D'Hadrien à Zénon (Volume 5) : « Zénon, sombre Zénon » : Correspondance 1968-1970


RÉSUMÉ

À PROPOS DE L'AUTEUR
Marguerite Yourcenar
Auteur de D'Hadrien à Zénon (Volume 5) : « Zénon, sombre Zénon » : Correspondance 1968-1970
Née à Bruxelles, le 8 juin 1903, de mère belge mais de père français, Marguerite Yourcenar est Française et le restera jusqu'en 1947, moment où elle deviendra Américaine. Onze jours après sa naissance, sa mère, Fernande de Cartier de Marchienne, meurt des suites de l'accouchement. Son père Michel de Crayencour emmène l'enfant au Mont-Noir, en Flandre française. Marguerite gardera de cette enfance à la campagne l'amour de la nature et des animaux. Élevée par son père et par quelques précepteurs, l'enfant se familiarise très vite avec les auteurs latins et grecs. Très tôt, elle lira en italien et en anglais. Quand la grand-mère meurt en 1909, Michel de Crayencour fait mettre en vente l'immense propriété et va vivre à Paris, multipliant les séjours à la Riviera, en Suisse et, plus rarement, en Belgique où réside sa belle-famille. La jeune Marguerite apprend ainsi à parfaire son éducation tout en voyageant. Dès huit ans, elle rêve de devenir quelqu'un d'important et s'essaie à la poésie. Pour ses dix-neuf ans, son père lui offre la publication d'un dialogue poétique sur le mythe d'Icare : Le jardin des chimères. S'y exprime son ambition majeure : s'élever au-dessus de la mêlée. Le livre a la faveur de quelques critiques et la jeune fille rassemble des poèmes écrits entre la quatorzième et la seizième année. Publiés également à compte d'auteur, Les Dieux ne sont pas morts aborde ses futurs thèmes favoris : le paganisme hellénique, l'amour du passé et des sites, la passion des œuvres d'art. L'attention portée aux documents iconographiques est là en germe et se développera par la suite, notamment dans Mémoires d'Hadrien. Enfin, ces poèmes démontrent une réelle puissance imaginative qui consiste à voir un personnage, ombre vivante, derrière la statue ou le personnage peint, don qui s'exprimera avec force lorsqu'il s'agira, vingt-cinq ans plus tard, de faire revivre Antinoüs à partir de la statuaire ou des monnaies. Un seul autre recueil de poèmes sera édité en 1956, Les Charités d'Alcippe, qui reprendra des poèmes de jeunesse retravaillés. Il faudra cependant attendre Alexis ou le Traité du vain combat pour que la critique cherche à savoir qui se cache sous l'étrange pseudonyme de Marg. Yourcenar. Ce récit inaugure un style intimiste et un thème favori de l'auteur : le trio passionnel où la femme est rejetée par l'aimé qui aime un autre homme, situation que Marguerite Yourcenar a elle-même vécue, et qu'elle a connue dans sa prime jeunesse. Ainsi naît son premier roman, La Nouvelle Eurydice. Orpheline a vingt-six ans, Marguerite Yourcenar se lance dans les voyages et l'écriture. Son Pindare plaît au lecteur de Grasset, André Fraigneau, qui fera également éditer Les Songes et les sorts (un essai agrémenté de récits de rêves récurrents), Feux, Denier du rêve (sur son expérience italienne de la montée du fascisme) et La Mort conduit l'attelage, trois récits sauvés d'un vaste et juvénile projet de roman. À la déclaration de la seconde guerre mondiale, elle veut rejoindre la Grèce, mais, à court d'argent, accepte une invitation de Grace Frick, une Américaine rencontrée deux ans plus tôt, à se rendre aux États-Unis. De 1939 à 1950, Marguerite Yourcenar produit peu et essentiellement du théâtre : Le Mystère d'Alceste, La Petite Sirène qui marque le moment où, pour l'auteur, la géologie et la méditation sur la terre ont pris le pas sur l'histoire et la méditation sur l'homme. Enfin, vient Électre ou la Chute des masques aux accents sartriens. En relisant quelques pages sauvées d'une tentative de rédaction de 1937, elle se remet, début 1949, à écrire Mémoires d'Hadrien. Le livre, qui connaît un immense succès, est conçu comme une longue lettre adressée par l'empereur à son successeur Marc-Aurèle; il retrace de l'intérieur la vie et les pensées d'un homme d'État qui sut allier l'amour de la Grèce, de la beauté, du pouvoir et de la paix. En 1947, Yourcenar prend la nationalité américaine. L'Académie royale de langue et de littérature françaises l'élit le 18 avril 1970 en tant que membre étranger. Entre-temps, elle a écrit son chef-d'œuvre, L'Œuvre au noir. Sombre récit de la vie du philosophe et médecin Zénon se débattant contre l'enfer de l'Inquisition et préoccupé du seul perfectionnement de soi-même dans ce monde déchiré par les luttes religieuses. Œuvre pessimiste, elle captive pourtant par la victoire de l'homme sur lui-même. Marguerite Yourcenar est désormais un auteur célèbre et célébré. Une grave maladie de sa compagne et traductrice, Grace Frick, la maintient durant dix ans à Petite Plaisance. Elle profite de cette réclusion pour rédiger les deux premiers tomes de la trilogie consacrée à un vieux projet : l'histoire de sa famille. Souvenirs pieux évoque sa famille maternelle, Archives du Nord, sa famille paternelle et l'histoire de son père. S'y exprime une préoccupation croissante : la nostalgie d'un monde à l'extrême bord de l'éternel qu'elle a rencontré et rêvé dès 1942. Quand Grace Frick meurt, elle reprend ses voyages avec un nouveau compagnon, Jerry Wilson. L'étourdissement de la vie retrouvée l'éloigne un temps de l'écriture qui reste présente mais moins ardente. La gloire cependant l'assaille de toutes parts et elle est la première femme à l'Académie française. Elle est reçue le 22 janvier 1982 au siège de Roger Caillois. Elle rédige de front essais et œuvres romanesques : Le Temps, ce grand sculpteur, En pèlerin et en étranger, Le Tour de la prison, Anna, soror..., Un homme obscur et Quoi? L'Éternité, dernier tome de sa trilogie resté inachevé. En novembre 1987, retrouvant quelques forces, elle veut revenir en Europe pour visionner le montage du film qu'André Delvaux a tiré de L'Œuvre au noir. La veille de son départ, elle est hospitalisée. Elle meurt le 17 décembre à Bar Harbour.


