Image de l'oeuvre - Chez Mémé

Notre critique de Chez Mémé

Catherine Le Goff raconte une histoire, en Bretagne, celle des visites chez Mémé. Chaque page est une histoire, et inversement. Chaque page nous fait entrer dans un souvenir. Un souvenir d’avant, de dans le temps, d’à l’époque. On peut y voir une certaine forme de nostalgie, la saudade de chez Mémé, mais point de mélancolie ici. On ne regrette rien, on se souvient simplement. Mémé-simplement se trouve être le fil rouge de Catherine Le Goff. On se trouve captivée, enchantée par ces pages où se déroule l’été, une évocation paisible des vacances de cette époque, de Mémé dans cette époque. On est tellement sous le charme, que l’on s’attend à une séance de diapo. Mais les gravures prennent la place de cette séance de diapo de fin de vacances. On évoque avec ces gravures à l’aquatinte la douce fantaisie de Mémé, son espièglerie parfois avec ses copines les mouches, on évoque aussi une fleur de poireau sacrifiée, un baquet pour le bain et des toilettes extérieures, des épingles à cheveux et un jour un grand changement... Certaines personnes sont emportées dans leurs propres souvenirs, d’autres découvriront le temps de quand-j’étais-petite. Un certain confort rustique : simple, solide, chaleureux et doux. Des petites filles si attachées à leur mémé qu’on en voit les cœurs dans leurs yeux.

Ces aquatintes, douces et réalistes en même temps - un rendu sans fioriture du réel, sont magnifiques. On se trouve au côté de Mémé. Les petites histoires, les grands souvenirs du quotidien font la grande histoire de toutes et tous. Un imaginaire délicat sorti de la tête de Catherine Le Goff, une Bretonne bruxelloise qui se lance en autodidacte pour transmettre ses histoires au travers de ses dessins, qui se forme finalement à la technique de la gravure à l'eau-forte et l'aquatinte. De délicates images monochromes au service du joli travail de mémoire entrepris par l’artiste et qui nous transmet simplement l’humanité de Mémé.

Hélène Théroux