Jean Roba est un dessinateur et scénariste de bande dessinée belge. Auteur incontournable de la bande dessinée franco-belge, son nom est intimement associé au monde de l’enfance. Il est entre autre le créateur de la très populaire série
Boule et Bill.
Jean Roba voit le jour le 28 juillet de l’année 1930. S’il grandit dans la commune de Schaerbeek (Bruxelles), il ne cache pas préférer les paisibles rues aérées de la banlieue aux grouillantes artères du centre-ville.
Grand amateur de dessin, Roba s’inscrit, dès l’âge de 11 ans, aux cours du soir de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Durant son cursus scolaire, il apprend notamment le dessin de mode ainsi que quelques notions de dessin décoratif. Ayant quitté l’école à l’âge de 15 ans, il débute sa carrière, quelques mois plus tard, en tant qu’illustrateur publicitaire. Un choix professionnel qu’il poursuit après son service militaire en intégrant, en 1952, un studio spécialisé dans le dessin commercial. Il devient responsable de ce studio quelques années plus tard.
Sa rencontre avec le dessinateur
André Franquin (le créateur du
Marsupilami et de Gaston Lagaffe) va l’inciter à quitter le monde de la publicité pour se lancer en bande dessinée. Nous sommes en 1957 et André Franquin est, depuis près de dix ans, le dessinateur attitré des
Aventures de Spirou et Fantasio. Un travail d’envergure pour lequel Franquin reconnait avoir besoin d’assistance. À ce titre, il décide de louer un petit appartement à Bruxelles qu’il aménage en studio. Il y accueille Jean Roba, mais également
Jidéhem (auteur de la série
Sophie) qui l’assistent pour dessiner les décors et les personnages secondaires des aventures de
Spirou et Fantasio, ainsi que pour l’aider dans l’écriture des scénarii.
Engagé dans le
Journal de Spirou, par l’intermédiaire d’André Franquin, Roba se fait remarquer en illustrant un conte de Noël rédigé par
Peyo (le créateur des
Schtroumpfs) mais également en réalisant des crayonnés pour deux histoires de
l'Oncle Paul, une série retraçant de grands faits historiques en bande dessinée. En 1957, Roba publie dans le
Spirou l’histoire courte
Tiou, le Petit Sioux. En parallèle, il prête son talent à André Franquin en travaillant avec lui sur trois aventures de
Spirou et Fantasio, respectivement
Spirou et les Hommes Bulles, Les
Petits Formats et
Tembo Tabou, trois histoires parues entre 1958 et 1959 et prépubliées non pas dans le
Journal de Spirou, mais dans
Le Parisien Libéré.
Le tournant majeur de sa carrière intervient en 1959 lorsque, assisté au scénario par l’auteur
Maurice Rosy (
Bobo, Attila, Tif et Tondu) Jean Roba réalise le mini-récit
Boule contre les Minis-Requins. Les mini-récits sont inventés dans le courant des années 60 par le scénariste et éditeur
Yvan Delporte pour
le Journal de Spirou. Composées de quatre pages agrafées en feuillet au centre du journal, ces pages, une fois désagrafées, découpées et pliées, peuvent être ensuite facilement reliées par les lecteurs et lectrices afin de composer un petit fascicule. C’est donc sous ce format que
Boule et Bill voit le jour. Pour imaginer le look de ces deux personnages, l’auteur s’inspire de son propre fils Thierry (dit Boule) et de son animal de compagnie, un cocker nommé Bill.
Le succès rencontré par la publication de
Boule contre les Minis-Requins incite Jean Roba à développer ce projet et à donner corps à l’univers de
Boule et Bill. Mais plutôt que de se lancer dans la réalisation de récits longs, à l’instar des séries
Spirou et Fantasio ou
Tif et Tondu, Roba choisi de raconter les déboires de
Boule et Bill sous forme de gags hebdomadaires. Un format auquel l’auteur ne dérogera pas, sauf en 1982, le temps de l’album
Globe Trotters, 19
e tome de la série. Les premières planches de
Boule et Bill paraissent dès 1960 dans les pages du
Journal de Spirou avant d’être publiées en albums la même année.
Si les aventures de
Boule et Bill séduisent instantanément le lectorat du
Journal de Spirou, c’est parce qu’elles font directement écho au quotidien que vivent les enfants de l’époque. En effet,
Boule et Bill vivent ce qu’il convient d’appeler des « aventures du quotidien ». Ils jouent dans le jardin, vont au parc, se promène en rue, se retrouvent à la sortie de l’école… De plus, le Père et la Mère de Boule, deux personnages que Roba met rapidement en place pour les besoins de la série, représentent le couple traditionnel de la classe moyenne des années 60 ainsi qu’un certain mode de vie idéalisé en ces temps.
Désireux, cependant, de ne pas rester cantonné aux aventures de
Boule et Bill, Jean Roba n’hésite pas à diversifier son activité. Ainsi, en 1962, il donne vie au personnage de
Pomme, une petite fille espiègle au caractère bien trempé, dont il propose les gags au mensuel
Record (1962-1976), une publication destinée à la jeunesse. La même année, il se lance dans la réalisation de
La Ribambelle, une série relatant avec humour et tendresse le quotidien d’une bande d’enfants jouant dans leur base secrète. Encore aujourd’hui, cette série se démarque par sa douceur, son inventivité et sa diversité, les personnages étant tous et toutes issus de milieux sociaux et d’origines ethniques différentes.
Malgré tout, c’est grâce aux aventures de
Boule et Bill, qu’il anime de 1962 à 1987 aux Éditions Dupuis, puis de 1988 à 1996 aux Éditions Dargaud, que Jean Roba est, de nos jours, mondialement reconnu. Série phare de la scène franco-belge,
Les Aventures de Boule et Bill ont, en effet, été vendues à plus de 25 millions d’exemplaires en francophonie. Elles ont connu plusieurs adaptations télévisuelles et cinématographiques et les personnages ainsi que l’univers de la série ont été déclinés en de nombreux produits dérivés.
Jean Roba est fait Chevalier des Arts et des Lettres en 1992. Il prend sa retraite en 2003. L’artiste souffre, en effet, d’une polyarthrite, qui le fait souffrir des mains. Il passe le flambeau des aventures de
Boule et Bill à son ancien assistant, Laurent Verron (
Mademoiselle J, Les Exploits d’Odilon Verjus…), qui, avec l’aide de nombreux scénaristes, en assure la continuité jusqu’en 2015.
C’est en 2006, alors âgé de 75 ans, que s’éteint Jean Roba dans la commune de Jette où il avait élu domicile depuis plusieurs années. Avec son œuvre, tantôt douce et attachante, tantôt drôle et originale, Roba a réussi le pari de séduire un large public composé autant d’enfants… que de parents.