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Comme Joseph Brami et Michèle Sarde le mentionnent dans la préface, la position de Yourcenar sur l’expérience créatrice se singularise par un double mouvement. D’une part, l’expérimentation d’un phénomène de dépossession, de rapt (bien des critiques ne saisissent pas que « le livre ‘se fait’ en nous » écrit-elle, qu’il advient de son propre chef), d’autre part, une volonté d’orienter, au travers de préfaces, de notes, l’interprétation que les lecteurs produiront de ses textes. La non-maîtrise en amont, au niveau de l’écriture du livre, des personnages qui s’imposent se double d’une tentative de maîtrise en aval, au niveau de la réception. Étrangère aux modes, aux tendances littéraires, l’autrice du Coup de grâce, de Feux pratique une écriture qui se tient à distance de l’ego, de l’autofiction et privilégie un jeu de monstration et de dérobade.«  Tous comptes faits, toute œuvre littéraire semble construite en partie pour révéler, en partie pour cacher ce soi qui jamais ne se suffit à lui-même mais qui jamais n’est absent, et c’est peut-être ce jeu toujours un peu trouble qui constitue ce qu’on appelle la littérature  » écrit-elle à Lidia Storoni le 27 février 1970.       À de nombreuses reprises, Yourcenar a confié combien elle est habitée, hantée par ses personnages, combien la présence de Zénon à ses côtés est plus palpable, plus réelle que celle de ses contemporains. À contre-courant des mouvements d’avant-garde qui, comme le Nouveau Roman, congédiaient l’importance des personnages ou de l’intrigue, l’autrice des Mémoires d’Hadrien brandit un fervent plaidoyer en faveur de la densité des créatures nées de son imaginaire («  Je sentais à vous entendre le définir si bien, Zénon plus réel que moi  » écrit-elle à Jean-Louis Gourg le 2 mars 1969).La voix de celle qui, quittant la France, s’installa avec sa compagne Grace Frick au cœur de la nature sur l’île des Monts Déserts dans le Maine, laisse affleurer sa vision pessimiste de l’état du monde, la puissance pionnière de sa pensée écologique et sa désolation face aux ravages irréversibles des formes du vivant. Au fil de cette riche correspondance, on découvre aussi les échanges relatifs à son élection à l’Académie de langue et de littérature françaises de Belgique, en 1970, dix ans avant son élection houleuse à l’Académie française, d’éblouissants développements sur la dimension spirituelle, la quête de la liberté et de la vérité menée par Zénon, des réflexions sur Mai 68 lorsqu’elle arrive à Paris ou encore des appels à l’arrêt de la guerre au Vietnam. Les parallèles et les échos historiques qu’elle dresse entre l’époque de la Renaissance dans laquelle vit Zénon et la contestation de Mai 68 insistent sur la force de l’esprit qui dit « non » à un monde tenaillé par la chape de plomb de la religion ou de la société de consommation «  et de destruction  ». Même si leur révolte se dissipe trop souvent en violences qui n’ont d’autres résultats que d’aggraver, au moins momentanément, la situation, elle prouve qu’on ne manipule pas si facilement qu’on le croit l’âme humaine, et que tout comme le christianisme au XVIème siècle, et même bien plus tôt, a eu ses athées, précautionneusement certes, mais aussi virulents (…), la « société de consommation » et de destruction commence à avoir les siens   (Lettre à Jean-Paul Tapie  du 1er février 1969).       Véronique Bergen Plus d’information Au cœur des événements de mai 1968 paraît  L’Œuvre au Noir . À l’automne, c’est la consécration critique et publique avec l’obtention du prix Femina. Tant l’œuvre que la renommée de la romancière changent de stature. Au cours de l’année qui suit, Yourcenar est sollicitée par des journalistes, des amis, des écrivains et philosophes, des éditeurs, des lecteurs inconnus. La correspondance qui en résulte est une leçon de grand style épistolaire. En 1970, Yourcenar est élue à l’Académie royale de Belgique — une décennie avant son élection à l’Académie française. Avec l’ébauche de  La Couronne et la Lyre  et du grand projet autobiographique du  Labyrinthe du monde , on voit apparaître le tableau achevé de l’œuvre, tel que le dispose pour la postérité l’écrivaine, et les lettres de cette correspondance générale sont l’occasion pour le lecteur « de suivre, à travers le brouhaha des faits extérieurs, l’aventure…