Rémy Disdero

PRÉSENTATION
Rémy Disdero BIOGRAPHIE (1983 – 2007)  23 juillet 1983 : Naissance à Boulogne-Billancourt du poëte et dessinateur Rémy Disdero.  Père italo-russe, mère espagnole. Plusieurs frères et sœurs. Janvier 1989 : Ses parents décèdent. 1989 – 1994 : Orphelinat. L’enfant est partiellement gaucher. Premier rejet : celui du bout de plastique censé lui faire tenir son stylographe à trois doigts. 1998 : A Chartres, début d’apprentissage en ébénisterie, écourté pour raisons de santé. Son adolescence est en effet marquée par une schizophrénie paranoïde aiguë. Réticent à tout traitement, le jeune homme est interné à plusieurs reprises au London T. Heart Hospital de Goulaignon (Essonne), où il se lie d’amitié avec son premier double, Miguelito[1]. « (…) Le dégoût qui  prit contrôle de tous tes membres gourdsfinira dans le lac de ta décrépitude,et tu te rendras compte que les mots qu'on te dictesont pris dans l’engrenage des poncifs récurrents,que les lois qu'on t'enseigne sont le viol immanent des tentacules  de ton cerveau,que les monts effacés qui brillent au firmament de ton cœur étouffésont le trésor lumineux de la chaude réalité par lequel sourdra le suc de la vie éternelle… » 2000 : Rémy Disdero interrompt définitivement ses études et entreprend de gagner sa vie comme Commis-Voyageur. Pendant deux ans, il sillonne la France en tant que « maître de colis », avant d’être licencié pour faute grave (on s’aperçoit qu’il ne livre pas toujours les colis ou qu’il en examine le contenu). Commence alors une période d’errance, d’Espagne en Norvège, pendant laquelle il va consécutivement être mendiant et cireur à Tromsö, joueur d’osselets et vendeur à la criée à Barcelone, puis porteur de fonte à Saint-Germain, avant de trouver un emploi de serveur à Liège.Lors d’une rixe entre soudards au Café Europa, il se casse le poing en frappant un homme qu’il blesse à un œil et fait de la prison pour violences (trois jours). « Tout en moi pue le bouillon, la rancœur et la haine, on me hait comme un bouseux de campine, il est certain que j’ai un fond aussi mauvais que possible, aussi ai-je pris la décision de me conformer à ma nature intime, à mon poisson pourri, et je suis lâche, je fais l’autruche, oui, je me confesse (…) » 2004 : Rémy Disdero découvre Paris lors de l’enterrement de sa sœur, décédée en s’étouffant avec un noyau de figue chinoise. La capitale lui inspirera le poème « Metropolis ». Il loue un meublé rue du Gros Caillou et trouve un emploi de bureau dans une administration pénitentiaire. C’est de cette époque que date sa rencontre avec Elise Dormette, qui sera sa muse de la série des poèmes doux. « En réalité je n’ai pas de braspour te serrer contre mon cœur,je n’ai que des pinceaux de couleur     sur chacun de mes yeux                       pour faire de beaux dessins                 « Non, mon amie, je ne suis pas hautain ;à jeter dans tes cheveux… »                j’ai des yeux de perle et de diamant                                                           pour te regarder avec ma tristesse infinie                                                           te balancer aux confins des contrées sauvages« Tu sais bien que mon cœur,              où je vais parfois en rêvemême s’il est solide                              m’asseoir en pleurant sur les braises de l’envie. »             a besoin de son guidepour trouver son chemin.Tu sais bien que les sortsque les lutins m’ont jetéont posé loin de moila clé de ton sourire. » Au mois d’avril, publication d’un recueil de poésies et de dessins, « Pronunciamiento ». « C’est un bouge géant à l’herbe des pestesSouillée aux bidonsOù des nègres rayés et ivres de couteauxBondissent en hurlant de drogue et de haine ;C’est une jungle aux langues noiresQui maquille de nuit ses mille chlamydias,Où des hyènes se battentEt se vident en rang de leurs fûts de sanie,Où des singes pourris, sous des feux bâtards,Au noir agglomérat des cuirasses polies,Rongent les mânes des rages honnies ; Où l’orgie sonore des luxes terrifiants,A l’odeur d’un mépris régulier défendu,Tuméfie les clodos aux dents noires briséesPar les goulots d’oubli et dont les ombres disentLe muet assassinatOù gémissent des âmes noyées de sanglots. » 2005 : Il occupe un emploi au sein de la maison de la poésie et de la langue française de Namur. C’est l’année