Spirou et Fantasio - L'intégrale (tome 7) : Le mythe Zorglub

À PROPOS DES AUTEURS
Michel Regnier (Greg)

Auteur de Spirou et Fantasio - L'intégrale (tome 7) : Le mythe Zorglub

Greg, de son vrai nom Michel Regnier, naît le 5 mai 1931 à Ixelles, une commune de Bruxelles. Il est cependant de nationalité française. Dès l'école communale, dans un quartier « à risques », où ses petits camarades ne pensent qu'à castagner leur prochain, il sauve sa peau en racontant des histoires : chaque matin, on l'attend sur le chemin de l'école pour savoir la suite, et il a tout intérêt à se montrer talentueux. Cette vocation, bien qu'un peu forcée au départ, ne le quittera jamais. Par ailleurs, il dessine pour le plaisir des Pieds Nickelés et des Tarzan. À 16 ans, il signe les mésaventures humoristiques de Nestor et Boniface, puis du cow-boy Ted Aclak dans le quotidien belge Vers l'Avenir, mais ses talents de dessinateur ne sont guère saisissants et une bonne âme lui conseille d'aller consulter Franquin - autant dire Dieu lui-même. À chaque entrevue, Franquin le félicite chaleureusement pour les progrès accomplis, tout en lui suggérant d'améliorer le nez, les oreilles, les pieds, et aussi le monsieur qu'on voit derrière. Récupérant sa page gribouillée du haut en bas, Greg hésite entre sauter de joie et se flinguer tout de suite. Pourtant, il progresse... En 1953, pour le magazine Héroïc-Albums, il crée Le Chat, une sorte de Batman dont il n'est pas spécialement fier, mais qui fait maintenant courir les collectionneurs. En 1954, le Journal Spirou publie ses aventures de Caddy («Le Temple aux Tigres»), puis de Dopy et Badino («La grande Corrida»). En 1955, il fonde le Journal de Paddy dont, sous divers pseudonymes, il est pratiquement l'unique rédacteur-dessinateur. Confronté à de sordides problèmes d'argent, le périodique ne vivra que 5 numéros. Il entre ensuite à l'agence International Press, où Goscinny et Uderzo viennent de se faire virer après avoir osé réclamer une augmentation... En 1957, tandis que pour le supplément «Junior» de La Libre Belgique, il conte entre autres les histoires de Fleurette et assure, après Uderzo, la reprise de Luc Junior créé par Sirius, Franquin lui confie l'invention de gags de Modeste et Pompon. (Pour la petite histoire, Goscinny a créé dans cette série le voisin Dubruit et Greg, le voisin Ducrin - lesquels ne se rencontrent jamais : on sait ainsi à qui appartient chaque gag, ce qui facilite la comptabilité...). En 1958, tout en écrivant pour Franquin quelques albums de Spirou et Fantasio, dont la fameuse série des Zorglub, Greg couvre l'Exposition universelle de Bruxelles et propose ses excédents d'information au Journal Tintin. Malgré sa totale ignorance du sujet, on lui confie une rubrique automobile et il devient ainsi l'un des collaborateurs réguliers de l'hebdomadaire des jeunes de 7 à 77 ans. En 1963, pour le magazine Vaillant (puis Pif-Gadget), il lance Les As et illustre leurs exploits (édités en albums chez Dargaud). C'est au Journal Tintin (dont il sera le rédacteur en chef et le grand rénovateur de 1964 à 1973) qu'il s'impose comme l'auteur le plus éclectique et le plus prolifique de la BD francophone : plus de 250 albums au total! En plus de ses propres publications comme auteur dessinateur, telles Rock Derby et Babiole et Zou, il produit des scénarios pour Tibet (Chick Bill, Les Peur-de-Rien), Cuvelier (Corentin, Flamme d'Argent, Line), Chéret (Domino), Aidans (Les Panthères), Mittéï (Rouly-la-Brise), Derib (Go West), Auclair (Les Naufragés d'Arroyoka), Fährer (Cobalt), Dupa (Chlorophylle), Turk et de Groot (Clifton), Maréchal (Prudence Petitpas) et bien d'autres... Pour Le Lombard, il écrit surtout 16 albums de Luc Orient pour Paape, 11 albums de Bruno Brazil pour Vance, 13 albums de Bernard