Dieudonné Salme naît en 1836. Armurier de profession, il commence très jeune à écrire. Il compose ses premiers textes en français dès 12 ans, mais il s’agit de romances sentimentales assez banales et des lecteurs éclairés l’orientent vers le wallon.
Dès cet instant, il n’en démordra plus. Il faut reconnaître que son écriture est assez inégale. Il est capable de très bonnes choses, comme de très médiocres. Son principal talent fut surtout d’oser sortir le wallon des sentiers battus.
Il écrit de la poésie tout d’abord. Beaucoup. Imprimées sur feuilles volantes, dans des journaux dialectaux ou reprises dans des bulletins et annuaires de sociétés diverses, il parviendra à rassembler la majorité de celles-ci dans un recueil intitulé Tonîres èt Blouwèts en 1878. Il se distingue par son côté frondeur, caustique et satirique souvent. Il a un sens de l’observation particulièrement aigu.
En 1872, il fonde le Royal Caveau Liégeois avec Toussaint Brahy. Il en est le premier président. Il induit une certaine rivalité avec la Société de langue et de littérature wallonnes, dont il n’apprécie pas l’espèce de contrôle qu’elle exerce sur les productions de l’époque, notamment par les concours qu’elle organise. Cela ne l’empêche pourtant pas de participer et d’y être primé à plusieurs reprises !
Il est le premier à monter une revue totalement en wallon, sous le titre Lès sots d’ Lîdje èt li k’pagnèye en 1875. Il compose de nombreuses pièces de théâtre. Les premières sont assez insignifiantes, banales, puis certaines valent le coup d’éclat : Ine feume qu’ènnè våt deûs (1876), Les rabrouhes (1881), On bê côp d’hèrna (1884), Li fiyou (1889). Il s’agit surtout de comédies-vaudevilles. Fiasse èt bèle mére qu’il écrit en 1889 lui vaut même une médaille d’or au concours de la Société de langue et de littérature wallonnes. Mais tout paraît pâle à cette époque à côté de Tåtî l’ pèriquî, dans le théâtre wallon.
C’est finalement Li houlo, roman largement autobiographique, qui sera l’œuvre indissociable du nom de Dieudonné Salme. Il y agit en vrai mémorialiste du quartier d’Outremeuse et des arts qui y résident. Le chapitre consacré au théâtre de marionnettes èmon Con’ti est un incontournable car il est le premier vrai témoignage de cette tradition populaire encore si vivace à Liège. Son ton est parfois moralisateur, il commet de nombreuses maladresses littéraires, mais il y a une sorte d’intensité primitive qui donne beaucoup de relief à tout ce qu’il décrit avec une fidélité scrupuleuse.
Ce roman, qui rencontra un grand succès, connaît une suite : Pitchète, écrit en 1890.
Il décède en 1911, en laissant derrière lui une œuvre très abondante, disparate et fort inégale par la qualité de son style et de la langue employée. Son mérite premier est d’avoir amené le wallon dans des genres littéraires qu’il n’avait pas encore osé aborder.