Émile Wiket naît à Liège en 1879. Dès l’adolescence, il multiplie les billets et les textes publiés dans les journaux liégeois (Li Trinchèt, Li Spirou, li P’tit ligeoès, Li Mestré, li Spritche, l’Action wallonne).
En grand admirateur de Nicolas Defrecheux, il écrit essentiellement une poésie lyrique, mais, caché derrière des pseudonymes, il peut aussi employer un ton plus mordant.
Wiket puise une partie de son inspiration dans ses déceptions de vie et dans sa santé précaire. Ses textes évoquent les ruptures, les doutes, les incertitudes de l’avenir, la révolte et l’injustice de la vie, l’isolement, la peur de la mort, à laquelle il doit faire face régulièrement. Mais, avant tout, Wiket chante l’amour, sous toutes ses formes.
Son grand succès, Li p’tit banc, qu’il compose en 1899 et qui est mis en musique par Pierre Vandamme en 1902, en est le parfait exemple.
Mais, s’il est capable de produire des œuvres de qualité, sa production surabondante laisse aussi passer des pièces plus mièvres ou doucereuses. Celles-ci inaugurent un style dans lequel vont s’engouffrer bon nombre d’auteurs liégeois : le Lèyîz-m’ plorisme, porte ouverte à la nostalgie et au regret du temps passé.
Parallèlement à son activité poétique, il s’essaye au théâtre avec son ami Maurice Midrolet. Ses pièces connaissent le succès, et surtout sa comédie-opérette Èl Tchôleûr dèl coûlêye, qui inscrit les airs traditionnels liégeois dans une comédie populaire. Le succès de cette pièce, entre 1925 et 1932, est immense.
C’est son activité journalistique et associative qui vont lui prendre le plus clair de son temps. Il fonde Noss’ pèron en 1920, dans lequel il engage le jeune Georges Simenon. Il met sur pied un petit périodique intitulé Tchansons dès treûs valèts, avec Constant Fourny et Henri Lambremont. Il participe au comité de rédaction du nouveau programme officiel du théâtre wallon du Trianon, dès 1925, avec Jean Lejeune et Louis Lagauche. Et il assume la publication de l’annuaire La Wallonne, cercle littéraire fondé par son ami et mentor Jean Bury, dont il assume la présidence.
C’est au cœur de ce cercle que son influence en tant qu’écrivain est la plus grande. Il y consacre l’essentiel de sa production et ses pairs s’en inspirent pour leurs propres productions.
Lors de son décès en 1928, sa popularité est à son comble et ses funérailles sont un temps fort de l’hiver liégeois. Les membres de La Wallonne, voulant lui rendre hommage, organisent l’édition d’un recueil reprenant ses plus belles pièces, le livre Frûzions dè coûr sera imprimé en 1938.
Enfin, malgré son immense popularité, ses textes ont finalement mal résisté au temps. Hormis la chanson Li p’tit banc, la plupart de ses écrits restent emblématiques d’un esprit Belle-époque à Liège. Wiket a pourtant exercé une grande influence sur les auteurs liégeois de son temps, les inspirant à prolonger la veine lyrique entamée avec Defrecheux, parfois un peu trop loin.