Image de l'oeuvre - Collections

Notre critique de Collections

Voici un bel et bien étrange album, construit en petits chapitres, chapitres qui se font historiettes, historiettes qui se collectionnent.
Chaque histoire est une tranche de vie d’un enfant qui collectionne. On y découvre Omar, Cléo, Lise, Suzanne, Pio, Louise et Lucien, des petits glaneurs qui parfois se coiffent de leurs trésors. Ils rendent hommage à ce qu’on découvre avec émerveillement, à ce qu’on conserve jalousement comme un pirate : toute cette mémoire minérale, végétale, animale de notre belle planète qu’on redécouvre avec une naïveté déconcertante une fois adulte.

Dans ce livre, il est question de nature, de couleurs, de formes et de textures, de sensations.
De transmissions, de traditions, de trouvailles merveilleusement égoïstes et de partages.
On voit des encres en ligne claire, des couleurs qui se diffusent, des raies de crayons de couleur, des papiers découpés, recollés, assemblés. L’illustration permet aux éléments terrestres de prendre vie, littéralement. Ils deviennent vibrants, palpables, bonhommes galets, ours en marrons, envolées de papillons de pétales séchés multicolores.
Le texte et l’illustration cohabitent en symbiose, se font échos délicieusement, sans jamais faire double emploi. Victoire de Changy et Fanny Dreyer nous offrent ici deux niveaux de poésie.

Le dernier chapitre de Collections présente celle d’un certain Christian Boltanski. Les curieux pour qui cela sonne comme un nom de personne réelle, les curieux qui utiliseront leur téléphone toujours à portée de main et qui googleliseront ce nom, découvriront cette incroyable installation sonore des battements de l’humanité Le Cœur, cette œuvre d’art contemporain comme une vanité.

Mais une collection n’est-elle pas une vanité en soi ? En collectionnant, ne cherchons-nous pas à conserver le souvenir de ce qui passe ? À figer le temps de l’enfance dans une boîte ? Car la vanité nous montre également le mouvement perpétuel de la Terre, de la vie et de la mort, telle la feuille qu’on ramasse pour sa couleur éclatante, et qui va sécher, se craqueler et perdre de sa vibrance.

Coup de cœur pour Collections, ce livre à mi-chemin entre l’album et l’imagier et qui justifie ma collectionnite aiguë des belles choses.

À partir de 5 ans car les mots, même s’ils paraissent savants ou compliqués, sont ordonnés avec une grande simplicité et surtout sont expliqués à hauteur d’enfant.

Camille Walter