Compte-rendu


Les Kriegscayès : la grande guerre des Rèlîs Namurwès par Joseph DEWEZ, Bernard LOUIS, Axel TIXHON, Namur, Société Archéologique de Namur, 2015, 448 p,  30 €.

Le centième anniversaire de la Première guerre mondiale a suscité une large moisson d’ouvrages historiques, de plus ou moins grand intérêt.

Les témoignages en langue régionale n’ont pas été complètement oubliés et on citera, par exemple, les Sov’nances di quatôze de Félicien Barry, parus chez El Bourdon, ou La guerre 1914-1918 dans la littérature dialectale, édité par la Bibliothèque publique centrale du Brabant wallon.

L’ouvrage que nous proposent Joseph Dewez, Bernard Louis et Axel Tixhon est plus ambitieux. Il rassemble et édite les écrits rédigés entre 1914 et 1919 par l’ensemble des membres du cercle des Rèlîs Namurwès sous le nom générique et un brin provocateur de Kriegscayès.
La plupart d’entre eux étaient encore inédits à ce jour.

Ces témoignages littéraires…

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Amourons-nous

Quelle plus belle formule pouvait-on inventer pour parler de l'amour du cœur et du corps que celle d'Amourons-nous, pour évoquer ces sentiments si difficiles à exprimer avec des termes simples, quand la passion est présente en chaque seconde et constitue entièrement deux êtres ? Geert De Kockere, déjà remarqué, notamment, par son très bel album Tête-à-tête publié chez Milan jeunesse, surprend de nouveau ses lecteurs par ses petits poèmes d'amour qui expriment le quotidien et l'extraordinaire de ce moment d’émotion unique, quels que soient l'âge et la beauté des corps. Cet auteur, d'ailleurs principalement reconnu au Pays-bas comme poète, est également créateur de textes en prose pour les enfants ne sachant pas encore lire (comptines, petit contes…). Il est à l'origine, à ce jour, d'une cinquantaine d'ouvrages. Tous ne sont pas encore traduits en français, vous pouvez retrouvez quelques titres aux éditions Circonflexe comme Sacrée Zoé !, Nanette ou encore Willy (pour les enfants à partir de 4 ans.) La jeune illustratrice Sabien Clément, néerlandaise, qui publie ici son premier album (aussi bien à l'étranger qu'en France) exprime très bien cet amour par le dessin de femmes et d'hommes aux corps démesurés, sans recherche d'esthétique particulière, des couleurs qui débordent des traits, des corps grossièrement découpés… Des lettres en décalcomanie ont également été ajoutées dans le dessin qui peut devenir dès lors texte à part entière. Pour l'adaptation en français, il a fallut modifier certains transferts qui n'avaient plus de sens mais heureusement pour la beauté de la langue, d'autres ont été gardés et ressemblent à des fioritures qui enlumineraient les dessins. Cette jeune illustratrice n'a pas pour habitude de travailler pour les enfants. Mais ce livre ce prête à tout individu, enfant comme adulte, et permet même de communiquer sur le thème parfois délicat de l'amour physique entre parents et enfants. Ce défi à relever de la part de Geert de Kockere n'était pas évident ni pour lui ni pour Sabien Clement car il s'agissait de parler de l'amour en général sans tomber dans le grotesque ou le vulgaire. Cet album est original pour plusieurs raisons : d'une part par sa conception et d'autre part pour la nouvelle place qu'il prend dans le paysage littéraire jeunesse et adulte. En effet, cet ouvrage a été réalisé en complète harmonie entre l'auteur et l'illustratrice ; ainsi certains dessins sont nés du poème et d'autres poèmes sont nés d'un détail de l'illustration . Cette technique n'est pas habituelle en France. C'est souvent l'auteur ou l'éditeur qui choisit l'illustrateur ou l'illustrateur ou l'éditeur qui choisit l'auteur. Les éditions du Rouergue, qui ont acheté les droits de cet ouvrage lors du Salon de Bologne 2002, ont une fois de plus innové dans le domaine de la littérature puisque ce livre est le premier album destiné aux adolescents et aux adultes. Bien sûr, les enfants sont largement conviés à le feuilleter mais ils ne leur est pas exclusivement réservé. Pour marquer cette originalité, le Rouergue a créé une nouvelle collection, en continuité avec un pôle déjà existant (Do à do) et l'a simplement nommée : "Do à do image" ; pour l'instant, cette maison d'édition est la seule à avoir pris le risque de publier cet ouvrage et je ne peux qu'encourager et féliciter cette démarche qui s'inscrit parfaitement dans la politique des éditions du Rouergue. Je ne pourrai conclure sans vous laisser lire une partie infime de ce bel album : " Une fois de plus J'écris ce qui me vient. Tu me demandes : qu'est-ce que tu fais ? Je couche notre amour sur le papier. " Reste à savoir si l'accueil sera à la hauteur de cette petite révolution artistique. Je l'espère sincèrement car le lecteur ne peut être que charmé par cet album rouge…

Perversus

Je suis entré deux fois dans Perversus , ce qui signifie que j’en suis sorti. La première fut aisée…

