Charles Letellier nait à Ath le 18 avril 1807. Six semaines plus tard, son père meurt, de sorte que sa mère décide d’un déménagement à Mons, où elle exerce le métier de lavandière. Alors qu’il n’est pas encore adulte, Letellier est remarqué par le père Coquelet, grâce auquel il entrera au Collège de Mons, puis au séminaire. Une fois ordonné, Letellier sera successivement vicaire à Péruwelz, curé à Wasmuël, puis curé à Bernissart, où il décédera le 30 avril 1870.
Charles Letellier est un nom important de la littérature picarde et wallonne et est considéré comme l’un des auteurs montois les plus importants de sa génération, avec Henri Delmotte. Il est le premier auteur d’almanachs et de fables dialectaux en Wallonie.
Alors qu’il est curé à Wasmuël, Letellier entreprend de prendre la plume dans le parler montois afin d’aider ses paroissiens les plus démunis. Marchant dans les traces d’Henri Delmotte et de ses Scènes populaires montoises, l’abbé publie en 1842 des Essais de littérature montoise, où l’on retrouve, en montois, des fables (en prose qui, par là, tiennent du conte populaire et du fabliau tout à la fois) inspirées principalement de La Fontaine, et, surtout, Èl mariâje dè l’ fîe Chôse (littéralement, Le mariage de la fille Chose), scène dialoguée en trois tableaux qui met en scène les mœurs populaires d’alors et où deux commères vont observer et commenter allégrement le mariage de la fille d’un notable de la ville. Le succès de l’œuvre est immédiat, au point que l’ouvrage est piraté en France, à Valenciennes, en 1845. En 1848, l’auteur propose une deuxième édition augmentée. Un original manuscrit de la première édition a été déposé à la Bibliothèque de Mons et porte le titre de Èl mariâje dè l’ fîe Siraut, l’ Bourguémesse à St Nicolas, ce qui laisse à penser que le mariage qui a inspiré Letellier est en réalité le mariage de la fille du baron Dominique-Nicolas-Joseph Siraut, bourgmestre de Mons de 1836 à 1849. En plus de son succès en termes de ventes, l’œuvre a été comparée pour son réalisme au « mime » des Syracusaines de Théocrite et est considérée comme un sommet de la scène populaire patoise en Wallonie.
Porté par le succès de ses Essais,