Serena GENTILHOMME

PRÉSENTATION
Née à Florence le dernier jour du Carnaval dans le milieu de la haute bourgeoisie, Serena Gentilhomme a gardé de ses origines l'allure d'une grande dame excentrique. Un brin d'accent indéfi-nissable, alors qu'elle manie la langue de Molière avec une grande délicatesse, ajoute au charme singulier qui est le sien. Elle a d'ailleurs appris le français par passion : à l'âge de huit ans, en vacances à Courmayeur, elle fit la connaissance d'une petite fille ressemblant à Zazie, qui accompagnait ses parents dans la station. Les deux fillettes s'étant mises à jouer ensemble, la petite Serena fut éblouie par cette langue inconnue, et prêta à ses intonations une si grande attention qu'elle oublia de jouer ... La fillette la traita d'abrutie, et Serena tenta de comprendre ce que disait l'enfant. Toute à ces comparaisons linguistiques, elle resta sous le charme, malgré les insultes qui pleuvaient sur elle. Et c'est à cet instant qu'elle décida sans doute d'apprendre une langue qui l'enivrait.Elle dut attendre quelques années avant que son rêve se réalise. Entre temps, elle découvrit la Révolution française, se prit d'amour pour Jean-Paul Marat et Charlotte Corday... à tel point qu'elle interrogea un jour sa grand-mère, lui demandant pourquoi «on n'avait pas agi comme en France, coupant simplement la tête du roi d'Italie qui vivait exilé en Suisse!».Ce fut un beau scandale, le jacobinisme n'étant pas vraiment la tasse de thé de la famille de Serena, dont l'aïeule, notamment, était restée une fidèle monarchiste, malgré les douze ans de la République italienne.Un peu plus tard, Serena fit un rêve : elle vit un cimetière et des stèles sous la lune. Un homme jeune, très beau, s'approchait d'elle et lui tendait un livre. Elle dit se souvenir qu'elle était attirée par l'oeil de l'homme... Peu de temps après ce rêve, elle regarda une émission à la télévision consacrée à la Révolution française et là, St-Just était présenté ... c'était l'homme du rêve ... Serena tomba amoureuse... Aujourd'hui encore, on peut dire qu'elle est fidèle à l'Archange maudit de la Révolution ... Elle finit d'ailleurs par lui consacrer une thèse!Mais avant St-Just, elle passa en Italie un doctorat qui étudiait par le menu détail l'oeuvre de Jean-Baptiste Louvet, un auteur du XVIIIème siècle.Cette petite fille, qui ne jouait pas comme les enfants de son âge, était fascinée par l'idée des têtes coupées. Elle fut également très impressionnée par les affiches du «Nosferatu» de Murnau. Est-ce là qu'il faut chercher la genèse de la future écrivaine de fantastique? Tous les psychologues prétendent que l'enfance est formatrice et qu'elle influence le cours de l'existence.Quand enfin elle dénicha un poste de lectrice dans une université française, c'était Besançon, elle y jeta l'ancre... et l'encre. Et, devant passer des équivalences de diplômes, elle se laissa rattraper par St-Just, passant une thèse sur son oeuvre écrite. Un choix qui a son importance pour la fille de grands bourgeois qu'elle est! Mais à la littérature, elle préférait le cinéma. Durant plusieurs années, elle enseigna la langue et la littérature dans le cadre de la section d'italien. Peu à peu, elle introduisit des éléments de fantastique et de cinéma, dont Fellini, grand maître, selon elle, de ce genre décrié. Et à force de patience, elle a imposé la discipline qui l'intéressait : le cinéma italien, tendances fantastique et horreur, ce qu'elle enseigne aujourd'hui.En vrac, il faut dire encore que Serena Gentilhomme a appris le russe par amour pour son mari, qu'elle adore l'enseignement et ses étudiants, elle aime éveiller l'intérêt et ne cesse de se remettre en question si elle constate la moindre baisse d'attention à ses cours de la part des étudiants.Enfin, si cette grande dame de la patience a pris beaucoup de temps pour écrire de la fiction, elle dit avoir toujours écrit, mais par pour l'édition, ou alors pour des revues spécialisées dans le cadre de ses recherches universitaires.C'est à la suite d'une maladie qui faillit bien la tuer, qu'elle se réveilla consciente qu'elle devait passer à la littérature. La mort proche lui avait néanmoins soufflé d'écrire hors des sentiers battus par ce que les esprits obtus nomment la «grande littérature» : elle sentait qu'elle devait lier le fantastique et la mort. Elle avait envie aussi de faire peur aux lecteurs - comme si la petite fille en elle se réveillait -Elle pensa au roman historique, ne trouva pas le ton et renonça. Vint ensuite une idée insolite : un roman qui serait construit sur les degrés astrologiques, mais le pari était trop complexe, elle l'abandonna au profit des douze maisons du thème astral et créa en 1997 Villa Bini, suivi de nouvelles. Vint enfin Les nuits étrusques, paru en 1999.