Eugène Petithan naît à Ougrée en 1920.
Au cours de ses études secondaires, il se découvre une passion pour le théâtre, à travers l’étude de Molière. Il entame une carrière dans l’administration et réussit des études en comptabilité et en sciences administratives.
Il écrit sa première pièce en 1942 pour pouvoir récolter des fonds destinés à venir en aide aux prisonniers de guerre du fort de Boncelles. Fort de ce premier succès, qu’il réitère durant les années de guerre, il suit les cours provinciaux d’art dramatique où il fait de rapides progrès.
Il consacre bientôt tous ses loisirs au théâtre, tantôt comme acteur, tantôt comme régisseur, comme conseiller technique, comme metteur en scène ou même directeur de troupe.
Il écrit et monte plusieurs pièces avec la troupe Émile-Émile, seul ou à quatre mains avec Jean Delmotte ou Albert Maquet, puis, en 1960, avec « C’èst tot ! » qu’il fait représenter au Novê tèyåte walon à Liège, il offre un vrai coup d’éclat. Cette pièce offre un nouveau souffle au théâtre wallon. La mise en scène dépouillée, la langue nette et sans prétention, la disparition d’accessoires inutiles, permet de se concentrer sur les acteurs et leur jeu. Il y allie parfaitement suspense et gag, il y joue avec la réalité temporelle, employant l’ellipse ou le retour en arrière et obligeant le spectateur à être partenaire dans sa compréhension du spectacle. Son inspiration n’est pas que wallonne et il transpose avec succès les pratiques modernes de tous les horizons. Pour ces raisons, il est une sorte de chef de file d’une école rénovée du théâtre wallon.
Il écrit encore des vaudevilles et des pièces policières dont bon nombre d’entre elles sont devenues des succès auprès de troupes locales, de la troupe du Trianon à Liège ou même du théâtre du Gymnase. Certaines ont eu les honneurs d’une captation télévisuelle à la RTBF.
La pièce Oûy, nos djouwans Othello en 3 actes et 6 tableaux, écrite en 1963, est une vraie pièce-miroir : l’histoire d’une troupe d’amateurs qui entreprend de monter Othello. Les acteurs, peu à peu, sont habités par les personnages qu’ils interprètent sur scène. Toute la pièce repose donc sur la dualité psychologique du métier de comédien. Cette pièce repose fortement sur les principes du russe Constantin Stanislavski,
Dans les années 1970, sa carrière professionnelle qui l’avait amené à occuper le poste de secrétaire communal à Ougrée, est transférée à Liège à la suite de la fusion des communes. Il y occupe tour à tour le poste de directeur de l’instruction publique, celui des affaires culturelles et enfin de celui de l’échevinat à la jeunesse.
Bientôt, il donne à son tour des cours d’art dramatique, mais également des cours de langue et de littérature wallonnes. Il est élu membre titulaire de la Société de langue et de littérature wallonnes dès 1965 et devient le principal coordinateur de l’émission radio Li sîze walone, où il est tantôt metteur en ondes, tantôt animateur-présentateur.
En 1978, il reçoit le prix de littérature dramatique de la Province de Liège pour l’ensemble de son œuvre. Dans les années 1980, il continue d’encadrer diverses troupes, notamment Les vrais wallons de Seraing, en les menant vers de nombreux succès lors des rencontres et festivals de théâtre wallon. Il participe enfin à une douzaine de galas wallons, tantôt comme metteur en scène, tantôt comme auteur.
Il décède en 1990.