Louis DAUBIER

PRÉSENTATION
Qui veut connaître l'homme, lira l'oeuvre avec une attentive sympathie : elle est constellation d'aveux pudiques et signe d'un mystère personnel.Daubier est un nom de plume donné par Bernier au jeune poète, né Louis Dupont, en 1924, au coeur des limons de Hesbaye, à Orp-le-grand.Sa mère y tient un magasin qui, à la Saint-Nicolas, se pare de jouets multicolores. Souvenirs de petit villageois, proches de ceux d'acolyte aux joues gercées qui, à l'aube, bredouille avec un prêtre austère, des prières latines.Inscrit à onze ans comme interne au Collège de Jodoigne, il y connaît ces frustrations qui, il le reconnaît plus tard, peuvent faire naître la poésie : à ce bon élève qui ne rentre à la maison que toutes les six semaines, un professeur reproche de «s'occuper de choses qui ne conviennent pas», parce qu'il écrit des vers.Cette réclusion et ce manque de compréhension l'incitent à poursuivre ses études comme élève instituteur à l'École Normale de Tirlemont qu'a fréquentée Maurice Carême.Durant la guerre, il travaille parfois aux champs. L'odeur de la terre chaude après la moisson, la brûlure sur les bras, du soleil et des chaumes, la mie du pain sous une croûte croquante, ne sont donc pas, pour lui, de simples impressions littéraires.Son père lui donne le goût de la lecture et de la belle écriture, il commente ses compositions, il lui inculque la clarté et la concision, qualités que l'on retrouvera plus tard dans ses quatrains ou ses haïkaï.Adolescent, il aime, au champ d'aviation de Gossoncourt, voir atterrir ou décoller les appareils. Il a l'âge où l'on rêve de devenir pilote sans cesser d'être poète, puisqu'on aime Saint-Exupéry et qu'on voit dans les blés de Hesbaye le Petit Prince et son renard.Il poursuit son école normale à Nivelles avant d'être rappelé à Tirlemont, comme professeur cette fois. Son travail ne l'empêche pas de présenter les épreuves du Jury Central et d'obtenir le diplôme d'humanités classiques puis celui de licencié en philologie romane.Ainsi, il a connu, au cours d'une formation très personnelle, des maîtres de haute exigence, comme Bernier, pour qui seule la poésie comptait, et qui préfacera un premier recueil, Rêver d'une eau si pure; ou comme Willaime, qui entendra si bien la voix «en retrait» du jeune poète et le situera dans le sillage de «nos symbolistes d'entre-deux-siècles», «épris qu'il est du mystère à mettre en lumière». Il le rapprochera aussi d'Apollinaire pour la musique de ses vers et son refus de la ponctuation.Marié, père d'un fils, il enseigne avec passion à l'École Normale de Tirlemont, puis à l'École Normale Moyenne de Berkendaele. En 1961, il commence à publier. Poète, philologue, professeur, il saisit les liens nécessaires entre grammaire et poésie. Ainsi naît un livre intitulé De l'analyse grammaticale à l'analyse littéraire. Poète, il sait que la neige réelle est nécessaire pour que la pureté de l'hiver palpite dans ses vers. Professeur, il sait que la connaissance de la grammaire est indispensable à des analyses rigoureuses et transmissibles. Ce livre opère donc une synthèse essentielle.Plus tard, Louis Daubier enseigne aussi au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles. Il s'est fixé à Ixelles, non loin du Bois de la Cambre où les oiseaux qu'il aime lui offrent leur folle chanson.Sa poésie, qui se nourrissait de grands paysages, de vent, d'arbres, se tarit un moment. Peu après, elle puise, dans le souvenir, une nouvelle force. Elle retrouve puis éternise le temps perdu, la fraîcheur de l'instant et recrée l'heure où, en pantalon golf, un jeune garçon nommé Louis, s'en allait, rougissant, «causer avec les filles du village»...Louis Daubier a été Président de l'Association des Professeurs de Français et des Midis de la Poésie. Il est membre de très nombreux jurys littéraires.

BIBLIOGRAPHIE