Prince pour Hermann et 2 pour Dany, 10 albums de Comanche pour Hermann, 11 albums d'Olivier Rameau (sa série préférée) pour Dany... Sans oublier, bien sûr, les 42 albums publiés chez Dargaud consacrés aux états d'âme alambiqués d'Achille Talon qui, lui, est né dans Pilote de la façon suivante: en 1963, alors que Greg vient de reprendre (pour 5 albums) le Zig et Puce d'Alain Saint-Ogan, Goscinny lui téléphone. Il a besoin de gags en une page, susceptibles de sauter à la dernière minute pour laisser la place à une pub. C'est le genre de faveur qu'on ne peut demander qu'à un copain... Greg s'y colle et crée Achille Talon. Quelques mois plus tard, Goscinny le rappelle et lui dit en substance: «Depuis que ton imbécile est dans le journal, tout le courrier des lecteurs parle comme lui, maintenant tu as deux pages et quinze jours de retard.» C'est ainsi qu'Achille passa du statut peu enviable de bouche-trou à celui de star ! Dans le même temps, les Américains souhaitent lancer une série de télé-dessins animés dont le héros serait Tintin. Comme Hergé ne manie pas bien l'anglais, il demande à Greg de l'accompagner à la projection du film-pilote. La lumière s'éteint, un type avec un gros T sur son tee-shirt envahit l'écran et braille: «My name is Tintin» (prononcer Tine-Tine). Hergé dit sobrement «Coupez!» et exige un scénariste qui travaille pour lui. Voilà comment en 1969, pour les Studios Belvision à Bruxelles, Greg adapte Les Sept Boules de Cristal et Le Temple du Soleil en un seul long métrage d'animation, puis écrit le scénario original d'un second film de cinéma, Tintin et le Lac aux Requins, en 1971. Directeur littéraire aux éditions Dargaud depuis 1975, Greg s'installe à New York dans le but d'y promouvoir la bande dessinée européenne, en tant que responsable du bureau américain des éditions Dargaud. Il travaille aussi aux scénarios de quelques séries télévisées, en tant que spécialiste du «pittoresque» français vu de l'Amérique... Comme il lui reste du temps libre, il écrit six polars pour Le Fleuve Noir, où il mêle ce qu'il sait de la PJ et de la police new-yorkaise. Récompensé des prix internationaux les plus prestigieux pour ses diverses productions, lauréat du Grand Prix des Arts graphiques décerné à Angoulême en 1987 et consacré «Géant de la BD» en 1992 par la Chambre belge des Experts en Bande dessinée, Greg est par ailleurs promu Chevalier des Arts et Lettres par le ministre français de la Culture François Léotard en 1988, et Chevalier de l'Ordre de Léopold par le roi Baudouin Ier de Belgique la même année, puis Officier des Arts et Lettres en 1999 par la ministre Catherine Trautmann. En 1991, Greg entame la série Colby avec Michel Blanc-Dumont et relance Comanche avec Michel Rouge chez Dargaud. En 1992, Aidans illustre un 16e album de Bernard Prince pour les éditions Blanco et Paape met en images les aventures de Johnny Congo créées pour les éditions Lefrancq. En 1995, réédition de Zig et Puce chez Glénat. En 1993, le trentième anniversaire de son héros culte Achille Talon est l’occasion de nombreuses festivités à travers toute la France et la Belgique. Dès 1994, Le Lombard réédite ses prodigieuses aventures de Bernard Prince dessinées par Hermann et de Bruno Brazil dessinées par Vance. Greg revend les droits d’Achille Talon aux éditions Dargaud en 1997, la même année où Canal+ diffuse la série animée, dont Greg a écrit l’adaptation française. En janvier 1999, le festival d’Angoulême célèbre son talent en lui consacrant une exposition rétrospective, intitulée « ABCDEF… Greg ! ». Le mois suivant, Dialogue sans bulles paraît aux éditions Dargaud : un important recueil d’entretiens recueillis et illustrés par Benoît Mouchart. Greg est décédé le 29 octobre 1999. Texte et photo © Dargaud
Jean De Mesmaeker (Jidéhem)