Bruges-la-Morte

Le 28 juin 1892, Stéphane Mallarmé s’empare de sa plume la plus leste pour ciseler un compliment à Georges Rodenbach  : Votre histoire humaine si savante par instants s’évapore ; et la cité en tant que le fantôme élargi continue, ou reprend conscience aux personnages, cela avec une certitude subtile qui instaure un très pur effet. Si délicieusement absconses que demeurent ces lignes, l’on y aura sans peine identifié les allusions à Bruges-la-Morte . C’est que le poète aura su ramasser les traits les plus saillants de cet incontournable de nos Lettres : l’évanescence de l’atmosphère qui règne à chaque chapitre, la contagieuse spectralité de son décor médiéval immuable, enfin les résonances qu’il ne manque pas d’éveiller dans la sensibilité des lecteurs qui le redécouvrent ou, ô extase, de ceux qui l’ouvrent pour la première fois. Proposer comme le fait aujourd’hui la collection patrimoniale Espace Nord une édition définitive de ce livre culte, « méconnu parce que trop connu » selon l’expression de Paul Gorceix, est une entreprise d’utilité publique. Car, si son auteur était presque devenu parisien d’adoption à force de fréquenter les Mirbeau, Goncourt et autres Villiers de l’Isle-Adam, Bruges-la-Morte n’est pas seulement le plus français de romans belges fin de siècle ; c’est surtout un chef-d’œuvre de la littérature mondiale, où style et fantasme se fécondent mutuellement. En fait, investir l’univers brumeux et appesanti de ce roman constitue moins une expérience littéraire que matérielle. La langue déployée par Rodenbach n’est ni baroquisante ni sauvagement charnelle, mais par la richesse poétique et l’art consommé des correspondances qui y sont en jeu, elle s’éprouve davantage comme une étoffe rare, un parfum capiteux, un cru millésimé, une musique empreinte de mystère – que comme un texte se maintenant à ras de page.Un critique qui « spoilerait » Bruges-la-Morte est juste bon à faire rafraîchir dans le premier canal flamand venu. Il importe de laisser intacts aux profanes l’abord de la destinée tourmentée d’Hugues Viane, ténébreux, veuf, inconsolé ; ses errances dans les rues d’une Venise du Nord où le temps s’est comme figé ; le délire qui le possède et les superpositions troubles qu’opère son esprit entre le visage de la Morte et celui de la Vivante ; le crescendo de sa tragédie qui ne débouche sur aucun dénouement, que du contraire…Mais les connaisseurs, qui en possèdent sans doute quelque exemplaire écorné datant de leurs Romanes, ne manqueront pas d’acquérir aussi cette édition augmentée d’une anthologie de textes évoquant Bruges et, surtout, d’une postface tirée au cordeau. Le spécialiste à solliciter était tout trouvé en la personne de Christian Berg. En trente-cinq pages, voici Bruges-la-Morte et son auteur situés dans leur contexte, les thèmes binaires (la vivante/la morte, l’homme/la ville, la copie/le modèle, etc.) éclairés en leurs réciprocités comme en leurs divergences, et le style enfin, ce style d’orfèvre, soupesé avec délicatesse et posé sous la loupe d’un critique qui préfère regarder les gemmes en joaillier, pas en minéralogiste.L’étude de Berg constitue un maître-étalon en matière d’approche d’un texte aussi singulier, qui reste néanmoins symptomatique de son époque. Plutôt que de s’attarder sur l’épineuse question du genre auquel appartient l’œuvre (et qu’il résout avec justesse en la situant « entre le roman psychologique, la nouvelle fantastique et le poème en prose »), l’exégète préfère se concentrer sur le pivot rhétorique qui en assure la cohésion, à savoir l’analogie. La brillante analyse qu’il livre de l’omniprésente dialectique entre ressemblance et nouveauté s’articule à celle de la chronologie itérative à laquelle obéit l’histoire ainsi qu’à la topographie littéraire où s’ancre le récit. Tout en affiliant Rodenbach aux crépusculaires que furent Barrès, D’Annunzio, Rilke, Zweig ou Mauclair, Berg rappelle en effet à quel point « les villes mortes ou mourantes menacées par l’eau noire, les palais abandonnés environnés de plans d’eau stagnante, les petites cités de province prostrées dans le silence ou l’oubli, les villes tombeau et les “Thulés des Brumes” constituent la géographie privilégiée de l’imaginaire fin de siècle ».Au final, Bruges-la-Morte se révèle un prisme visuel, sonore, olfactif, tactile, sensible – bref la réalisation romanesque des principes synesthésiques chers à Baudelaire – nous permettant de mener une expérience littéraire unique que l’on se plaît à recommencer sans fin… parce qu’on sait qu’elle est irreproductible.Parmi les canaux blêmes de l’ancien port figé dans des eaux sépulcrales, le roman se joue entre des reflets : celui d’une femme que Hugues Viane a passionnément aimée, celui d’une morte dont il croit retrouver l’image chez une vivante. Récit fétichiste, où toute la sémiologie de la ville participe aux cérémonies du deuil. Livre culte pour les spleens d’aujourd’hui.Hugues Viane a choisi d'habiter Bruges, qui s'accordait à la mélancolie de son deuil. Dès lors cette ville au charme délétère s'impose comme la véritable héroïne de ce roman, l'un des chefs-d'oeuvre du symbolisme.Parmi les canaux blêmes de l’ancien port figé dans des eaux sépulcrales, le roman se joue entre des reflets : celui d’une femme que Hugues Viane a passionnément aimée, celui d’une morte dont il croit retrouver l’image chez une vivante. Récit fétichiste, où toute la sémiologie de la ville participe aux cérémonies du deuil. Livre culte pour…