C'est comme « Jean Sloover » qu'il a commencé sa carrière de journaliste au Soir. Économiste dans un organisme public, il avait rejoint avec un de ses collègues l'équipe qui concoctait chaque semaine le supplément économique que venaient de créer Yvon Toussaint, le rédacteur en chef, et Catherine Ferrant, la chef du service politique et économique. Les deux « Sloover », le grand et le petit, rédigeaient notamment une fiche technique qui décortiquait la santé d'une entreprise belge, exercice inédit à l'époque et qui fut très vite redouté. Dans la foulée, le « petit Sloover » se spécialise dans les articles consacrés aux placements financiers et à la gestion des portefeuilles sous le pseudonyme de Marc Charlet, du nom du scientifique de l'expédition Sanders-Hardmuth dans Les sept boules de cristal et Le temple du Soleil. Né à On, orphelin jeune d'un père résistant, Jacques Emond avait fait le droit à Louvain, une formation dont il vantait les mérites avec force, estimant qu'elle insufflait le souci de la rigueur, des textes et du détail. Il nourrissait ainsi une aversion intellectuelle pour les prises de position des journalistes et les interviews qui, pour lui, ne contribuaient pas à l'éclairage de la vérité.Au terme de ses (longues) études le jeune homme s'était beaucoup amusé , il était sorti premier d'un concours de recrutement de la fonction publique, au nez et à la barbe de ses anciens assistants médusés anecdote qui l'amusait encore des dizaines d'années plus tard. Il choisit alors d'entrer au Conseil central de l'économie, puis à la Cour des comptes, où ses « clients » régionaux redouteront la sagacité des contrôles d'un homme que rien ne pouvait adoucir. ( Source le Soir)