Illustrateur de Spirou et Fantasio - L'intégrale (tome 7) : Le mythe Zorglub

André Franquin

Illustrateur de Spirou et Fantasio - L'intégrale (tome 7) : Le mythe Zorglub

Né le 3 janvier 1924, dans la commune d’Etterbeek (Belgique) André Franquin est un dessinateur et scénariste de bande dessinée belge, principalement connu pour la création des personnages du Marsupilami et de Gaston Lagaffe ainsi que pour son apport considérable à la série des Aventures de Spirou et Fantasio C’est en 1942, à la fin de ses études secondaires, que le jeune André Franquin débute son parcours de dessinateur. Il rejoint les bancs de l’école d’art Saint-Luc à Bruxelles, allant ainsi à l’encontre de la volonté de son père qui le destinait à une carrière d’ingénieur agronome. En 1944, André Franquin est invité par le dessinateur Eddy Paape (Marc Dacier, Luc Orient..) à rejoindre le studio d’animation Compagnie Belge d’Actualité (CBA). C’est dans ce studio qu’il fait la connaissance de deux futurs grands noms de la bande dessinée franco-belge : Morris (Lucky Luke) et Peyo (Les Schtroumpfs). Franquin intègre, en 1945, la rédaction du Journal de Spirou. Il s’y lie d’amitié avec le dessinateur Jijé, l’auteur vedette du journal, qui assure alors à la fois la réalisation des aventures de Jean Valhardi, que celles de Don Bosco et de Spirou et Fantasio (dont il a hérité du dessinateur français Rob Vel). Jijé prend Franquin sous son aile et l’invite à travailler chez lui, à son atelier, dans lequel évolueront plus tard les dessinateurs Morris et Will. En 1946, Jijé décide de se consacrer à la création d’une bande dessinée relatant la vie de Jésus. Un travail de longue haleine qui l’incite à se dégager de ses obligations pour le Journal de Spirou et à déléguer la réalisation de ses séries à ses jeunes assistants. C’est ainsi qu’André Franquin se voit confier, presque malgré lui, la reprise des Aventures de Spirou et Fantasio. La transition s’effectue subtilement dans l’histoire La Maison Préfabriquée (une histoire de Spirou entamée par Jijé et déjà prépubliée dans le journal) entre la 18e case (dessinée par Jijé) et la 19e (dessinée elle par Franquin). Pendant près d’une vingtaine d’années, le trait vif et nerveux d’André Franquin, ainsi que son imagination débordante lui permettent d’étoffer l’univers du petit groom et de donner à la série ses lettres de noblesse. Sous la plume de Franquin, Spirou et Fantasio voyagent ainsi aux quatre coins du globe, utilisent les derniers gadgets high-tech et font la connaissance d’une myriade de personnages secondaires tels que le fantasque Comte de Champignac, la malicieuse journaliste Secottine, le méchant cousin Zantafio, le clownesque génie du mal Zorglub et, bien sûr, l’incroyable Marsupilami, créature rencontrée dans l’album Spirou et les Héritiers (1952) et destinée à devenir l’un des plus iconiques personnages de bande dessinée. En 1955, un désaccord contractuel avec les éditions Dupuis pousse brièvement Franquin à rejoindre le Journal de Tintin. Il y crée les Aventures de Modeste de Pompon, une série humoristique sur le quotidien d’un jeune couple « moderne » qu’il continue à animer jusqu’en 1959. En 1957, Franquin (de retour dans le Journal de Spirou)  donne naissance à Gaston Lagaffe, avec la