La remontée du fleuve s’est poursuivie lentement. Adèle s’y est accommodée. Mieux, elle a intégré cette lenteur et s’y est abandonnée. Elle avait le sentiment d’être dans un tableau, une image arrêtée ou suspendue. Elle sentait qu’elle devait s’enfoncer toujours plus profondément dans le pays, sa nature, sa vie pour percer son propre mystère : sa rencontre avec Sainto, sa passion pour un homme qui en avait une autre, l’Afrique ou la révolution, elle ne savait pas, un homme qui avait glissé de ses doigts aussitôt connu.
Années 1960. Adèle a vingt-cinq ans quand elle part en Afrique à la recherche de Sainto. Avec cet inconnu, elle a passé à Paris trois jours et trois nuits passionnés dans une chambre d’hôtel, avant qu’il disparaisse. Enceinte, elle entend bien retrouver le père de son enfant à naître. Quelques indices la conduiront vers le Congo, pays à feu et à sang. Sa quête commence par la lente remontée du fleuve Congo…
De Paris à Kisangani, de Bruxelles à Londres, d’un continent à l’autre, Jean-Pierre Orban nous emporte avec lui dans une odyssée poignante, où il est question de recherche des origines, de transmission et d’une amitié singulière.
Auteur de Toutes les îles et l’océan
Au début des années 1960, Adèle embarque vers une ville non nommée qui apparaîtra finalement être Stanleyville. Elle est à la recherche de Sainto avec qui elle a vécu une brève mais très forte relation et dont elle est enceinte. Dans la première partie de Toutes les îles et l’océan, Jean-Pierre Orban raconte cette lente remontée sur un bateau, où Adèle est la seule Blanche, et l’arrivée dans une ville à feu et à sang. La deuxième partie a pour cadre Bruxelles, la troisième Londres et une brève quatrième se déroule sur l’océan.Quatre parties très dissemblables, autant par les lieux que par les époques. Les mêmes personnages reviennent d’un récit à l’autre ; tous poursuivent une quête semblable, dans une histoire…
Un texte posthume comme un ultime inventaire évoquant notamment la mort imminente et l'amour…
Thomas J. Willson, ses filles, son fils, et la fin des temps
Tom est un jeune quadragénaire qui élève seul ses trois enfants, Agnès, Axel et Aude, qui ont respectivement 15, 9 et 6 ans. Même s’il exercice un métier qui le passionne – auteur pour la jeunesse –, le quotidien est une épreuve pour lui depuis le décès de sa femme. Il s’efforce de garder le cap un jour après l’autre pour aller de l’avant malgré sa tristesse. Heureusement, ses enfants sont là, avec leur caractère bien trempé, pour animer ses journées et combler le silence de la solitude. Il faut dire qu’avec une ado en guerre contre le patriarcat constamment greffée à son portable, un garçon hyperactif qui pose beaucoup de questions et une petite fille particulièrement intelligente, il n’a pas de quoi s’ennuyer. Grâce à eux, Tom se laisse porter par ce joyeux bordel, qu’il doit tout de même recadrer de temps à autre pour éviter les débordements. C’est donc en compagnie d’un reportage sur la famine grandissante sur le continent africain que nous dégustons notre poulet rôti, notre salade de maïs et notre pain, accompagnés d’une sauce aux champignons un peu trop liquide. – Pourquoi n’ont-ils rien à manger ? demande Axel. – Le capitalisme et les puissances mondiales les privent de leurs propres ressources en attisant des conflits internes pour s’approprier leurs terres, lui explique Aude. Ils alimentent la guerre civile afin de faire du profit au détriment du peuple qui souffre. Je suis fasciné par son intellect. Moi, à son âge, j’avais pour ambition de lécher tous les marqueurs de ma trousse afin de déterminer si le goût changeait en fonction des couleurs. La réponse est non. Du moins pour l’arrière-goût. – Ne t’occupe pas de ça, dis-je à Axel. Ça se passe loin d’ici. Un jour, Aude annonce l’arrivée des signes de la fin des temps. Au début, Tom n’y croit pas et tente de la convaincre du contraire en associant cette lubie au décès de sa femme, symbole de la fin du monde pour sa fille. Des événements étranges apparaissent cependant dans le monde entier : une vague de violences inexpliquées, des intempéries suivies de pillages, des lucioles rouges figées dans l’air, des milliers d’animaux qui disparaissent dans tel pays, se multiplient dans tel autre… Ces phénomènes interpellent Tom, d’autant plus qu’il est amené à vivre des situations inexplicables troublantes qui le poussent à croire de plus en plus à la prophétie de sa fille…Lorsqu’une folie meurtrière se manifeste dans le monde entier suite au passage d’une comète, Tom ne doute presque plus de l’issue des événements récents. Sa seule priorité est alors de protéger ses enfants et de les rassurer face à leurs questions dont il ignore les réponses : est-ce vraiment la fin des temps ? Que faut-il faire ? Essayer de l’arrêter ? Si oui, comment ? Ou accepter l’issue inéluctable et faire comme si de rien n’était en l’attendant ?On pourrait imaginer que le récit Thomas J. Willson, ses filles, son fils et la fin des temps est une dystopie grave et pesante, mais il n’en est rien. Le récit de Julien Léonard est davantage une histoire drôle sur la fin des temps, même si cela parait difficile à croire de prime abord. Nous voyons évoluer au quotidien une famille qui tente de ne pas disjoncter face à un événement grave qui se profile à l’horizon, et comme le protagoniste ne se prend pas au sérieux et est animé par un pragmatisme prudent face à toute cette absurdité, nous pouvons lire des scènes cocasses assez savoureuses (« Je me souviens qu’autrefois j’étais son héros. Désormais, je crois qu’elle me prend pour une sorte de chimpanzé moitié savant moitié débile »).Mais ne vous y trompez pas, derrière cette folie douce se cache une vraie profondeur, avec des questions existentielles sur le sens de la vie et des vérités générales justes parfois cruelles.– Faut qu’on refasse le cinéma 4D ! dit Axel. – Non, on retourne au manoir hanté ! revendique Aude. – Eh ! C’est grâce à moi qu’on est ici, alors c’est moi qui décide, intervient Agnès. On se refait le Super Flash ! J’ai déboursé deux cent cinquante euros pour les tickets et bravé les embouteillages durant plus de quarante-six minutes pour arriver jusqu’ici, mais apparemment, c’est grâce à Agnès qu’on y est. Soit ! Après tout, ressentir l’euphorie et l’excitation de mes gosses n’a pas de prix. Quelques jours plus tôt, nous étions terrés dans une cave, apeurés, guettant les échos d’un monde devenu cinglé, et nous sommes là à nous demander quelle sera la prochaine attraction. Le monde se remet toujours à tourner. L’être humain est fragile, il fait ce qu’il peut pour se détourner de ses peurs et se mettre à l’abri de la folie du monde. Tom Willson arrivera-t-il à protéger ses enfants face à la fin des temps ? Séverine…
Un hôpital qui s'écroule, un rapport d'expert qui se perd, une disparition inquiétante, des amours qui se nouent…