Table ronde autour de Georges Bouillon écrivain-humaniste à l'occasion du centenaire de sa naissance

RÉSUMÉ

Actes de l’hommage rendu à l’humaniste à l’occasion du centenaire de sa naissance à la Bibliothèque de Virton le 14 juin 2015.Le livre est accompagné de 3 CDs audios + 1 DVD vidéo.

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À PROPOS DE L'AUTEUR
Georges BOUILLON

Auteur de Table ronde autour de Georges Bouillon écrivain-humaniste à l'occasion du centenaire de sa naissance

S'il descend d'une vieille famille gaumaise et lorraine, Georges Bouillon a cependant vu le jour à Angers (Maine-et-Loire) le 14 juin 1915. Cette naissance angevine ne doit pas surprendre, c'est là, en effet, que ses parents s'étaient réfugiés devant l'avance des troupes allemandes, lors de la Première Guerre mondiale.Dès 1919, toute la famille (il était le dernier de cinq enfants) regagna Virton pour y ouvrir une boulangerie-pâtisserie. C'est dans cette ville que Georges Bouillon fit ses études primaires à l'École communale et ses humanités gréco-latines à l'Athénée Royal, de 1927 à 1933. Ensuite, il étudia la philologie romane à l'Université de Liège, et la termina en 1937 avec un mémoire intitulé La peinture dans l'oeuvre de Marcel Proust.Loin d'étancher la soif de l'humaniste déjà naissant, les cours eurent plutôt pour effet de freiner son élan. Plus tard, les circonstances de la vie lui permirent toutefois de lier une profonde amitié avec l'un de ses anciens professeurs, Fernand Desonnay, grâce à qui il entra à la Société européenne de Culture qui siège à Venise.Pris par l'armée en 1938, surpris par la guerre en 1940, il fit ses armes aux Chasseurs Ardennais à Namur et à Arlon. Il participa à la campagne des Dix-huit Jours et, après avoir été fait prisonnier, il parvint à s'échapper et à rejoindre Virton dès la fin du mois de juin 1940. La même année, il entra comme professeur à l'Athénée Royal de Virton. Hormis ses tribulations militaires (dont un long rappel au printemps 1945), il y resta trente-trois ans. Très tôt il apparut comme un pivot de la culture et de la littérature luxembourgeoises. Ce versant de sa carrière s'ouvrit par une fructueuse collaboration à la revue Le Jeune Faune fondée au début des années 50 par Camille Biver (celle-ci ne connut malheureusement que quatorze publications). Puis, en 1954, ce fut la création de La Dryade - du nom d'une sculpture de Jean Godart. Celle-ci fut tout à la fois une revue (qui, comme l'enseignement de Bouillon a duré trente-trois ans: 132 numéros parus de 1955 à 1987), une maison d'édition (près de quatre cents titres allant de la plaquette de poésie à l'ouvrage d'art en passant par l'essai ou le recueil de nouvelles), et, enfin, la maison qu'il habite à flanc de colline à Vieux-Virton, dans le no man's land qui sépare... Saint-Mard et Virton. Plus encore que le nombre de pages brassées, c'est peut-être la pléiade de noms connus qui y firent leurs premières armes ou y affûtèrent leur lame qui a de quoi étonner : de Charles Fox à Claude Raucy, de Georges Jacquemin à Yvon Sondag, de Jean Mergeai à André Schmitz... Il y a en lui [Georges Bouillon] un semeur d'idées et un militant de la culture qui, dans La Dryade, n'hésite pas à prendre position sur des problèmes irritants, il a secoué le cocotier du régionalisme. De La Dryade, qui fut un tremplin, il réussit à faire une plaque tournante où s'exprimaient les idées les plus divergentes, les plus opposées aux siennes. Ainsi, sa collaboration - et son amitié - avec Pierre Nothomb lui ont-elles été reprochées...Bien sûr, au milieu de tout ce petit monde, Georges Bouillon vient aussi apporter sa contribution, allant toujours droit au but (tant pis pour ceux qui n'apprécient pas) avec comme seul objectif une profonde sincérité et, partant, une profondeur de pensée faisant table rase des hypocrisies mondaines ou à la mode... Appelé à côtoyer les écrivains et les peintres, il en fréquenta parmi les plus grands : Camille Barthélemy, Pierre Nothomb, Thomas Braun, Adrien de Prémorel, Elie Willaime (qui fut aussi professeur à Virton), le Père Dominique Pire, Pierre-Henri Simon, Claude Seignolle...Conscient de ce que la culture passe aussi par la découverte de notre monde, il prit à loisir la route pour courir le globe : du Chili à la Thaïlande, des États-Unis à l'Union Soviétique, du Sri Lanka à l'Algérie, de la Chine au Mexique, on le vit partout.Opposé, on l'a dit, à l'esprit de coterie, son humanisme ouvert s'est souvent vu récompensé.Il compte aussi parmi les fondateurs de bien des institutions et revues : le Service du Livre Luxembourgeois, la galerie de la Glycine à Vresse-sur-Semois (créée avec Bonaventure Fieuillien et José Chaidron; Georges Bouillon y a présenté pendant... trente-trois ans une exposition mensuelle. Un chiffre mythique en quelque sorte...).Sa bibliographie révèle un éclectisme inépuisable. Georges Bouillon a poursuivi son activité d'écrivant - puisqu'il a réfuteé le titre d'écrivain - et d'éditeur en achevant par exemple, son journal ininterrompu qui, au total, comportera vingt et un volumes. Enfin, il ne faut pas oublier que Georges Bouillon a été membre étranger de l'Institut grand-ducal, président de la Régionale Luxembourg de Belgique-URSS et qu'il fut l'un des administrateurs des Iles de Paix fondées par le Père Pire.Ouvrages à consulter :
  • HAVENNE (Ed.), Dialogue avec l'humanisme de Georges Bouillon, La Dryade, Vieux-Virton, 1980; coll. Petite Dryade, n° 100.
  • DETIEGE (M.), Dossier-anthologie de Georges Bouillon, in 4 millions 4, Bruxelles, 1981.
  • WILLAIME (E.), in Marginales.
  • RAUCY (Cl.), Portrait d'un honnête homme: Georges Bouillon, Niederkorn, Mender, 1981 ("Mol", 3).
  • PIERRE (Y.), La Dryade, trente ans de revue littéraire et artistique dans le Luxembourg, La Dryade, n° 132 / hiver 1987, p. 3-105.
  • JACQUEMIN (G.), Georges Bouillon, in Les Dossiers d'Aquitaine et d'ailleurs, n° 37/ automne 1988, p. 9-10.
  • JACQUEMIN (G.), Hommage à Georges Bouillon, discours prononcé à Latour (Virton) le 24 octobre 1971 à l'occasion du 41ème congrès de la Société des Ecrivains ardennais.
  • TREKKER (A.-M.), VANDER STRAETEN (J.-P.), Cent auteurs. Anthologie de la littérature française de Belgique, Nivelles, Ed. de la Francité, 1982, p. 51-54.
  • Maugis, revue d'Ardenne, n° 10, été 1990. Numéro spécialement consacré à Georges Bouillon Humaniste sincère.