complicité de son ami, le scénariste et rédacteur Yvan Delporte. Personnage gaffeur et paresseux, aux antipodes des héros peuplant les pages du Journal de Spirou, Gaston Lagaffe, le héros sans emploi, séduit rapidement le lectorat du journal et permet à son auteur de laisser libre cours à son imagination fantasque. En 1961, André Franquin tombe en profonde dépression et interrompt pendant presque un an la prépublication du 18e album de Spirou et Fantasio : Qrn sur Bretzelburg. Se sentant à l’étroit, coincé avec des personnages ne lui appartenant pas, il abandonne définitivement l’univers de Spirou en 1967, après la réalisation de l’album Panade à Champignac. Libéré de ses engagements sur Spirou et Fantasio, Franquin peut se consacrer pleinement à Gaston Lagaffe dont il développe allégrement l’univers et les personnages (Prunelle, M’oiselle Jeanne, l’Agent Longtarin, etc.). Durant cette période, la personnalité de Gaston Lagaffe change radicalement, Franquin métamorphosant son doux fainéant en un inventeur créatif, farfelu, pacifique et résolument humaniste… un personnage un peu à l’image de son auteur. En parallèle à son travail sur Gaston Lagaffe, André Franquin développe ses talents de scénariste sur  la série Isabelle (dessinée par Will et co-scénarisée par Delporte et Macherot) ainsi que sur les Démélés d’Arnest Ringard et de la Taupe Augraphie (avec Delporte et le jeune dessinateur Frédéric Jannin) série humoristique truffée de calembours et de contrepèteries dont Franquin est friand. L’année 1977 marque un véritablement tournant dans l’œuvre d’André Franquin. Lassé par la ligne éditoriale trop « sage » du Journal de Spirou, il crée, de nouveau avec Yvan Delporte, le Trombone Illustré, un supplément de bande dessinée  indépendant au journal. Dans cette éphémère publication (elle n’existera que quelques mois) Franquin, Delporte et d’autres (Gotlib, Bretécher, Wasterlain, Jannin…) expérimentent un humour résolument plus adulte et « mauvais esprit ».  C’est d’ailleurs dans les pages du Trombone Illustré que Franquin s’autorise à  laisser transparaître une part plus sombre de sa personnalité en créant les Idées Noires, une série de bande dessinée en noir et blanc dont l’humour cynique égratigne allégrement les facettes les plus bêtes et méchantes de la psychologie humaine. À l’arrêt du Trombone, les planches des Idées Noires sont reprises et éditées en albums aux éditions Fluide Glacial. En 1984, convaincu par l’entrepreneur monégasque Jean-François Moyersoen, André Franquin accepte de dédier une série de bande dessinée au Marsupilami, personnage dont il avait conservé les droits de reproduction après s’être désinvesti des aventures de Spirou. Scénarisées par Greg (puis par Yann) et dessinées par Batem (alors l’assistant de Franquin), les premières Aventures du Marsupilami (éditions Marsu Productions) rencontrent un franc succès populaire, non démenti encore de nos jours. André Franquin s’éteint à Saint-Laurent-du-Var, le 5 janvier 1997, quelques semaines après la publication du quinzième et dernier album de Gaston Lagaffe. La qualité de son trait, la finesse de son humour et la sensibilité générale de son œuvre ont laissé une empreinte indéniable dans le paysage de la bande dessinée franco-belge.
André Franquin

