagent un amour naissant, à la fois doux et intense.
Cet album est un véritable coup de cœur. Les illustrations sont superbes, les angles de vues riches et variés, et la nature luxuriante sous la plume de Marine Bernard. On croit sentir le vent, goûter les fruits rouges, rire de leurs jeux boueux. Vibrant et lumineux, ce récit séduit autant par sa beauté visuelle que par la tendresse des liens qui unissent Anna et Lou. Nul besoin de mots quand les images disent tout.
Les éditions On ne compte pas pour du beurre ont vu le jour en 2020 et défendent une ligne éditoriale inclusive et engagée. Elle s’attache à montrer aux enfants des corps, des familles et des histoires plus diversifiées, afin que chacun·e puisse se reconnaître dans ses lectures. Car les livres construisent nos enfants et qu’il n’est jamais trop tôt pour encourager à la bienveillance.
Un album que je recommande chaleureusement, qui partage aux enfants le goût de l’aventure, du jeu et exhorte à la liberté d’être soi, loin des représentations dominantes en littérature jeunesse.
Camille Le long