Strogoff


RÉSUMÉ

Dans la biographie de tout écrivain, il y a souvent la rencontre avec un livre, la découverte d’un univers qui s’avère étonnamment familier, comme s’il avait été écrit et conçu pour apporter cette révélation : « Ce livre, c’est moi, c’est la vie que je voudrais pour moi-même ». Pour Jean-Pierre Otte, ce fut Michel Strogoff, dont il découvre l’histoire à dix ans grâce à une adaptation cinématographique. Dès lors, il ne rêve plus que d’aventures échevelées. Puis il découvre le roman et le dévore. De son enfance, Jean-Pierre Otte retient les éléments marquants : L’Harmonie, un établissement polyvalent dont ses parents sont les gérants, et où ont lieu des spectacles et des bals. Il évoque la ronde familiale ; ses parents restés pour lui des étrangers ; sa tendresse pour sa grand-mère, férue de botanique, et pour son grand-père, libre penseur passionné d’étymologie ; ses soeurs, qu’il surnomme Garce et Chipie ; Véra Vérouschka, la dame pipi ; la tante Maguy, amoureuse insatiable, et une association de boy-scouts attardés dont le local regorge de trésors pour apprenti entomologiste… Puis vient la vie en pension ou des abbés bornés s’efforcent, en vain, de formater son esprit rebelle. Au grand dam de ses parents, c’est en auditeur libre qu’il s’inscrit à l’Université, allant d’une faculté à l’autre, choisissant les matières au gré de ses intérêts du moment. On ne dresse pas Strogoff aussi facilement ! À dix-huit ans, il fréquente un cercle d’amis extravagants, connaît ses premières amitiés amoureuses avec le désir d’être « le prince charmant de quelque inconnue dont il est assuré qu’elle vient par lents détours à sa rencontre »… Dans le coeur de l’étudiant iconoclaste qu’il est devenu, le héros de Jules Verne continue à vivre, chargé d’un message qui doit sauver le monde, du moins un certain ordre du monde. Jean-Pierre Otte a alors l’idée folle de récrire Michel Strogoff, avec une tout autre fin. À travers ce roman d’apprentissage, il nous livre un formidable éloge de la liberté et du plaisir qu’il y a dans la vie même.





AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:vie livre - "Strogoff"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9548 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Retour en pays natal

Nicolas CROUSSE , Retour en pays natal, Castor astral,2021, 192 p., 18 € / ePub :…

Soren disparu

«  Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu  », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ? Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur une reconfiguration de ce mystérieux Soren, tentant de lui éclairer le mobile de son départ. Chacune y va de sa modulation. «  On dira Soren ceci, Soren cela.. on dit tant de choses, mais au fond, qu’est-ce qu’on sait ?  » Lire aussi : un extrait de  Soren disparu  La construction du roman joue sur un décalage entre temps de narration et temps de récit. Tandis que cette volatilisation du personnage principal orchestre les interventions des différents narrateurs – celui-là l’a appris par téléphone, l’autre en écoutant la radio, celui-ci l’annonce à son père, un autre encore y songe à partir d’une photo de chanteuse dans un magazine etc. –, les récits font appel à une mémoire narrative qui reconstruit, rend présente une antériorité qui parcourt la vie du disparu, de son enfance à cette nuit sur le pont. «  Un souvenir entraîne l’autre. Quand on commence, on n’en finirait plus…  »Cette temporalité se déploie dans une spatialité qui accroît le côté mémoriel des interventions. Le lecteur arpente un Bruxelles d’autrefois ; de l’auditoires de l’ULB au Monty, le piano-bar-cinéma d’Ixelles, près de Fernand Cocq, de la chaussée de Ninove au Mirano Continental, la capitale se fait le lieu de ce festival narratif. [L]es soirs où je glandais, on traînait ici ou là, au Styx, on attendait une heure du mat’, avant ça, rien de bien ne se passait nulle part. À pied la plupart du temps, on allait jusqu’à la Bourse, au Falstaff, à l’Archiduc…, on se faisait parfois refouler à l’entrée quand on était trop murgés ou trop nombreux, ou qu’un truc nous avait énervés, un film ou un bouquin, et que la discussion déraillait. On buvait du maitrank ou des half en half, ou rien, ça dépendait de qui payait la tournée, ensuite, on montait le nord, sous le viaduc, vers l’Ex, ou alors à la rue du Sel parfois.  Cent-douze récits rythment ce roman choral où la musique est omniprésente . Fitzgerald, Les Stranglers, Wire, Chet Baker, Branduardi, Kevin Ayers, Neil Young, … La compilation forme une constellation où luisent les traits saillants qui permettent d’appréhender, par fragments, le disparu, de retracer son parcours, avec, en fond, ces musiques qui résonnent et accompagnent la lecture.Le duo Biefnot-Dannemark, déjà connu pour La route des coquelicots (2015), Au tour de l’amour (2015), Kyrielle Blues (2016) et Place des ombres, après la brume (2017), offre un nouveau quatre mains avec Soren disparu . Un roman kaléidoscope où se font échos les témoins de la vie de Soren ; lesquels, dans l’exploration du pourquoi et du comment d’une perte, mettent en lumière le temps qui passe, la complexité de l’existence et sa fugacité.Une nuit, traversant un pont, Soren disparaît. Tour à tour producteur, musicien, organisateur de festivals, cet homme multiple n'a eu de cesse d'arpenter le monde de la musique. Pour percer le mystère de sa disparition, une centaine de témoins…

Les sœurs noires

Polygraphe, Philippe Remy-Wilkin l’est assurément. Depuis que sa…