Bruce MAYENCE

PRÉSENTATION
Le 14 avril 1956, naissance, à Jumet, dans la banlieue industrielle de Charle-roi, et sous le signe du Bélier, de Bruce Mayence, le quatrième garçon d'une famille de cinq fils. Le père, solide gaillard, est ouvrier. Il ne sait ni lire ni écrire, mais qu'à cela ne tienne : il est rusé, réussit à cacher à ses divers employeurs son quasi-analphabétisme, gravit les échelons et devient lui-même patron d'une entreprise de rejointoyage. Ses enfants ont un toit, une mère qui les attend à la maison; lui, il passe dix années le soir, après ses heures, à décharger des wagons pour que ses mômes aient de la viande dans leur assiette et des chaussettes en hiver.En 1970, parfait cancre, donc heureux, Bruce Mayence quitte l'école. Il a quatorze ans. Depuis deux ans, il écrit des historiettes et sait qu'il n'a pas besoin des profs désabusés qu'on lui a imposés pour prendre la vie à bras le corps. Il erre dans Jumet, hésite entre le farniente et le commerce, agace les filles et signe finalement un contrat d'apprentissage en boulangerie. Les quatre années qui suivent, il les passe à rêver, il ronge son frein devant les plateaux de croissants que les autres dévorent; les nuits se succèdent devant les fours; mais, au petit matin, quand l'aube pointe, il troque son pétrin contre une plume et couche sur papier glacé les détails de ce pain qui a gonflé.En 1974, le jour de ses dix-huit ans, il plaque son patron, déchire son contrat et décide de gagner sa vie. Avant d'écrire des romans, et justement pour les nourrir, il vivra. Il se marie comme on fume sa première cigarette : pour imiter Papa. Il écume Jumet et les alentours, se hasarde à Charleroi, divorce, se remarie, redivorce.Dans les années 80, puisqu'il faut bien surfer sur la crête des vagues et non traîner dans leur creux, il exerce divers métiers, il est tour à tour boulanger, chauffeur de taxi, garçon de café, et même entrepreneur. Cent fois il tombe, se relève, fait faillite, se refait. Une constante : il écrit, ne manque pas une occasion de s'élever contre le racisme et l'intolérance sous toutes ses formes. Il commence plusieurs romans, les abandonne après un chapitre, renonce à la littérature.Un jour de 1989, à 33 ans, seul et paumé, assis sur une plage de Middelkerke, il décide d'écrire un roman. Et ce roman sera noir comme la misère, la domination des forts, la soumission des faibles.D'abord il aligne des nouvelles pour se faire la main et tuer le temps, car le temps le gêne -il est en quête d'absolu, et le temps qui s'égrène est un frein; mais le temps résiste, alors il se met en tête de l'assassiner, et comme celui-ci refuse de suspendre son vol, il écrit davantage et se met à inventer des romans...En 1991, il publie La carrière des singes de marbre à Bruxelles. Sans illusions, il a posté son manuscrit un vendredi soir en quittant la boulangerie. Le week-end s'est étiré, morne et triste, mais, surprise, le mercredi suivant, Bruce L. arrive de la mer avec le premier train du matin, convoqué par les éditeurs de la rue Veydt. Il monte dans un tram au Cantersteen, pousse la porte des Éditions du Cri et avant qu'il ait pu s'expliquer sur le sens de sa littérature, le contrat est signé!Fort de cette expérience, il tente l'aventure à Paris : il publie deux romans chez Anne-Marie Métailié, il est finaliste du prix AT&T 1995. Au fil du temps, lui, l'avocat du Diable et du polar belge, il noue des relations avec le monde littéraire. Sans relâche, il parcourt la France et défend ses compatriotes à Grenoble, Montpellier, Metz, Le Mans, Saint-Étienne... Et il trouve encore le temps d'écrire et d'agir : cette année, en 1997, il publie trois romans chez trois éditeurs parisiens et lance une collection policière chez Luce Wilquin, Noir Pastel, histoire de relancer le roman noir belge et de lui donner un ancrage. Comme il a toujours privilégié l'amitié et le travail à toute autre considération, la centaine de ses amis auteurs ou journalistes contactés dans le courant 96 ont répondu à l'appel, l'ont encouragé tout naturellement, l'ont assuré de leur soutien et conseillé. (En quelques semaines le projet aura été bouclé, les membres de son comité de lecture désignés et son contrat avec Luce Wilquin signé). Ouf! Mais non, aujourd'hui, après une formation de bibliothécaire, il a obtenu un emploi... de bibliothécaire à Mons.