Auteur de Vivre : si vous sauriez comme j’avions
Il est des écrivains qui font honneur à la vie des autres et qui mettent leur savoir-faire au service de récits de vie qui autrement ne verraient sans doute jamais le jour. Une démarche qui était déployée avec brio déjà dans les trois derniers ouvrages de Jean Marc Turine, dont La Théo des fleuves, qui lui a valu le prix des Cinq continents. L’auteur de Vivre (si vous saviez comme j’avions) est de ceux-qui prêtent leur plume aux sans-voix avec un talent qui force l’admiration. Car dans cet exercice délicat, il convient de respecter la parole de l’autre et la réalité des faits, mais l’on sait que cette mise en ombre de l’auteur n’est pas pour autant un effacement comme l’illustre à merveille ce volume qui rassemble quatre textes distincts.
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…