Auteur et illustrateur de Spirou et Fantasio - L'intégrale (tome 7) : Le mythe Zorglub

Né le 3 janvier 1924, dans la commune d’Etterbeek (Belgique) André Franquin est un dessinateur et scénariste de bande dessinée belge, principalement connu pour la création des personnages du Marsupilami et de Gaston Lagaffe ainsi que pour son apport considérable à la série des Aventures de Spirou et Fantasio C’est en 1942, à la fin de ses études secondaires, que le jeune André Franquin débute son parcours de dessinateur. Il rejoint les bancs de l’école d’art Saint-Luc à Bruxelles, allant ainsi à l’encontre de la volonté de son père qui le destinait à une carrière d’ingénieur agronome. En 1944, André Franquin est invité par le dessinateur Eddy Paape (Marc Dacier, Luc Orient..) à rejoindre le studio d’animation Compagnie Belge d’Actualité (CBA). C’est dans ce studio qu’il fait la connaissance de deux futurs grands noms de la bande dessinée franco-belge : Morris (Lucky Luke) et Peyo (Les Schtroumpfs). Franquin intègre, en 1945, la rédaction du Journal de Spirou. Il s’y lie d’amitié avec le dessinateur Jijé, l’auteur vedette du journal, qui assure alors à la fois la réalisation des aventures de Jean Valhardi, que celles de Don Bosco et de Spirou et Fantasio (dont il a hérité du dessinateur français Rob Vel). Jijé prend Franquin sous son aile et l’invite à travailler chez lui, à son atelier, dans lequel évolueront plus tard les dessinateurs Morris et Will. En 1946, Jijé décide de se consacrer à la création d’une bande dessinée relatant la vie de Jésus. Un travail de longue haleine qui l’incite à se dégager de ses obligations pour le Journal de Spirou et à déléguer la réalisation de ses séries à ses jeunes assistants. C’est ainsi qu’André Franquin se voit confier, presque malgré lui, la reprise des Aventures de Spirou et Fantasio. La transition s’effectue subtilement dans l’histoire La Maison Préfabriquée (une histoire de Spirou entamée par Jijé et déjà prépubliée dans le journal) entre la 18e case (dessinée par Jijé) et la 19e (dessinée elle par Franquin). Pendant près d’une vingtaine d’années, le trait vif et nerveux d’André Franquin, ainsi que son imagination débordante lui permettent d’étoffer l’univers du petit groom et de donner à la série ses lettres de noblesse. Sous la plume de Franquin, Spirou et Fantasio voyagent ainsi aux quatre coins du globe, utilisent les derniers gadgets high-tech et font la connaissance d’une myriade de personnages secondaires tels que le fantasque Comte de Champignac, la malicieuse journaliste Secottine, le méchant cousin Zantafio, le clownesque génie du mal Zorglub et, bien sûr, l’incroyable Marsupilami, créature rencontrée dans l’album Spirou et les Héritiers (1952) et destinée à devenir l’un des plus iconiques personnages de bande dessinée. En 1955, un désaccord contractuel avec les éditions Dupuis pousse brièvement Franquin à rejoindre le Journal de Tintin. Il y crée les Aventures de Modeste de Pompon, une série humoristique sur le quotidien d’un jeune couple « moderne » qu’il continue à animer jusqu’en 1959. En 1957, Franquin (de retour dans le Journal de Spirou)  donne naissance à Gaston Lagaffe, avec la complicité de son ami, le scénariste et rédacteur Yvan Delporte. Personnage gaffeur et paresseux, aux antipodes des héros peuplant les pages du Journal de Spirou, Gaston Lagaffe, le héros sans emploi, séduit rapidement le lectorat du journal et permet à son auteur de laisser libre cours à son imagination fantasque. En 1961, André Franquin tombe en profonde dépression et interrompt pendant presque un an la prépublication du 18e album de Spirou et Fantasio : Qrn sur Bretzelburg. Se sentant à l’étroit, coincé avec des personnages ne lui appartenant pas, il abandonne définitivement l’univers de Spirou en 1967, après la réalisation de l’album Panade à Champignac. Libéré de ses engagements sur Spirou et Fantasio, Franquin peut se consacrer pleinement à Gaston Lagaffe dont il développe allégrement l’univers et les personnages (Prunelle, M’oiselle Jeanne, l’Agent Longtarin, etc.). Durant cette période, la personnalité de Gaston Lagaffe change radicalement, Franquin métamorphosant son doux fainéant en un inventeur créatif, farfelu, pacifique et résolument humaniste… un personnage un peu à l’image de son auteur. En parallèle à son travail sur Gaston Lagaffe, André Franquin développe ses talents de scénariste sur  la série Isabelle (dessinée par Will et co-scénarisée par Delporte et Macherot) ainsi que sur les Démélés d’Arnest Ringard et de la Taupe Augraphie (avec Delporte et le jeune dessinateur Frédéric Jannin) série humoristique truffée de calembours et de contrepèteries dont Franquin est friand. L’année 1977 marque un véritablement tournant dans l’œuvre d’André Franquin. Lassé par la ligne éditoriale trop « sage » du Journal de Spirou, il crée, de nouveau avec Yvan Delporte, le Trombone Illustré, un supplément de bande dessinée  indépendant au journal. Dans cette éphémère publication (elle n’existera que quelques mois) Franquin, Delporte et d’autres (Gotlib, Bretécher, Wasterlain, Jannin…) expérimentent un humour résolument plus adulte et « mauvais esprit ».  C’est d’ailleurs dans les pages du Trombone Illustré que Franquin s’autorise à  laisser transparaître une part plus sombre de sa personnalité en créant les Idées Noires, une série de bande dessinée en noir et blanc dont l’humour cynique égratigne allégrement les facettes les plus bêtes et méchantes de la psychologie humaine. À l’arrêt du Trombone, les planches des Idées Noires sont reprises et éditées en albums aux éditions Fluide Glacial. En 1984, convaincu par l’entrepreneur monégasque Jean-François Moyersoen, André Franquin accepte de dédier une série de bande dessinée au Marsupilami, personnage dont il avait conservé les droits de reproduction après s’être désinvesti des aventures de Spirou. Scénarisées par Greg (puis par Yann) et dessinées par Batem (alors l’assistant de Franquin), les premières Aventures du Marsupilami (éditions Marsu Productions) rencontrent un franc succès populaire, non démenti encore de nos jours. André Franquin s’éteint à Saint-Laurent-du-Var, le 5 janvier 1997, quelques semaines après la publication du quinzième et dernier album de Gaston Lagaffe. La qualité de son trait, la finesse de son humour et la sensibilité générale de son œuvre ont laissé une empreinte indéniable dans le paysage de la bande dessinée franco-belge.
Jean De Mesmaeker (Jidéhem)

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