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Le fantastique dans l’oeuvre en prose de Marcel Thiry

À propos du livre Il est toujours périlleux d'aborder l'oeuvre d'un grand écrivain en isolant un des aspects de sa personnalité et une des faces de son talent. À force d'examiner l'arbre à la loupe, l'analyste risque de perdre de vue la forêt qui l'entoure et le justifie. Je ne me dissimule nullement que le sujet de cette étude m'expose ainsi à un double danger : étudier l'oeuvre — et encore uniquement l'oeuvre en prose de fiction — d'un homme que la renommée range d'abord parmi les poètes et, dans cette oeuvre, tenter de mettre en lumière l'élément fantastique de préférence à tout autre, peut apparaître comme un propos qui ne rend pas à l'un de nos plus grands écrivains une justice suffisante. À l'issue de cette étude ces craintes se sont quelque peu effacées. La vérité est que, en prose aussi bien qu'en vers, Marcel Thiry ne cesse pas un instant d'être poète, et que le regard posé sur le monde par le romancier et le nouvelliste a la même acuité, les mêmes qualités d'invention que celui de l'auteur des poèmes. C'est presque simultanément que se sont amorcées, vers les années vingt, les voies multiples qu'allait emprunter l'oeuvre littéraire de M. Thiry pendant plus de cinquante années : la voie de la poésie avec, en 1919, Le Coeur et les Sens mais surtout avec Toi qui pâlis au nom de Vancouver en 1924; la voie très diverse de l'écriture en prose avec, en 1922, un roman intitulé Le Goût du Malheur , un récit autobiographique paru en 1919, Soldats belges à l'armée russe , ou encore, en 1921, un court essai politique, Voir Grand. Quelques idées sur l'alliance française . Cet opuscule relève de cette branche très féconde de son activité littéraire que je n'étudierai pas mais qui témoigne que M. Thiry a participé aux événements de son temps aussi bien sur le plan de l'écriture que sur celui de l'action. On verra que j'ai tenté, aussi fréquemment que je l'ai pu, de situer en concordance les vers et la prose qui, à travers toute l'oeuvre, s'interpellent et se répondent. Le dialogue devient parfois à ce point étroit qu'il tend à l'unisson comme dans les Attouchements des sonnets de Shakespeare où commentaires critiques, traductions, transpositions poétiques participent d'une même rêverie qui prend conscience d'elle-même tantôt en prose, tantôt en vers, ou encore comme dans Marchands qui propose une alternance de poèmes et de nouvelles qui, groupés par deux, sont comme le double signifiant d'un même signifié. Il n'est pas rare de trouver ainsi de véritables doublets qui révèlent une source d'inspiration identique. Outre l'exemple de Marchands , on pourrait encore évoquer la nouvelle Simul qui apparaît comme une certaine occurrence de cette vérité générale et abstraite dont le poème de Vie Poésie qui porte le même titre recèle tous les possibles. Citons aussi le roman Voie-Lactée dont le dénouement rappelle un événement réel qui a aussi inspiré à M. Thiry la Prose des cellules He La. Je n'ai donc eu que l'embarras du choix pour placer en épigraphe à chaque chapitre quelques vers qui exprimaient ou confirmaient ce que l'analyse des oeuvres tentait de dégager. Bien sûr, la forme n'est pas indifférente, et même s'il y a concordance entre les thèmes et identité entre les motifs d'inspiration, il n'y a jamais équivalence : le recours à l'écriture en prose est une nécessité que la chose à dire, à la recherche d'un langage propre, impose pour son accession à l'existence. 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