Nelly Kristink   1911 - 1995

PRÉSENTATION
Lors de l'attribution du Rossel 1948 au Renard à l'anneau d'or, Marcel Lobet a écrit qu'il fallait louer Nelly Kristink d'avoir su se maintenir à égale distance de l'eau de rose et du whisky frelaté du roman noir.Remercions-la surtout de nous rendre le simple goût de l'eau de source...Nelly Kristink naît à Bruxelles le 3 janvier 1911. Son père est de nationalité allemande et d'ascendance maternelle tchèque; sa mère est originaire d'une famille de paysans-horlogers des Ardennes liégeoises (Chauveheid).Son père, gérant d'une firme chimico-pharmaceutique allemande, voyage beaucoup entre Bruxelles et Saint-Pétersbourg, emmenant parfois sa petite famille. En 1915, il est rappelé comme interprète au service des armées impériales combattant sur le front russe. L'épouse et la fille se suivent alors en Rhénanie.En 1916, son père est tué en Lituanie; dans l'impossibilité de rentrer en Belgique, sa mère, à ce moment fixée en Saxe, donne des leçons de français pour subsister. Les deux exilées vont attendre jusqu'en 1923 l'autorisation de quitter l'Allemagne.C'est enfin le retour au pays et l'installation, dans la maison maternelle, à Chevron.L'adolescente doit à nouveau quitter ses chères Ardennes pour devenir Normalienne à Liège. Après quatre années d'internat aux Rivageois, c'est le retour au village et la prise de fonctions de la nouvelle institutrice dans la maison-école, où elle créera une bibliothèque publique.J'ai sans doute écrit parce que je m'ennuyais un peu... dans ce coin si calme et trop loin de tout.Elle débute par des contes publiés bientôt dans des magazines féminins. L'annonce de sa victoire au concours de "la plus belle lettre d'amour" lui parvient le matin du 10 mai 1940...L'immobilisation forcée des années de guerre la fixe davantage encore à son écritoire. Les contes et les nouvelles se multiplient. Puis un premier roman voit le jour en 1943.En 1948, c'est la consécration du Prix Rossel, attribué - sur manuscrit - au Renard à l'anneau d'or.En 1960, le prix Georges Garnir récompense La rose et le rosier, roman historique du terroir, dont l'accueil commercial n'est pas à la mesure de la très grande qualité.Peut-être déçue de cet accueil injuste, Nelly Kristink n'écrira plus que pour les enfants; elle rédige les textes de nombreux livres d'imagerie, condense des contes célèbres et donne une suite à l'héroïne de Johanna Spyri, Heidi. En 1974, le long feuilleton télévisé belgo-international (tiré du Renard à l'anneau d'or) tourné sous la direction de Teff Erhat remporte, auprès du grand public, un immense succès confirmé par plusieurs rediffusions et un tour des chaînes du monde entier, de la Bulgarie à la Martinique. Aujourd'hui, Nelly Kristink regarde, depuis la grande fenêtre de son salon, paître les chevaux dans les prés d'alentour et monter les brumes de la Lienne en contrebas. Derrière elle, la poutre de chêne affirme un dum spiro spero.
PRIX
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Dans sa collection joliment nommée Regains, qui remet en lumière des textes publiés naguère et quelque peu oubliés, l’éditeur Weyrich a choisi d’inscrire le roman de Nelly Kristink Le renard à l’anneau d’or. Le titre sans doute le plus connu en son temps de la romancière, nouvelliste et auteur de récits pour la jeunesse, lauréat du prix Rossel en 1948, sur manuscrit.On a dit que Nelly Kristink (1911-1995) était à l’Ardenne ce qu’est Marie Gevers à la Flandre, souligne d’entrée de jeu Christian Libens dans sa postface. Toutes proportions gardées, il est vrai que les paysages, les bois, la montagne, le vent dans la lande, entourant le domaine du Rondbuisson, à la lisière des Fagnes, sont beaucoup plus que le cadre, le décor de l’histoire de Mariève : sa respiration,…