Strip est un livre-programme, presqu’au sens de logiciel, dans la mesure où le livre se confond matériellement avec le dispositif qu’il décrit : un strip-tease imaginé autour des jouets en papier proposé au début du siècle dernier qui permettait d’habiller des poupées de papier avec divers éléments de costume. Le livret est basé sur une anecdote, avérée ou non, rapportée par le dessinateur français Yves Chaland autour des personnages de Bécassine et de Tintin, attestant du caractère collectif de la création. Dans ce strip-tease, numéro de spectacle qui, à l’origine, relève typiquement du male gaze, la logique s’inverse pour dévoiler un enjeu qui ne se limite, en dernier ressort, qu’au domaine graphique, à travers l’anecdote de Chaland rapportée à la fin de l’ouvrage. Le verso de chaque page montre la silhouette de l’envers du vêtement qui a été retiré au moment de tourner la page, de sorte que le livre fait corps avec le système qu’il décrit, il fait corps avec le corps que le lecteur dépouille de ses vêtements, à chaque page tournée, à l’instar de la petite fille (oui, c’était très genré à l’époque) qui habille sa poupée de carton. Seul l’objet physique peut restituer l’expérience que ce livre propose.
Auteur et illustrateur de Strip
Située à Vielsalm, au coeur des Ardennes belges, La «S» Grand Atelier propose une série d'ateliers de création pour des artistes mentalement déficients et fonctionne comme un laboratoire.Depuis 2007, La «S» met l'accent sur une approche narrative de l'image et la rencontre entre le Frémok et La «S» a débouché sur un ouvrage collectif qui va donner son nom à l'ensemble du projet : «Match de catch à Vielsalml». Le projet se poursuit depuis avec une nouvelle série de récits créés en binôme. Paz Boïra a été accueillie en résidence entre 2009 et 2010. Nos terres sombres constitue le troisième round de ce match de catch.Certaines rencontres sans bruits. En choisissant de travailler avec Rémy Pierlot, Paz Boïra se rend rapidement compte qu'héritier d'une éducation irréprochable, il cache ses réflexions derrière des formules de bienséance et se protège en s'entourant de phrases toutes faites, adaptées à toutes les situations. Il s'avère nécessaire de trouver un terrain de dialogue autre que la parole. Rémy nourrit une fascination et une curiosité insatiable pour la nature, (qu'il a déjà dessinée avec Vincent Fortemps quelques temps auparavant dans Match de catch à Vielsalm), et montre à la dessinatrice les photos qu'il prend lors de ses promenades au bord des routes. La nature est une thématique chère à Paz Boïra, le sujet de son prochain livre, et ce terrain familier devient dès lors le lieu de rendez-vous des deux artistes. Les animaux, premiers habitants de ce territoire sauvage, commencent à peupler l'atelier silencieux et éloigné qu'ont choisi d'occuper Paz et Rémy pour travailler calmement. Face à face, leurs tables à dessin se remplissent de monotypes où apparaissent de grands ours, que Rémy dessine d'après photo. « Je trouve que dans sa façon de les dessiner il y a quelque chose de beaucoup plus proche de ce qu'est l'animalité (...) et ses animaux ont une présence bien plus vivante que quand je les fais moi ». Les échanges de dessins et le passage d'une main à l'autre permettent peu à peu à Paz Boïra de cerner ce dont elle va pouvoir se saisir pour armer leur récit. Elle perçoit, dans le charme que produit l'évocation des animaux chez Rémy, un lien très fort de ce dernier avec l'animalité et l'inconscient, une proximité qu'elle lutte pour retrouver dans son propre travail. Et c'est autour de cette perception instinctive qu'elle choisit d'articuler leurs travaux. Dans les sous-bois, où de splendidesoiseaux et mammifères se dressent entre de lumineuses clairières et les feuillages densifiés par le monotype, un homme et un ours arrivent à l'entrée d'un souterrain aux mille ramifications, une constellation de terriers. On devine que c'est…
Dans l'univers du catch amateur, les aventures quotidiennes, les rêves et les sensibilités…
Le riche et excentrique Constantin Philibert laisse à ses trois neveux un curieux testament.…