belge. Participant à ses premières lectures, il fait de la Wallonie sa terre d’élection poétique. Tour à tour Liégeois, Namurois, puis Auvelaisien, il multiplie les aventures humaines. A titre d’exemple, lors de sa réclusion sur le terril de Moignelée, Rémy Disdero fait la connaissance d’un Géorgien bagnard évadé de la prison de Rennes, à qui il offrira un peu de son cassoulet. Le souffle de vie qui l’anime le pousse à courir au milieu des télés du bois, il prend l’ivresse par les cornes et détache de son corps le poème « Tarzan la banane ». C’est le flux de la gastrotomie réelle. L’aventure humaine, sa machine à être de l’expression, l’occupe  enfin.Le souffle poétique est sur lui. La vie fait tricoter ses jambes, il traîne sa mélancolie de l’enfance et de la fugacité des rencontres : il est ce qu’il a toujours aspiré devenir : un vagabond divin. Hamsun, son mentor, il le retrouve, il vit en lui, se souvenant des heures difficiles des rues de Tromsö, du foyer de réfugiés soudanais où quelques noirs buvaient des canettes Spunk. « Ils me disaient « va-nu-pieds que tes soupirs,va voir dans le regard des éléphants de l’ennuicomme il est creux de n’être qu’un vantard à demi-nu ;va voir comme la foule a peurdes grandes forêts de rigodonset comme le cœur a faimde la montagne où le silence a mis l’or du bonheur. » 2006 : Nombreuses lectures. Rémy Disdero publie dans diverses revues liégeoises et parisiennes (Le Fram, Plein Sens, Matières à Poésie). Réside entre Lille et Valencia. Gagne sa vie en testant des médicaments chez Roche. Commence en septembre l’écriture du texte qui deviendra « Bœuf Solard ».Exerce à partir de novembre diverses fonctions liées au métier de Lieutenant de Louveterie. 2007 : Rémy Disdero devient rabassaire en juin.  (…) Et j’aurai mon rire au fifreSans penser que je mourraiDans cinquante ans du typhusEt de la phobie des ongles rongés ; Car j’ai un jardin de mémoire dans l’eau de mes yeux nus,Un jardin de mémoire de cristal aimantéQui me fait des mains dures de guerrier de feu,Qui ploie mes cheveux de soufre de guerre,Et envoie par dessus les clochers de la villeLe forhu térébrant de mes pensées amères. [1] Miguelito : « C’est une ombre rebelle, un écho distordu dans l’oubli de l’enfance. C’est un garçon qui était moi. Je l’ai chassé pour me connaître, mais n’y ai rien gagné. C’était en quelque sorte un ami dont j’ai perdu l’odeur de sainteté. »   LE COMPLEXE QUE J’IGNORAIS Très tôt j’ai découvert qu’il me faudrait surmonter le dégoût des contraintes.Le sentiment d’insuffisance est né plus tard, quand j’eus conscience de mes faiblesses. Je fus vite empêché de vaquer à ma guise. Et rien ne pouvait me frustrer davantage que d’aller comme un fou préparer mon chagrin.On exigeait de moi des prouesses, et ce dans des domaines qui me laissaient indifférent. C’est ainsi que, progressivement, j’eus la révélation de mon incapacité.Je me suis donc replié vers l’intérieur de moi, et j’ai pansé mes blessures avec des illusions. (Je suis illusionniste depuis bien longtemps, même si progressivement je prends conscience de mon peu de valeur).A dix-huit ans mon complexe se fixa à la proue d’une impotence réelle. Je vécus dans la honte, sans droit d’orgueil qu’avec des faibles. Les comportements de qualité inférieure étaient bien là, mais ils ne se manifestèrent que plus tard, quand je pus me venger. Alors je fus brutal, taquin, vantard. On m’ignorait ; l’institut m’enfonçait. Il n’existait personne pour susciter autour de moi des occasions de succès. Je compensais mes déficiences et mon absence de vie sociale en exerçant ma tête à rêver. Je devins un maniaque et vécus en pensée une vie secondaire. J’étais coupé du monde, il n’était plus possible de soumettre mon âme aux obligations.Pour masquer mes déboires, je me fis écrivain. J’offris mes premiers vers au jugement des hommes. Comme l’abeille butineuse indiquant à ses sœurs la fleur appropriée, il me fallait montrer à mes concitoyens l’absurdité d’un monde qui faisait leur faillite.Mais je n’eus pas l’aptitude à réaliser mes intentions.Je ne fis que penser à l’édification d’une œuvre colossale. Et je me plus à croire que j’étais un génie qu’un flegme naturel condamnait au silence… 
  • Pronunciamiento, recueil illustré par l’auteur, Editions Thot , 2004.
  • Cheval Igloo, chez l'auteur, 2006.
  • Boeuf Solard, Maelström, 2009.