Notre critique de Cortège(s)


La jeune Marion – dix-sept ans – s'effondre au cours d'une manifestation à Paris. On ne parviendra pas à la ranimer. A partir de cette mort évoquée en préambule, sept personnages vont habiter le récit. Deux adolescents - l'amoureux et la meilleure amie de Marion – et quatre adultes –  une journaliste free-lance, un officier de police, le secrétaire général de la Préfecture de Paris, le proviseur du lycée et la mère de Marion. L'auteur signale que le texte est écrit pour un chœur de comédiens, « probablement huit, moins ou plus ». Et il prévient : « Il n'est pas question d'incarnation de personnages. Il n'est pas question de figures ». Il nous propose en effet un texte en forme de longue nouvelle, sans aucune trace de didascalie. Un récit structuré en 30 chapitres numérotés et datés avec précision au sein duquel s'intercalent cinq « flash-back » permettant « d'entendre » la voix de la jeune victime. Mais plus étonnant encore, la plupart de ces chapitres ne sont pas terminés. En ce sens qu'ils s'achèvent sur une révélation ou une situation qui appelle impérativement une réaction. Un « blanc » qui ne sera pas comblé dans le texte et que la mise en scène devra rencontrer. Il est clair que les réponses et les points de vue apportés par cette dernière influenceront fondamentalement le sens de la pièce. (Un seul exemple : le texte ne nous dit rien sur les circonstances précises de la mort de Marion, simple défaillance physique ou bavure policière?). Et l'on comprend le conseil donné par Thierry Simon aux futurs interprètes: « Qu'ils et elles se répartissent cette matière comme bon leur semble ». Le spectacle sera créé en février 2019 par la compagnie strasbourgeoise La Lunette-Théâtre qu'il dirige. On se doute que la tâche sera à la fois lourde et exaltante. La fiche de création mentionne non seulement scénographe, chorégraphe, responsables lumières, musique, vidéo… mais aussi pour la mise en scène tout une équipe rassemblée autour de lui. (Maggy Rayet)