Notre critique de Comme des sœurs

Devant le tattoo shop du père de Lili, deux petites silhouettes s'agitent. Lili et Zoé se préparent à une grande première : leur toute première fête. Elles ont 11 ans. Avant de partir, Lili, le sourire espiègle, répète avec son père trois valeurs fondamentales : le courage, le respect et… le fun !

Le chemin vers la maison de Louis, lieu de la fameuse soirée, se transforme vite en bien plus qu’un simple trajet. C’est une aventure initiatique, ponctuée de rencontres et de grandes discussions où les deux amies abordent des sujets aussi légers qu’existentialistes. Pourquoi les méchants sont-ils souvent moches et les gentils toujours beaux ? Comment réussir à entrer dans une fête en ayant l’air cool ?

Au fil de leurs errances et de leurs échanges, les personnalités de Lili et Zoé se dévoilent. Lili, débordante de confiance et de curiosité, parle sans détour, multipliant les éclats de rire. Zoé, en revanche, plus introvertie, semble retenue par ses propres doutes et par des règles qu’elle s’impose. Pourtant, derrière cette apparente réserve, elle cache des inquiétudes bien plus profondes. Chez elle, la situation est compliquée : son père, déprimé par un incident au travail, s’enferme dans le silence. Zoé peine à comprendre ce qu’il traverse et souffre de ce manque de communication.

Leur trajet devient alors une métaphore du chemin qu’elles empruntent vers l’adolescence, un âge où l’on se heurte à des réalités d’adultes que l’on tente encore de décrypter. Lili, fascinée par sa grande sœur militante, rêve de s’engager et d’aller en manifestation. Pour elle, être militante, c’est être forte et courageuse. Zoé, elle, envie à Lili cette grande sœur, ce lien familial qu’elle n’a pas. Elle aimerait tant avoir quelqu’un à qui se confier à la maison.

Ces échanges mettent en lumière leurs différences d’éducation et les défis propres à chacune, mais aussi leur complicité, qui transcende ces divergences.

Ce récit, d’apparence ordinaire, se charge d’une magie particulière grâce à l’imagination débordante des deux filles. Les rues familières se transforment en un terrain d’aventures, où le quotidien se mêle au rêve, où chaque pas devient une exploration de soi et du monde. Un imaginaire qui prendra tout son sens lors d’un jeu entre ami·es à la fête, mais je vous laisse le découvrir par vous-mêmes.

Annabelle Gormand nous offre une ode à l’amitié : celle qui aide à grandir, à se construire, et à se soutenir comme des sœurs. Lili et Zoé partagent tout : leurs doutes, leurs confidences, leurs éclats de rire. Ce lien précieux les aide à avancer malgré les incertitudes et les différences.

Jaune, vert, rouge, mauve : les couleurs éclatent et enveloppent le récit comme un cocon chaleureux. La douceur des tons pastel et des décors apporte une dimension poétique à ce récit initiatique, où les petits pas vers une fête deviennent un grand pas vers l’affirmation de soi. Parce qu’il n’y a rien de mieux qu’une amie, comme une sœur, pour rêver, se confier et reprendre confiance en soi.

Éléonore Scardoni