Dans un village, entre l’école et le magasin de bonbons, vit Petit Chien. Petit Chien a été abandonné, il est seul ; heureusement, il peut compter sur l’affection de huit jeunes orphelin·es. Mais un jour, ses ami·es disparaissent, emporté·es par le terrible Dévacance Colère. Que faire ? Petit Chien n’hésite pas : il attache sa couverture sur son dos et s’aventure dans la forêt profonde, à la recherche des enfants. À peine entré dans la forêt, des choses mystérieuses se passent... Une histoire pleine de rencontres et de magie discrète commence alors.
Écrit et illustré par l’artiste belge Marina Philippart, Dévacance Colère emprunte plusieurs éléments au conte traditionnel : abandon, perte, chemin de bonbons, monstre menaçant... J’ai notamment pensé, en lisant cet album jeunesse, au Petit Poucet. Les enfants perdus de Peter Pan ne semblent pas loin non plus. Mais la comparaison est de courte durée ; l’artiste s’en éloigne par la douceur, le jeu et l’amitié qui imprègnent tout son récit. Dans Dévacance Colère, les personnages se perdent pour mieux se retrouver. Ils se salissent franchement, s’ensauvagent joyeusement, brouillent les frontières entre animaux humains et non-humains... pour finir autour du feu, avec un bol de soupe et des histoires.
Marina Philippart propose ici un conte enveloppant, où les enfants peuvent jouer, partir à l’aventure, se métamorphoser, sans grand danger. Son texte, simple et facétieux, est soutenu par de superbes illustrations. Gouache, acrylique, crayon, pastel... Les textures sont multiples, elles apportent aux images tantôt de la vibration, tantôt du souffle ou de la magie. En découvrant cet album, j’ai aussi eu l’impression d’entrer dans un petit monde aux couleurs profondes, où les éléments sombres apportent du mystère, parfois même de l’inquiétude – le dévacance colère semble s’incarner dans certaines taches obscures –, et s’équilibrent avec des teintes chaudes et intenses.
Le Dévacance Colère de Marina Philippart est donc une belle réussite, aussi bien dans l’histoire racontée que dans les formes qui lui ont été données.
Carine Simão Pires